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Ça n'a pas de maudit bon sens

durée 18h00
19 février 2024
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

Au cours de la semaine dernière, tant à Ottawa qu’à Québec, nous avons pu constater à quel point certains élus se moquent des contribuables qui paient des impôts et des taxes.

Pendant que le gouvernement fédéral était pris à partie pour avoir versé des centaines de millions de dollars en contrats à une mini-entreprise, à Québec, la Présidente de l’Assemblée nationale refusait de fournir les détails de ses dépenses.

Un rapport dévastateur

Lundi dernier, la Vérificatrice générale du Canada, Karen Hogan, dans un rapport d’une trentaine de pages, reprochait à divers ministères et organismes d’avoir attribué quelque 140 contrats d’une valeur de 258 millions de dollars (258 M$) à CG Strategies depuis 2015, soit depuis l’arrivée au pouvoir du Gouvernement libéral de Justin Trudeau.

De ces 140 contrats, 46 ont été accordés sans appel d’offre. Quant à l’entreprise CG Strategies, elle ne comptait que deux employés et ses bureaux se trouvaient dans le sous-sol d’un bungalow à Ottawa.

Plusieurs de ces contrats concernaient la réalisation de l’application «Arrive Can» utilisée pour accueillir les gens qui entrent au Canada. À la base, ce projet avait été évalué à 80 000 $. Finalement, il aura coûté 59 M$, soit 744 fois plus que prévu. Et, tout au long du processus, personne n’a jugé bon de s’interroger à savoir pourquoi une telle augmentation.


Dans son rapport, Madame Hogan écrit : «C’est probablement l’une des pires tenues de registres financiers que j’ai jamais vues.» Et pourtant, durant ses 17 années au service du Vérificateur général du Canada, Karen Hogan en a vu des tenues de registres. Elle ajoutait même que l’évaluation des coûts à 59 M$ pourrait être plus élevée puisqu’il est pratiquement impossible de relever l’ensemble des paiements faits à CG Strategies.

Et, comme si cela n’était pas suffisant, tout indique que CG Strategies n’effectuait pas elle-même le travail. Elle le refilait à d’autres entreprises et se gardait une commission variant de 15 à 30 %. Finalement, CG Strategies n’était qu’un entremetteur.

Dans le cas du contrat relié à l’application «Arrive Can», il a été modifié à la hausse 177 fois en 30 mois, encore là, sans que personne ne pose des questions. Le rapport de la Vérificatrice générale révèle que 18 % des factures ne contenaient pas suffisamment de renseignements justifiant leur paiement. Cela «…démontre un non-respect flagrant des pratiques de gestion élémentaire» d’ajouter Madame Hogan.

Les deux ministres envoyés au front pour commenter ce rapport dévastateur pour le Gouvernement Trudeau, Dominic Leblanc et Jean-Yves Duclos, se sont contentés de constater que les règles n’avaient pas été suivies. 

Quelle sera la suite? Quelqu’un sera-t-il blâmé pour cette incurie? Y a-t-il eu corruption? Autant de questions que nous sommes à même de nous poser en tant que contribuables, mais qui risquent fort de demeurer sans réponses.

Cela me rappelle le cas du système de paye des fonctionnaires fédéraux, Phénix, amorcé sous le Gouvernement de Stephen Harper et qui, dix ans plus tard, n’est pas encore à point. Ce système devait permettre d’économiser 70 M$ et, à date il a coûté plus de 2 G$. Durant toutes ces années, des employés de l’État n’ont pas reçu leur salaire, ont reçu un salaire moins ou plus élevé que prévu, ont fait faillite, certains perdant même leur maison.

Quand je prends connaissance de ces situations de mauvaise gestion, je ne puis faire autrement que de me demander : y a-t-il un pilote dans l’avion à Ottawa? C’est de notre argent dont il est question.

Pierre Poilièvre doit être mort de rire.

Transparence mon œil!

Pendant ce temps, à l’Assemblée nationale à Québec, la présidente, Nathalie Roy, a décidé qu’elle était au-dessus des autres parlementaires en refusant de fournir le détail de ses dépenses. 

Pourtant, suite à son élection à ce poste en novembre 2022, elle s’y étai engagée, disant vouloir poursuivre la façon de faire de son prédécesseur, François Paradis, qui n’hésitait pas à fournir un compte-rendu détaillé de toutes ses dépenses. 

François Paradis avait choisi la transparence totale suite aux abus de son prédécesseur libéral, Jacques Chagnon, qui menait un train de vie princier à titre de Président de l’Assemblée nationale en s’offrant des repas gastronomiques accompagnés de grands vins fort dispendieux.

Suite à une demande du Bureau d’enquête de Québecor, Nathalie Roy s’est contentée de fournir un montant global de ses dépenses, refusant de fournir les détails. «Je n’ai rien à cacher. C’est l’argent des citoyens» déclarait Madame Roy.

Eh bien, Madame Roy, si vous n’avez rien à cacher, pourquoi ne pas fournir aux citoyens le détail de vos dépenses avec leur argent?

Madame Roy, on ne vous demande pas de recevoir vos invités chez Ashton et de leur servir de la piquette, mais je crois qu’il serait légitime, qu’en tant que contribuables qui vous confient la gestion de fonds publics, vous nous permettiez de voir quel usage vous faites de cet argent.

Après tout, c’est de notre argent dont il est question.

Il importe de préciser que, depuis 2019, tous les élus de l’Assemblée nationale sont tenus de fournir un compte-rendu détaillé de toutes leurs dépenses. Pourquoi ce serait différent pour la Présidence de l’Assemblée nationale?

Au fédéral comme au provincial, certains élus semblent oublier qu’ils sont à notre service et que c’est nous qui les payons.

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Pensée de la semaine

Encore cette semaine, je nous dédie, à toutes et tous, la pensée de la semaine :

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