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Pier Dutil

Des médecins qui abusent (2)

durée 18h00
20 octobre 2025
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Par Pier Dutil

Des membres de la Fédération des Médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ) et de la Fédération des Médecins spécialistes du Québec (FMSQ) ont jeté un nouveau pavé dans la mare la semaine dernière en s’en prenant au Président du Collège des Médecins du Québec (CMQ), le Dr Mauril Gaudreault, réclamant un vote de blâme.

Quel crime le Dr Gaudreault avait-il pu commettre pour soulever une telle grogne de la part de professionnels de la santé qui, même s’ils se disent débordés, ont jugé bon de prendre de leur précieux temps pour organiser une rencontre et y assister?

Le Dr Gaudreault avait osé demander aux médecins de cesser d’utiliser des moyens de pression, lesquels, selon lui, allaient à l’encontre de leur Code de déontologie. 

Un rappel important

Dans le cas qui nous concerne ici, il importe de rappeler certains faits.

Le Gouvernement du Québec se propose d’adopter le projet de loi 106 qui vise, entre autres choses, à lier une partie (15 %) de la rémunération des médecins à des indicateurs de performance. 

Tant la FMOQ que la FMSQ s’y opposent fermement.

Face à la position qualifiée d’intransigeante du Gouvernement par les fédérations médicales, j’aimerais rappeler aux médecins que le Gouvernement a diminué de 25 à 15 % la partie de la rémunération des médecins concernée par les indicateurs de performance.

Pour manifester leur opposition, les fédérations médicales ont suggéré l’utilisation de moyens de pression, dont l’arrêt de la participation à l’enseignement universitaire aux futurs médecins.

Parmi les impacts de cette mesure de pression figure la mise en péril de la dernière session de futurs médecins qui ne pourront obtenir leur diplôme et ainsi entreprendre la pratique de leur profession en accueillant des milliers de patients présentement orphelins de médecins de famille.

Le rôle du Dr Gaudreault

À titre de Président du CMQ, un organisme qui regroupe 22 855 médecins, Mauril Gaudreault doit s’assurer du respect de la mission de l’organisme. Et cette mission, elle se lit ainsi : «Protéger le public en veillant à une médecine de qualité.»

Vous avez bien lu, «protéger le public» et non pas protéger les médecins.

Lors de son intervention le Dr Gaudreault a demandé aux médecins de mettre fin à leurs moyens de pression, invoquant l’article 13 de leur Code de déontologie qui interdit de «… participer à une action concertée de nature à mettre en danger la santé ou la sécurité d’une clientèle ou d’une population.»

Évidemment, à partir de là, on peut tomber dans les avocasseries, les interprétations prétendant que les moyens de pression utilisés ne mettent pas en danger la santé et la sécurité de la population.

Mais, à la base, un moyen de pression veut nuire à quelqu’un. Or, en retardant l’entrée en fonction de plusieurs centaines de nouveaux médecins pour servir la population, il devient évident que l’on nuit à la population. Pas besoin d’un doctorat en droit pour comprendre ça.

Les rôles des fédérations médicales

De leur côté, les fédérations médicales FMOQ et FMSQ ont aussi un rôle à jouer et des missions à respecter.

À la FMOQ qui regroupe près de 10 000 membres, la mission vise à «promouvoir les intérêts professionnels et scientifiques des spécialistes en médecine de famille du Québec, leur autonomie professionnelle et des conditions de pratique optimales afin d’offrir des soins de qualité à la population.»

À la FMSQ, qui regroupe 11 000 membres, la mission se lit comme suit : «Défendre et soutenir les médecins spécialisés de ses associations affiliées qui oeuvrent dans le système public de la santé, tout en favorisant des soins et des services de qualité pour la population québécoise.»

À la lecture de ces missions, on comprend facilement que ces deux organismes ont pour rôle de défendre avant tout les intérêts de leurs membres comme tout bon syndicat. C’est un rôle tout à fait légitime.

Tentative de bâillonnage

En exigeant la tenue d’une assemblée générale spéciale afin d’adopter une motion de blâme à l’égard du Dr Gaudreault, les médecins récalcitrants ont voulu bâillonner le Président du Collège des Médecins. 

La réunion tenue en fin d’après-midi vendredi dernier a attiré environ 2 900 médecins qui ont fini par adopter diverses motions blâmant le Dr. Gaudreault et exigeant des excuses. On s’est targué que la résolution a été entérinée par 82 % des médecins.

La façon de présenter ce résultat me fait penser à certaines centrales syndicales qui aiment nous garrocher de gros chiffres pour nous convaincre qu’une vaste majorité supporte les motions présentées, cela même si une infime minorité de membres a participé au vote.

Ici, il importe de ramener les choses dans une juste perspective. Comme indiqué plus haut dans cette chronique, il y a 22 855 médecins actifs au Québec. Seulement 2 900 d’entre eux ont participé à la rencontre de vendredi, soit 12,7 % de l’ensemble des médecins. Une simple règle de trois permet d’affirmer qu’un vote de 82 % des quelque 12,7 % des médecins participants, cela représente seulement 10,4 % du corps médical québécois. 

Admettez avec moi qu’il n’y a pas lieu de pavoiser avec un tel résultat.

Victimes nos médecins?

À entendre les déclarations des dirigeants de la FMOQ et de la FMSQ, le Gouvernement est en train de ruiner la pratique médicale au Québec. Je reconnais qu’il y a place à l’amélioration, mais on est loin du massacre décrit par les fédérations médicales.

Tel que je le mentionnais dans ma chronique du 2 juin dernier portant sur le même sujet, les médecins québécois sont parmi les mieux traités au Canada et même dans le monde. En 2024, le salaire brut moyen des médecins de famille était de 384 305 $ et celui des spécialistes de 563 441 $. 

Qu’un jour, l’organisme qui paie ces salaires à nos professionnels de la santé, le Gouvernement ou, si vous préférez, vous et moi, décide de s’assurer que le public en a pour son agent et désire procéder à une évaluation de la performance de ceux qu’il rémunère il n’y a pas de quoi crier au scandale.

Tout employeur sérieux doit procéder à l’évaluation de ses employés et, qu’ils l’admettent ou pas, les médecins sont des employés de l’État, même si ce même État leur a consenti certains privilèges dont ne disposent pas les autres travailleurs autonomes.

Loin d’être des victimes, les médecins québécois sont parmi les privilégiés de notre société, même s’ils se comportent parfois comme des bébés gâtés.

Courage

Il ne reste que 1 204 jours au mandat de Donald Trump.

Visionnez tous les textes de Pier Dutil

Pensée de la semaine

Je dédie la pensée de la semaine aux médecins et au ministre de la Santé du Québec :

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