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Rencontre avec Bianka et Guillaume

Fonder une famille n'est pas toujours aussi facile que 1+1=3

durée 18h00
6 septembre 2023
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Léa Arnaud
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Par Léa Arnaud, Journaliste de l’Initiative de journalisme local

Devenir parents n’est pas toujours aussi facile que ce que l’on nous raconte lorsque nous sommes enfants. La science et le corps humain ont bien des secrets. C’est d’ailleurs ce que Bianka Mathieu, 30 ans, et Guillaume Brindle, 29 ans, ont découvert à leurs dépens. 

Ce couple de Saint-Georges s’aime depuis cinq ans et rêve de fonder une famille. Cela fait maintenant trois ans qu’ils se battent pour atteindre cet objectif, dont un an et demi qu’ils sont suivis par une clinique de Montréal. 

« Quand on est ado, on nous dit d’être très prudents, de bien prendre la pilule, etc. On a l’impression que c’est tellement facile de tomber enceinte! Mais non, la réalité est bien différente », a témoigné Bianka lorsqu’elle nous a rencontrés, accompagnée de son amoureux.

Une année à s’essayer sous la couette
La Beauceronne a arrêté de prendre la pilule contraceptive en juin 2020. La décision était prise, ils voulaient un enfant. 

Puisque les cycles menstruels de Bianka semblaient normaux et réguliers, le couple ne s’est pas posé de questions. Pendant une année, ils ont essayé de procréer un enfant naturellement. Mais le temps passait et il ne semblait y avoir aucun succès. C’est à ce moment-là qu’ils ont commencé à se questionner et à faire des analyses médicales. 

Ils ont eu un rendez-vous chez le gynécologue qui leur a prescrit des prises de sang et un spermogramme pour Guillaume. Bianka a aussi eu une médication pour booster son ovulation.

« On suivait le cycle également pour voir si j’ovulais de façon régulière. Ah des tests d’ovulation on en a passé ! », a dit Bianka en riant. « Tu essaies de voir tous les petits signes sur ton corps. On était aussi inscrit dans plein de groupes Facebook pour avoir des infos, tu cherches tout sur Google, etc. ». 

Finalement, au mois de juin 2021, les menstruations de Bianka sont en retard! Le couple se réjouit, avec beaucoup d’appréhension, et fait un test de grossesse qui est positif. Pour confirmer la nouvelle, la Beauceronne se soumet à une prise de sang dont les résultats sont très limites. Finalement, ses règles arriveront quelques jours plus tard… Il s’agissait probablement d’une fausse couche précoce.

Du côté de Guillaume, le spermogramme a révélé que ses spermatozoïdes étaient nombreux, mais pas de bonne qualité. Il a donc commencé des vitamines et les résultats de l’analyse suivante confirment que tout est bon. « Il a aussi fait d’autres examens, car à ce moment-là on pensait que la problématique provenait de lui au vu des résultats de ces spermogrammes. »

En parallèle, le couple attendait d’être accepté dans une clinique de fertilité. 

La patience est une vertu
Les amoureux ont dû faire preuve de beaucoup de patience au travers de tout leur processus. Les délais sont extrêmement longs pour obtenir un suivi dans une clinique de fertilité (plusieurs mois), puis il y a ensuite des délais d’attente entre les étapes. « On ne fait que ça, attendre et espérer », ont-ils mentionné. 

Ils ont d’abord demandé à des cliniques de Québec, mais c’était plus rapide s’ils se rendaient jusqu’à Montréal. « C’est plus loin, plus de gestion, plus de frais, mais les délais étaient plus courts. On en a fait des voyages à Montréal pour des rendez-vous de 15 minutes! »

Lorsqu’ils ont finalement été pris en charge, Bianka a repassé des tests de fertilité plus approfondis. « À cette étape-là tu peux plus avoir de pudeur, c'est fini. Et à ce moment-là tu fais le deuil de faire un bébé sous la couette et tu te fais à l'idée que tu as besoin d’aide. »

Ils jugeaient que la réserve d'ovule de Bianka n'était pas excellente. De ce fait, le médecin leur déconseille de passer par l’insémination artificielle et leur recommande de passer directement au processus de fécondation in vitro (FIV). La fécondation in vitro consiste à reproduire en laboratoire ce qui se passe naturellement dans les trompes, c'est-à-dire, la fécondation et les premières étapes du développement de l’embryon. 

Les Beaucerons tombent à nouveau sur une liste d’attente où ils devront patienter six mois pour commencer ce processus. En attendant, ils continuent d’essayer naturellement en affrontant une nouvelle déception chaque mois. «  À ce moment-là c'était très difficile », a confié le couple.

Dans le processus de FIV
Une fois lancé dans le processus de la FIV, leur quotidien est rythmé par les médicaments et les injections selon une planification très précise. Bianka et Guillaume font face à un combat difficile, mais ils se nourrissent d’amour et de l’espoir de voir un jour le ventre de Bianka grossir. 

Cette dernière est alors mise en arrêt de travail, car elle commence à faire beaucoup d'anxiété et les traitements sont lourds. « Je m'autotorturais en regardant des photos d'enfants. C’était plus possible! On ne s’attendait pas à ce que ce soit autant de médications et moi je déteste les aiguilles. Donc à l’heure de la piqûre, c’était tout géré par mon conjoint. Moi j’étais assise sur le divan, une débarbouillette sur le front et avec mes écouteurs. Puis on pensait tellement que ça allait marcher du premier coup, on a voulu mettre toutes les chances de notre côté! », a raconté Bianka.

À force de traitements et d’analyses, les ovules deviennent assez gros et la clinique procède au prélèvement. « C'est vraiment douloureux. Ça m’est resté dans la tête longtemps, mais tu te dis que c’est pour ton projet de vie! », se souvenait-elle. Les médecins ont retiré 17 ovules, dont 14 matures. Ils ont donc fertilisé les 14 ovules selon deux procédés différents pour maximiser les chances. Le couple est censé recevoir un appel dans les jours qui suivent pour savoir comment ça évolue. Finalement, au jour 3 de la FIV, la clinique rappelle et leur annonce qu’un seul embryon a survécu et qu'il faut l’implanter à Bianka le plus vite possible pour maximiser les chances de survie. « À ce moment-là pour moi c’est la fin du monde. On nous a dit qu’on pouvait me le transférer, mais que les chances étaient faibles. Donc là, il a fallu descendre à Montréal le jour même pour le transfert. On a essayé toutes les superstitions possibles pour que ça marche! » Mais l’embryon ne s’est pas accroché et le couple doit affronter une nouvelle lourde déception. 

Pour être sûrs d’avoir tout tenté, Bianka et Guillaume décident de s’essayer une seconde fois. Le médecin leur précise tout de même que la jeune femme a un réel problème de fertilité et que les chances sont faibles. « Il a été très franc et j'avais besoin de ça. À ce moment-là, j’ai fait le deuil de “bon OK ça se fera pas sous la couette”. J’avais besoin de me le faire dire », a révélé Bianka.

Ce deuxième essai leur coûterait au moins 7 000 $, contrairement au premier qui est pris en charge par l’assurance maladie. Mais c’était leur dernier espoir de pouvoir avoir un enfant de leurs gènes communs. Ils prennent des produits naturels pendant les mois d’attente pour optimiser leur chance. « T’as de l’espoir parce qu’il y a eu des ovules. En processus tu vis sur l’espoir! Tu veux y croire ». 

Après avoir traversé quelques soucis de santé et tenté de suivre au mieux les instructions d’injection très (trop) précises, Bianka avait 10 ovules cette fois, mais de meilleures qualités.

Cette dernière a donc subi un deuxième prélèvement d’ovules. Intervention douloureuse, mais nécessaire. « Dans ta tête, c'est interminable, mais en vrai c'est une intervention rapide », a-t-elle précisé. La clinique a ensuite procédé à la FIV. 

Dès le lendemain, les amoureux ont reçu un appel… aucun embryon n’a survécu. « Donc c’est ça… Comme le médecin l’avait mentionné, c’est fini avec mes ovules. Tu te rappelles de tout ce que tu as essayé au travers des processus. Je voulais être sûr de ne pas pouvoir dire qu’on a tout fait. »

Trouver la donneuse parfaite
Après avoir affronté ces échecs, Bianka et Guillaume ont dû se résoudre à trouver une nouvelle solution. Il fallait finalement se diriger vers une donneuse. Mais heureusement, Bianka pourra porter le bébé sans problème. 

Plusieurs options ont été évaluées, notamment celle de demander à une personne proche du couple de faire le don d’ovules pour eux. Cependant, n’importe qui n’est pas compatible et n’importe qui ne peut pas subir tout le processus. « En choisissant quelqu’un de proche on n’avait aucune garantie non plus », ont-ils expliqué.

Les Beaucerons choisissent donc de faire appel à une compagnie américaine qui recherche des donneuses à travers le monde. Le couple sélectionne la femme qu’il considère idéale selon leurs critères  personnels et ses ovules seront ensuite fécondés avec les spermatozoïdes de Guillaume. Après, les embryons sont renvoyés à la clinique de Montréal pour le transfert. Il y a un seul transfert gratuit, après il faut payer les autres transferts si le premier ne fonctionne pas. L’avantage de cette clinique, c’est qu’elle garantit un minimum de quatre embryons. 

Au moment d’écrire ces lignes, le couple regarde les profils des donneuses envoyées par l’agence. « C'est spécial de faire ça. T’as une photo et quelques informations techniques, mais c’est très vague pour le reste. La première journée où on a regardé, je me sentais un peu bizarre. Mais aujourd'hui le deuil est fait à 95% je dirais. Je veux élever un enfant, lui donner des valeurs. Je suis prête à ce que ce ne soit pas mes ovules. De toute façon, c'est moi qui vais le porter et l'élever », a souligné celle qui souhaite de tout cœur être mère. Lorsqu’ils auront fait un choix, cela prendra environ 3 à 6 mois pour faire le processus complet. 

S’aimer plus fort encore

À 29 et 30 ans, Guillaume et Bianka sont à un âge où plusieurs de leurs proches commencent à fonder des familles. « Quand ce n'est pas une sœur, c’est un couple d’amis, des cousines … C’est presque dur de les féliciter quand tu te dis “Bon c’est encore pas nous” », a témoigné Guillaume. « C’est tellement deux émotions distinctes. Oui je suis contente pour toi, mais mon dieu que ça me déchire dedans », a ajouté Bianka.

Par la force des choses, ils se comparent et s’attristent de voir la vie des autres avancée tandis que la leur est bloquée par ce projet de vie qui peine à se concrétiser.

Ceci dit, en traversant cette épreuve, les amoureux ont fini par en parler à leurs proches. Ils se sont alors rendu compte que l’infertilité était un sujet bien trop tabou dans la société et que beaucoup de gens y faisaient face. 

« Quand on s’est mis à en parler, c’est là qu’on a compris qu’il y a beaucoup de monde qui passe par là alors qu’on n’est même pas au courant! C’est là qu’on se dit finalement qu’on n’est pas tout seul et que c’est bon d’en parler avec d’autres personnes qui connaissent cette difficulté. Puis on voit aussi qu’on n’est pas tout seul parce que les cliniques débordent. »

Finalement, leur amour s’est aussi renforcé au fil du temps et des difficultés. Bianka et Guillaume ont tout fait ensemble, été comme hiver, ils sont descendus tous les deux à Montréal lorsque nécessaire et se sont soutenues mutuellement malgré leur gestion différentes des émotions. « On a une grande complicité et on est encore plus fort aujourd’hui! »

Un petit coup de pouce?
Ce qu’ils souhaitent être le dernier processus coûte extrêmement cher, sachant que ces deux Beaucerons ont déjà dépensé beaucoup d’argent pour les premières tentatives.  C’est pour cette raison qu’ils ont ouvert une cagnotte en ligne sur GoFundMe. Il vise à récolter 30 000 $ pour payer les frais de cette intervention.   

Pour les aider à réaliser leur rêve de devenir parents, rendez-vous ici : Le rêve de notre couple: fonder une famille.

« Ce n'est pas facile de demander de l'argent, mais on se dit que notre histoire en vaut la peine. Normalement c’est un processus naturel. En plus, avec tout ce que ça coûte, on se questionne aussi sur l’avenir, est-ce qu’on pourra accomplir les projets de rénovation de notre maison par exemple? »

Aussi, des amis organisent une collecte de fonds ce samedi 9 septembre à La Guadeloupe. Au programme: tournoi de poches, vente de pâtisseries, musique d'ambiance ainsi que spikeball, washer, beer pong, et autres. L’événement aura lieu dès 13 h à l’Aréna. 

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