Saviez-vous que Ludger Dionne fut l’un des fondateurs de la St-Georges Shoe en 1932? Peu après, sur les instances du curé Beaudoin qui souhaite qu’on crée d’autres emplois pour les géorgiens et géorgiennes, Dionne se rend aux USA en 1940 pour s’informer sur les meilleures techniques pour créer une usine de fabrication de coton à fromage. Un expert américain le dissuade de se lancer en ce domaine déjà saturé et le convainc plutôt d’innover en fabriquant une nouvelle fibre artificielle, soit du fil de rayonne synthétique. Dionne réussit à engager cet expert James Adams et revient à Saint-Georges pour réaliser son projet. C’est dans un champ situé derrière l’église que commencent les travaux d’excavation. C’est un bâtiment de trois étages de 50 pieds de large par 280 de long (photo 1) qui ouvre en 1941. Il acheta pour 10,000$ les machineries requises à New Bedford Mass. et celles-ci furent transportées à Saint-Georges à bord de 52 wagons de chemin de fer. Après des débuts difficiles, l’entreprise se développa avec une rapidité prodigieuse, comportant 25000 fuseaux et fabriquant 10000 livres de soie par jour. On dut agrandir l’édifice à deux reprises dont le premier pour l’installation de nouvelles machineries en 1945 vers le nord, portant ses dimensions 130 pieds de large sur 280 pieds de long (photo 2). Puis un autre en 1947 pour le département de teinture, annexe de 72 pieds sur 150 pieds. Le nombre d’employé(e)s monta jusqu’à près de 500 et, manquant de personnel en Beauce, M. Dionne fut contraint d’aller chercher 100 ouvrières en Europe, principalement des Polonaises au nombre de 93, les autres étant des Hongroises, Lituaniennes et Ukrainiennes. En été plusieurs ouvrières sortaient dehors pour prendre l’air (photo 3). Quand on passait à proximité dans la 20e rue, on entendait le ronronnement des machineries et on sentait l’odeur de la fibre. Cette industrie recevait régulièrement des visiteurs attirés par les succès d’une aussi importante entreprise et désireux de voir ses installations (photo 4). Cette jeune ouvrière polonaise qu’on voit à l’oeuvre à la 5e photo est-elle ce qu’on appelait une fileuse, puisqu’elle semble alimenter un appareil fonctionnant avec des fuseaux de fil? À la Société Historique Sartigan, nous avons la chance de posséder encore de superbes photos de certaines de ces impressionnantes machines (photos 6 à 11, vers 1952). Après le décès de Ludger en 1962, son neveu Jean-Guy prit la relève avec succès. On fêta en 1967 le 25e anniversaire de la fondation (photo 12). Après 49 ans d’opération, la compagnie fut vendue en 1990. En raison de la mondialisation, Cavalier Textile ferma ses portes et l’usine fut démolie à l’été 2004. Aujourd’hui, c’est le site du Marché IGA Rodrigue et filles. Souvenir impérissable pour ceux et celles qui y ont travaillé.
Toutes les photos sont du fonds Claude Loubier, sauf la 3e, courtoisie de Louise Bérubé et Paulin Poirier. Texte et recherches de Pierre Morin.
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