Enquête EnBeauce.com
Enseignement en ligne : académiquement acceptable mais socialement difficile, disent les cégépiens
Les étudiants du Cégep Beauce-Appalaches terminent une session toute particulière et incomparable aux précédentes. À la rentrée, ils ont à peine eu le temps de rencontrer leurs professeurs et camarades de classe. En effet, lors du passage de la région en zone rouge au mois d’octobre, la grande majorité des cours ont basculé en ligne.
EnBeauce.com a alors rencontré Ornela et Rifka, deux Françaises en première année d’informatique qui vivent également leur première année au Québec, Philippe de Frampton, en troisième année de Créations et médias ainsi que Oriana, Réunionnaise en première année d’éducation spécialisée afin de connaître leur ressenti sur ces trois derniers mois.
Difficulté de concentration
Quand on se retrouve seul à la maison pour étudier, il faut savoir rester concentré et assidu. C’est facile de se forcer pendant une heure ou deux, le temps de faire ses devoirs. Mais la situation est bien différente lorsqu’il faut passer ses longues journées seul face à son ordinateur.
« On a la chance d’avoir une bonne installation pour travailler chez nous, on a du bon matériel et on a un bureau exprès. », ont exprimé Rifka et Ornela. « Mais en ligne, on décroche facilement, surtout quand on ne met pas les caméras ou les micros, les profs ne peuvent pas voir lorsque l’on suit ou non. »
« Ce qui me tient, ce sont mes papiers canadiens, car si je décroche je ne pourrai pas rester ici. En France j’aurais lâché pour moins que ça » a ajouté Rifka.
D'après Philippe, c’est l’ambiance du cours qui lui fait plus facilement perdre le fil. « Les cours sont plus longs et plus ennuyants un peu, car y'a pas vraiment de relation avec les élèves, c'est toujours le prof qui parle, les cours vont plus vite, mais y'a pas de relation humaine avec les élèves. »
D’autres, comme Oriana, trouvent des méthodes pour rester assidus et concentrés. Cette dernière laisse sa caméra ouverte pour se sentir plus obligée de suivre, indiquant sa présence comme si elle était en classe.
Environnement social
D’un point de vue social, les élèves relèvent dans l’ensemble que la situation n'est pas évidente, car pour ceux qui sont en première année, ils n’ont pas vraiment eu l’opportunité de se lier d’amitié avec leurs camarades de classe.
D’après Oriana ce qui est difficile ce sont les travaux en groupe. « Ce n’est pas pratique, car on en a beaucoup, mais on ne peut pas se voir et on ne se connait que très peu. »
Qui plus est, pour les deux Françaises en informatique qui vivent leur première année au Québec, la frustration est importante. « Au niveau de la vie sociale, c’est dur, je n’ai pas l’impression d'être au Canada, on ne peut pas sortir et profiter du pays », a confié Rifka. « Je ne pourrais pas faire mes trois ans comme ça, l’année prochaine je voudrais être au Cégep. Là c’est bien, car c’est le début, donc ça nous permet de mieux nous mettre dedans et de comprendre. C’est une chance quelque part, car le rythme du Cégep est quand même soutenu. Pour l’instant ça nous permet de nous y mettre doucement pour repartir bien en forme dès que le rythme normal reviendra. »
Cependant, le fait de ne pas être seul face à l’ensemble de sa classe permet à certains de s’exprimer plus librement. « Je suis timide et je suis plus à l’aise en ligne, car je mets juste le prof à l'écran. Je peux alors parler et répondre aux questions, ce que je ne ferais pas en cours » a ajouté Ornela.
Pour Oriana c’est différent, car elle est seule la journée longue face à son écran pour étudier un programme qui heureusement la passionne, mais qui est lourd et intense.
La vie culturelle au Cégep
Philippe et Oriana s’accordent à reconnaître que le Comité socioculturel du Cégep ne s’est pas laissé abattre en organisant beaucoup d'événements. « Il y a beaucoup d’activités qui ont été annulées, mais ils ont fait de leur mieux, ils se sont bien adaptés en ligne même si on n’a pas pu faire le spectacle du mercredi étudiant » a précisé Philippe.
Pour les deux Marseillaises qui ne connaissent pas encore la vie culturelle d’un Cégep, la frustration est encore présente « On n’a jamais été au Cégep une semaine entière alors on ne sait pas trop ce qu’est la vie d’étudiant là-bas. C’est surtout pour l’expérience qu’on aimerait retourner au Cégep », ont expliqué Rifka et Ornela.
Relations avec les professeurs
Les quatre étudiants interrogés admettent que les professeurs se rendent disponibles pour répondre aux questions et qu’ils sont compréhensifs.
« Il y a plus de communications avec les profs, mais ça se fait moins rapidement. On ne peut pas forcément avoir une réponse de suite comme si on allait à leur bureau, mais ça se fait quand même bien » de dire Philippe. « Mais on voit que les profs sont très présents pour nous. Ils se sont vraiment bien adaptés à la situation, c'est très positif, ça se fait bien. »
Finalement, d'après les quatre élèves interrogés, la session se termine bien d'un point de vue académique. Tandis que d'un point de vue social, ces jeunes de la générations des nouvelles technologies attendent avec impatience un retour à la normal pour retrouver le contact humain.
Philippe qui terminera son programme à l’hiver est frustré de terminer ainsi ses études collégiales. « Je suis un peu déçu que ça se termine comme ça, mais je me dis que c'est nécessaire pour garder tout le monde en sécurité. »
Pour partager votre opinion vous devez être connecté.