Traitement choc à venir
Pier Dutil
À part l’accession du Député de Beauce-Sud, Samuel Poulin, au Conseil des ministres, le remaniement ministériel annoncé mercredi dernier par François Legault me donne bien peu d’occasions de me réjouir.
Une nomination méritée
La nomination de Samuel Poulin à titre de ministre responsable de la Jeunesse et ministre délégué à l’Économie et aux Petites et Moyennes Entreprises est pleinement méritée.
Si l’on met de côté la partisanerie politique, on se doit de reconnaître que le Député de Beauce-Sud ne ménage pas ses efforts pour faire entendre à Québec la voix des Beaucerons et que son comté a largement bénéficié de ses efforts.
Si j’en arrive à cette affirmation, ce n’est pas par simple opinion personnelle. Non, j’en prends à témoin l’ensemble des Députés de l’Assemblée nationale, tous partis confondus, qui, dans le cadre d’un sondage annuel réalisé par La Presse, ont attribué à Samuel Poulin le titre de «Meilleur représentant de sa circonscription», cela au cours des deux dernières années.
Cet honneur ne provient pas des membres de son parti, de ses partisans. J’insiste pour préciser que cette appréciation de son travail provient des Députés de tous les partis. Ce n’est pas rien.
Ses opposants dans le comté ne se gêneront pas pour affirmer que Samuel Poulin n’a pas été nommé à un poste clé du Cabinet, mais, en toute honnêteté, nous nous devons de reconnaître qu’il a maintenant sa place autour de la grande table et qu’il aura l’opportunité d’intervenir et même d’influencer la prise de grandes décisions au sein de son Gouvernement.
Depuis les années 60, à part Samuel Poulin, seulement deux élus beaucerons ont accédé au Conseil des ministres : Adrien Ouellettte et Robert Dutil.
Qu’ils l’avouent ou non, tous les Députés siégeant au sein du parti au pouvoir rêvent d’accéder au Conseil des ministres, peu importe l’importance du ministère que le premier ministre voudrait bien leur confier.
Pour Samuel Poulin, c’est mission accomplie. À lui maintenant de profiter de cette opportunité et d’en faire bénéficier les citoyens beaucerons et québécois.
Des promesses recyclées
Une fois assumée ma réjouissance suite à l’arrivée de Samuel Poulin au Conseil des ministres, le nouveau Cabinet ne m’inspire pas tellement confiance pour modifier le climat politique actuel qui prévaut au Québec.
À part l’arrivée de cinq nouvelles recrues, le départ volontaire de quelques-uns et l’éviction cruelle et ingrate de François Bonnardel, nous avons eu droit à un jeu de chaises musicales entre certains ministres et au maintien en place de certains joueurs clés.
Dans son exposé suivant la présentation de son Conseil des ministres, François Legault a utilisé certaines expressions marquantes pour nous convaincre de ses bonnes intentions. C’est ainsi qu’il a parlé d’un «traitement choc», de «couper profondément» dans la fonction publique et la bureaucratie qui est devenue une véritable «camisole de force» au sein des divers ministères.
Il est vrai que ces expressions peuvent faire image et nous inspirer confiance, mais, car il y a un mais important, ces promesses faisaient déjà partie du programme de la CAQ lors de son arrivée au pouvoir en 2018. En ramenant ces promesses à l’avant-scène, François Legault reconnaît ne pas les avoir respectées au cours de ses sept années au pouvoir.
Pourquoi devrais-je lui faire confiance maintenant?
Un air de fin de règne
Le récent remaniement ministériel, à un an de la fin du mandat prévu du Gouvernement Legault le 5 octobre 2026, est une tentative de rebrasser les cartes dans le but de freiner la chute de la CAQ dans les sondages.
Élu en 2022 avec 90 Députés et 41 % des votes, François Legault donnait l’impression de marcher sur les eaux. Pourtant, à peine trois ans plus tard, la CAQ est à la traîne dans les sondages, ne récoltant qu’entre 15 à 17 % des intentions de vote. Et, comble de malheur pour François Legault, si des élections générales avaient lieu aujourd’hui, le CAQ se retrouverait avec aucun Député à l’Assemblée nationale. Toute une débarque!
Au cours de son deuxième mandat, François Legault a joué au yoyo dans plusieurs dossiers, dont celui du 3e lien entre Lévis et Québec qui a pris l’allure d’une vraie farce, mais, je dois l’avouer, une farce qui n’avait rien de drôle.
De plus, les investissements pharaoniques consentis au secteur des batteries n’ont pas donné les résultats escomptés. Sous le règne de Pierre Fitzgibbon, François Legault semblait lui avoir cédé les cordons de la bourse. On a mis presque tous les œufs de l’État dans ce même panier, pénalisant d’autres secteurs déjà existants et performants qui auraient eu besoin d’un petit coup de pouce pour continuer leur développement.
Quand François Legault parle aujourd’hui de réduire la bureaucratie et le nombre de fonctionnaires, j’ai envie de lui demander comment il explique que, depuis son arrivée au pouvoir, le Québec compte 10 200 fonctionnaires équivalents à temps complet de plus au sein de la fonction publique.
Le Gouvernement Legault a également mis en place de nouvelles agences, comme l’Agence Santé, créant ainsi une nouvelle structure. Malgré cette délégation de pouvoirs, nous n’avons pas assisté à la diminution de certains postes d’administration au ministère de la Santé.
Que François Legault rêve de se déguiser en Elon Musk muni d’une scie mécanique pour «couper profondément» dans la fonction publique, j’attendrai de voir les résultats avant de me réjouir car, si le passé est garant de l’avenir, les promesses de François Legault me laissent sceptiques.
Le «traitement choc» promis par François Legault, ce n’est pas le Gouvernement québécois qui risque de le subir, c’est plutôt la CAQ. Réponses à venir dans un peu plus de 12 mois.
Courage
Il ne reste que 1 232 jours au mandat de Donald Trump.
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Pensée de la semaine
Je dédie la pensée de la semaine à François Legault :
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