Saga de l'hôtel de ville de Saint-Côme Linière
Un groupe de citoyens réclame le respect des contribuables
Un groupe d'une douzaine de citoyens, avec à sa tête Jean-Denis Paquet, est en voie de demander à la ministre des Affaires municipales, Andrée Laforest, la tenue d'un référendum afin que la population de Saint-Côme Linière puisse se prononcer sur le projet de construction d'un nouvel hôtel de ville.
C'est du moins le sens des propos tenus par le principal intéressé lors d'une entrevue accordée à EnBeauce.com à la suite du reportage sur la démolition de l'édifice municipal survenue mercredi matin.
« Le groupe s'est formé pour essayer de faire respecter nos droits [de citoyens et de contribuables] et que cesse l'hémorragie de la dilapidation des actifs municipaux et des avoirs liquides de la municipalité », a déclaré M. Paquet lors de cet entretien.
Rappelons qu'une bataille de pouvoirs est engagée depuis plusieurs mois entre les élus du conseil municipal au sujet du nouvel hôtel de ville.
D'une part, le maire Yvon Paquet et le conseiller Alain Dumas se sont opposés aux initiatives d'un groupe de quatre conseillers, mené par l'élu Robby Poulin, qui ont décidé de prendre en mains l'avancement du dossier. Les trois autres élus du groupe en question sont Gaétan Tremblay, Sylvie Bruneau et Louise Paquet. Au départ, le pro-maire Gilles Pedneault, qui en faisait partie, s'est depuis dissocié.
Ainsi, ces conseillers, en raison de leur majorité, ont réussi à faire voter à la table du conseil une résolution pour acheter le domaine Donovan, un terrain sur la rue Principale qui comporte une résidence centenaire, afin d'y établir l'administration municipale. Puis, compte tenu du fait que l'habitation ne pouvait répondre aux besoins de la municipalité en la matière, ce même groupe a entrepris de porter un projet de construction d'un nouvel édifice sur le site même du domaine Donovan, derrière la maison.
« Robby Poulin, c'est un simple conseiller municipal qui se prend pour le maire. C'est lui qui est en avant de cette affaire disgracieuse mais ce n'est pas lui qui contrôle le conseil municipal », de faire remarquer d'entrée de jeu Jean-Denis Paquet qui est aussi l'instigateur de deux pétitions qui ont circulé au cours des derniers mois
La première, comptant 200 noms, a été déposée au début de l'été, pour s'opposer à l'acquisition du domaine Donovan, une demande qui a certes été ignorée puisque la municipalité en a fait l'achat
« C'est une vielle maison point. Elle paraît bien vue du chemin mais elle est délabrée. Il n'y a rien de patrimonial là-dedans. D'ailleurs, elle ne pourrait pas être désignée ainsi car il y a eu plusieurs transformations qui ne rencontrent pas les critères. De plus, elle est non conforme au code du bâtiment », de dire M. Paquet.
Au sujet de cet achat, il a fait savoir qu'il a logé, avec deux autres contribuables de la localité, une plainte formelle à la Commission des affaires municipales du Québec afin qu'une enquête soit ouverte sur la transaction. En effet, de dire M. Paquet, le site du domaine Donovan appartenait, avant son achat par la municipalité, à Éric Tremblay qui est le neveu du conseiller Gaétan Tremblay. Ce dernier aurait continué à siéger au comité de travail sur le projet de nouvel hôtel de ville malgré une lien d'intérêt apparent dans le dossier.
Jean-Denis Paquet avance même que le prix d'achat du site, qui était sur le marché depuis deux ans, serait passé de 235 000$ au départ pour grimper à 260 000$. La plainte a été déposée en septembre et l'enquête progresserait selon son cours normal, a-t-il indiqué.
Avec son groupe, il a entrepris une deuxième pétition, celle-là portant 1248 signatures, qui a été remise au conseil municipal en septembre pour s'opposer au site du domaine Donovan comme lieu de construction du nouvel hôtel de Saint-Côme Linière, incluant une bibliothèque et un salle communautaire.
« Nous contribuables, ne voulons pas voir construire notre futur hôtel, bibliothèque et même salle communautaire vers l'arrière de la résidence Donovan nouvellement acquise par la municipalité. Pour nous, l'emplacement n'est pas un choix logique. Nous exigeons un référendum, ceci avant de dépenser pour les plans et devis », stipule le texte de la pétition.
Le résident fait remarquer que le nombre de signatures recueillies est très important compte tenu du fait que Saint-Côme compte officiellement 2500 personnes habilitées à voter sur une population de 3288 habitants. « Nous avons presqu'autant de monde que lors de l'élection municipale de 2017 avec 1588 personnes qui se sont prévalues de leur droit de vote », de poursuivre M. Paquet.
Le résident a aussi mentionné que le bâtiment de l'hôtel-de-ville, qui a été complètement démoli le 18 décembre, aurait été érigé au début du siècle dernier « peut-être même avant 1900 » plutôt que dans les années cinquante. Il était désigné comme le Petit collège parce que les enseignants étaient des Frères.
« Ce qui nous offusque le plus, c'est qu'ils ont détruit cette bâtisse-là [hôtel-de-ville], disant qu'il y avait des champignons dedans, pour en acheter une [maison Donovan] du même âge, sans faire d'inspection pour les champignons », de signifier le résident qui a pu lire, avec un autre concitoyen, le rapport « sommaire » d'inspection effectué avant l'achat, lequel faisait état de multiples problèmes structuraux majeurs de la bâtisse.
Les élus du groupe Poulin ont proposé que le futur édifice municipal soit un bâtiment de trois étages sur le terrain du domaine Donovan comprenant l’hôtel de ville, une bibliothèque municipale et une salle communautaire, pour un coût estimé entre 2,7 et 3 M$.
Or, assure M. Paquet, la facture s'élèverait plutôt à 3 216 000$ selon un document interne préparé par l'administration municipale, « auquel coût il faut ajouter aussi le prix d'achat du domaine Donovan ».
Il rappelle aussi que Saint-Côme n'a pas besoin d'une autre salle communautaire « puisqu'il y en a déjà six à notre disposition ». M. Paquet appuie plutôt le projet du maire et du conseiller Dumas qui préconisent une structure au coût plus modeste à 1,4 M$ soit un hôtel de ville de deux étages, incluant la bibliothèque municipale.
Jean-Denis Paquet reconnaît que « le maire ne peut pas faire grand chose de plus que d'essayer de leur [les quatre conseillers] faire entendre le bon sens, de les tempérer mais ils ne veulent rien savoir ».
Le citoyen qui s'est engagé dans ce combat « pour que les contribuables se fassent respecter » commence à manifester un certain degré d'exaspération même si une rencontre d'information est prévue le 20 janvier entre tous les membres du conseil municipal et des représentants du Ministère des Affaires municipales pour discuter d'une possible médiation entre les parties.
« Il faut que je me parle beaucoup pour attendre jusque-là » de conclure Jean-Denis Paquet.
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