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Vous souvenez-vous de l'abbé Alfred Quirion, assassiné en 1955 ?

durée 05h00
21 mai 2023
duréeTemps de lecture 140 minutes
Par
Pierre Morin

LA SOCIÉTÉ HISTORIQUE SARTIGAN

Le 9 janvier 1955, sur la route transcanadienne, à Brandon au Manitoba, on découvrit le corps d'un prêtre étendu dans sa voiture, transpercé de trois balles. Il s'agissait de l'abbé Alfred Quirion originaire de Saint-Georges et curé de la paroisse de St-Édouard dans le diocèse de St-Paul en Alberta. Il n'avait que 44 ans (photo 1). Ce prêtre était l'incarnation même de la charité et il n'hésitait pas à se dépouiller au profit des pauvres et des indigents. 

D'un bout à l'autre du Canada, l'opinion s'est émue. Son assassinat provoqua le chagrin et l'indignation de millions de Canadiens, surtout quand on apprit que le meurtre avait été perpétré par trois adolescents qui faisaient de l'auto-stop, que la victime avait fait monter dans sa voiture (vois l'article de journal publié à l'époque, photo 2). L'abbé Quirion avait en quelque sorte couru après sa mort en voulant faire acte de charité. Son archevêque Mgr Baudoux déclara, au moment de son service funèbre: «C'est une perte irréparable du fait que cette dépouille mortelle est celle d'un prêtre d'une qualité exceptionnelle». Les responsables de ce crime odieux furent arrêtés sans retard, jugés et condamnés à mort. Toutefois, sur les instances du père de la victime lui-même et de nombreux autres citoyens, cette peine fut commuée en détention à vie.

Un monument fut dressé à la mémoire de l'abbé Alfred Quirion au cimetière de St-Édouard (photo 3). La personne qu'on voit à gauche est M. Maurice Poulin (Ernest) et l'autre est M. Benoit Veilleux, tous deux de Saint-Georges.

L'abbé Quirion, né en 1910, était le fils d'Olivier Quirion et de Flavie Loubier. Il était l'un des plus jeunes de cette famille de douze enfants. Comment un beauceron, devenu prêtre au Québec en 1938, s'est-il retrouvé en Alberta dans les années '50? En fait, sa mission était de recruter des cultivateurs québécois et les convaincre d'aller s'établir dans l'Ouest canadien afin de peupler ce large territoire. Grâce à ses voyages au Québec, dix-sept familles l’ont suivi en Alberta en deux ans. Il a eu particulièrement du succès en Beauce. Son frère Adolphe l’a suivi avec sa famille ainsi que sa sœur Anna et son mari Sévère Champagne. Ces derniers étaient les père et mère de Gérard Champagne, fondateur du restaurant Chez Gérard. 

Je me souviens avoir vu de mes yeux vers 1954 l'abbé Quirion en visite chez sa soeur Anna et son beau-frère Sévère qui résidaient alors au coin sud-est de la rue Pozer (13e rue) et du boulevard Dionne, en face de la résidence de mes parents; c'était à l'époque de leur départ pour l'Alberta. Ma mère avait été très impressionnée de voir en personne ce prêtre renommé. Ce fut une surprise totale d'apprendre son assassinat en Alberta l'année suivante. Ses funérailles ont eu lieu le vendredi 15 janvier 1955 dans la cathédrale remplie à craquer de St-Paul en Alberta, où sa soeur Anna a eu le privilège de prononcer un hommage émouvant à l'égard de son frère. Quelle triste histoire. 

Recherches de Jean-Nicol Dubé et Pierre Morin. Texte de Pierre Morin.

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Fondée en 1992, la Société Historique Sartigan est un organisme à but non-lucratif, financé par les dons, dont la mission est la protection, l'interprétation, la valorisation et la diffusion du patrimoine de Saint-Georges et de ses environs.

 


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