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Entreprendre, tomber et se relever

Mélanie Breton tourne la page sur 12 ans à la tête du Dooly’s de Saint-Georges

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29 mars 2025
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Germain Chartier
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Par Germain Chartier, Journaliste

Après près de 12 années à la barre du Dooly’s de Saint-Georges, Mélanie Breton a tourné la page sur un chapitre de vie marqué à la fois par l’entrepreneuriat, les épreuves personnelles et un profond travail sur elle-même.

L’ancienne propriétaire, connue pour son accueil chaleureux et sa proximité avec les clients, revient avec franchise sur ce parcours exigeant, sans détourner le regard des moments plus sombres qui l’ont façonnée.

C’est en 2013 que Mélanie Breton, alors âgée d’une trentaine d’années, se lance en affaires en faisant l’acquisition du bar à billard Dooly’s, en compagnie du père de ses enfants. « J’avais étudié en commercialisation de la mode, mais l’opportunité d’acheter le Dooly’s s’est présentée à nous. C’était la seule vraie place de sortie à Saint-Georges, je voyais le potentiel », raconte-t-elle.

Le couple se sépare quelques mois après la transaction. Mélanie doit composer avec la rupture et la gestion d’une entreprise ouverte six jours sur sept, jusqu’à trois heures du matin. « Je n’étais pas une fille de bar. J’ai appris sur le tas. »

De la turbulence à la stabilisation

Les premières années sont particulièrement exigeantes. Mélanie confie avoir frôlé la faillite après cinq ans, en raison de décisions financières difficiles et de la charge mentale du rôle. Elle choisit alors de revoir complètement son mode de gestion, restructure l’entreprise, et finit par racheter les parts de son ex-conjoint en 2018 pour devenir l’unique propriétaire.

À l’aube de la pandémie, en 2020, l’entreprise est sur de meilleurs rails. La crise sanitaire force la fermeture du bar à plusieurs reprises, mais le Dooly’s parvient à tenir bon. « Par chance qu’on n’était pas au même point qu’au début. On a réussi à passer au travers », affirme-t-elle.

Avec la levée des restrictions en 2022, Mélanie voit les clients revenir en force. « Les jeunes avaient besoin de socialiser. Il fallait parfois leur apprendre à sortir. Mais c’était beau de voir ça. » L’équipe est réduite, mais fidèle. Trois employés piliers l’accompagnent jusqu’à la fin, ce qui lui permet de maintenir une ambiance chaleureuse, malgré la charge de travail.

Une relation trouble avec l’alcool

Derrière les apparences, Mélanie vivait une réalité plus difficile : celle d’une consommation d’alcool devenue quotidienne. « Dans un environnement comme un bar, c’est accessible. Tu bois avec les clients, avec les employés. Ça devient une habitude », confie-t-elle.

Elle explique qu’au fil des années, l’alcool a pris de plus en plus de place dans sa vie, jusqu’à devenir un mécanisme pour composer avec le stress et la pression. « À un moment donné, tu bois à chaque jour, mais tu ne t’en rends même plus compte. Pour moi, c’était devenu normal. »

C’est une remarque de son conjoint qui a provoqué une première prise de conscience : « Il m’avait dit : “Tu as pris combien de shooters hier ?” Je n’étais même pas capable de répondre. Je me suis rendue compte que j’avais bu douze shooters dans une soirée. C’est là que j’ai compris qu’il fallait que ça arrête. »

Mais malgré cette réalisation, le chemin vers la sobriété a pris du temps. « Quand la pandémie est arrivée, j’étais chez moi, stressée, enfermée. Je me suis mise à boire encore plus. Une bouteille, deux bouteilles par soir. Et je savais que j’avais un problème. »

Le déclic survient en décembre 2022, après une fin de semaine marquée par une dispute avec son conjoint. « Je suis revenue chez moi et je me suis dit : c’est aujourd’hui. C’est fini. » Elle souligne que cette décision devait venir d’elle-même. « Il faut que tu le fasses pour toi. Pas pour ton chum, pas pour ton travail, pas pour les autres. Juste pour toi. »

Mélanie ne cache rien de son parcours. Elle parle ouvertement de sobriété, de charge mentale, de la difficulté d’être entrepreneur et mère à la fois. « On ne peut pas toujours tout dire quand on est à la tête d’une entreprise. Mais ce que j’ai vécu, d’autres l’ont vécu aussi. C’est important d’en parler. »

Elle ajoute que sa décision a eu un impact visible sur son entourage professionnel. « J’ai vu mes employés boire moins. J’ai vu des clients qui m’ont dit : “Moi aussi, j’aimerais ça arrêter.” Je ne voulais pas faire la morale, mais je voulais montrer que c’était possible. »

Une nouvelle étape à écrire

Aujourd’hui, Mélanie vit à l’extérieur de la Beauce, dans un petit village où elle vise l’autosuffisance alimentaire avec son conjoint. Des projets mijotent, notamment dans le domaine communautaire ou la sobriété, mais rien n’est encore défini. Elle souhaite aussi prendre le temps de souffler. « Ça fait cinq ans que je n’ai pas pris de vacances. C’est le moment. »

Elle n’exclut pas un retour éventuel à l’entrepreneuriat. « J’ai encore des idées, mais je veux faire les choses différemment. Avec plus de structure, plus de recul. Et toujours avec mon côté humain. »

Le Dooly’s est désormais entre de nouvelles mains. Mélanie regarde son parcours avec lucidité, sans regrets. « J’ai reçu une vague d’amour à l’annonce de la vente. Les gens ont reconnu ma passion, mon implication. C'était vraiment intense pour moi, merci à tous », a-t-il conclu.

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