Pier Dutil
Une chatte n'y reconnaîtrait pas ses chatons

Par Pier Dutil
Si un citoyen du Québec s’était endormi en janvier dernier et ne devait se réveiller qu’un an plus tard, il ne reconnaîtrait probablement pas le portrait politique québécois en pleine mutation.
PLQ-Après avoir subi toute une rebuffade à l’élection du 3 octobre 2022, ne faisant élire que 21 Députées. Tous & toutes regroupées dans les régions de Montréal et de l’Outaouais, le Parti Libéral du Québec (PLQ) a connu des jours sombres.
La démission de Dominique Anglade a ouvert la porte à une course à la chefferie que l’on a mis du temps à déclencher.
Et une fois la course officiellement ouverte, on ne se bousculait pas au portillon. Finalement, cinq candidats se sont lancés dans la course, dont un Beauceron, Mario Roy. Les candidatures de Charles Milliard et de Marc Bélanger demeuraient relativement peu connues. Il aura fallu l’arrivée de Pablo Rodriguez pour que les choses s’activent. Finalement, Karl Blackburn est apparu à peine neuf semaines avant la fin de la course. À signaler qu’aucune femme n’était en lice
Quant à la candidature de Pablo Rodriguez, elle est survenue au moment où le Parti Libéral du Canada (PLC), sous la direction de Justin Trudeau, était sur une pente descendante. Si Pablo Rodriguez avait su que Trudeau quitterait et que Mark Carney lui succéderait, aurait-il fait le saut au provincial? On ne le saura jamais.
Samedi dernier, Pablo Rodriguez est devenu chef du PLQ, l’emportant au deuxième tour avec 52,3 % des votes.
À 15 mois de la prochaine élection générale prévue en octobre 2026, Pablo Rodriguez ne sera pas présent à l’Assemblée nationale, ce qui lui permettra de ratisser le Québec pour tenter de convaincre les électeurs de revenir au PLQ, ce qui représentera tout un défi.
Même si, sous sa direction, les sondages indiquent une certaine remontée du PLQ dans les intentions de vote des Québécois, le parti demeure à seulement 10 % dans les intentions de vote des francophones.
La course à la chefferie n’aura permis qu’à recruter seulement 5 000 nouveaux membres pour un total de 20 000. Et, de ce nombre, seulement 70 % ont exercé leurs droits de vote. Cela laisse 30 % des membres qui n’ont pas cru bon de participer au choix de leur nouveau chef. Ça demeure fragile.
De plus, si Pablo Rodriguez a eu la partie passablement facile tout au long de la course à la chefferie du PLQ, la situation sera fort différente lors de la prochaine campagne électorale au cours de laquelle ses adversaires ne manqueront pas de l’associer au parti libéral fédéral et à son lourd bilan financier sous la direction de Justin Trudeau dont M. Rodriguez était le porte-parole au Québec.
Cependant, il faut l’admettre, les chances du PLQ avec Pablo Rodriguez à sa direction sont meilleures qu’elles l’étaient il y a quelques mois.
CAQ
Après avoir fait élire 90 Députés.es le 3 octobre 2022, la CAQ, dirigée par François Legault, risque de se retrouver dans les bas- fonds, avec moins de 10 élus. Que s’est-il passé pour que le parti subisse une telle débandade?
Les causes sont multiples, mais les nombreux changements de cap de François Legault dans plusieurs dossiers ont donné l’impression que la CAQ n’avait pas de plan global, gouvernait à la petite semaine, se contentant de réagir plutôt que d’agir.
Le cas du fameux 3e lien entre Lévis et Québec est typique de ces changements de cap. Un jour on a droit à un super tunnel double autoroutier, un autre jour il n’y a plus qu’un tunnel simple pour le transport public. Il y a même eu un moment où le 3e lien était abandonné. Et voilà que le projet renaît de ses cendres et prend la forme d’un pont à l’est de Québec.
Et, finalement, la semaine dernière, la ministre des Transports, Geneviève Guilbault, sort de son chapeau un tout nouveau projet à l’ouest dans lequel on retrouve un pont ET un tunnel. On ne précise aucun échéancier, ni aucun budget. Ça sent l’improvisation à plein nez. On est encore loin de l’arrivée d’une «pépine» sur un éventuel chantier.
De son côté, François Legault affirme qu’il sera toujours à la direction de la CAQ lors du prochain scrutin. Justin Trudeau prétendait la même chose il y a quelques mois seulement et on connaît la suite de l’histoire.
QS
Rien ne va plus au sein du parti de gauche québécois, Québec solidaire.
Avec un résultat mitigé à l’élection de 2022, QS ne faisant élire que 11 Députés.es, tout semble problématique au sein de ce parti.
Après le retrait de Manon Massé comme co-porte-parole du parti, l’élection et le départ fracassant d’Émilise Lessard-Therrien, le brûlot de Catherine Dorion et le brasse-camarade lors d’un congrès du parti où le leadership de Gabriel Nadeau-Dubois est contesté, on aurait souhaité un peu de répit.
Mais voilà qu’au retour de Nadeau-Dubois de son congé de paternité, celui-ci annonce qu’il se retirera de la politique à la fin de son mandat. Peu de temps après, c’est au tour de la Députée de Sherbrooke, Christine Labrie, de faire part de son retrait, elle aussi.
Chez QS, la porte de sortie semble plus utilisée que la porte d’entrée, ce qui ne laisse présager rien de bon pour le prochain scrutin.
PCQ
Le Parti Conservateur du Québec (PCQ) est toujours sans Député à l’Assemblée nationale. Son chef, Éric Duhaime, tentera sa chance dans Arthabaska lors d’une élection partielle à venir à l’automne, mais rien n’est gagné d’avance.
Le parti connaît un certain succès dans les intentions de vote des électeurs des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches, mais cela demeure tout de même marginal.
PQ
Sous la direction de Paul St-Pierre-Plamondon, le PQ continue de trôner en tête des sondages. Le parti peut se réjouir de ses victoires dans Jean-Talon et Terrebonne lors d’élections partielles.
Mais, son engagement de tenir un référendum sur la souveraineté du Québec dans un premier mandat pourrait hypothéquer ses chances.
Quand je me rappelle le sort du Parti Conservateur du Canada qui trônait en tête des sondages à peine quelques mois avant l’élection générale et le sort que lui a réservé l’électorat canadien, je me dis que les dirigeants du PQ ne devraient rien prendre pour acquis.
À 15 mois du prochain scrutin, tout est possible.
Courage
Il ne reste que 1 323 jours au mandat de Donald Trump.
Visionnez tous les textes de Pier Dutil
Pensée de la semaine
Je dédie la pensée de la semaine aux électrices et aux électeurs du Québec :
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.