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Lettre d'opinion

La poussière rouge retombe lentement sur une victoire prophétisée

durée 17h00
8 mai 2025
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L'auteure de cette lettre apporte une réflexion post-mortem de la campagne électorale, qui vient de se terminer avec le scrutin du 28 avril, et qu'elle a vécue de l'intérieur comme membre de l'équipe du candidat du Bloc Québécois en Beauce.

Plus d’une semaine depuis la soirée électorale à saveur de guerre commerciale et d’ombre jaune. Ça m’a ramenée au poème iconique de Michèle Lalonde, Speak white. Deviens le 51e État chéri de l’ombre jaune sur fond de grande noirceur. La trame socio-économique du Québec et les aspirations des Québécois ont évolué, mais les ennemis extérieurs et intérieurs sont les mêmes et ils parlent ce langage universel de la domination et du profit. Ils sèment la peur de perdre le confort et l’indifférence.

Je suis bénévole dans ma région pour deux partis politiques. Ces deux-là défendent mon territoire, qui a façonné mon identité. Deux partis, frères et complémentaires. Cette élection m’a fait réfléchir à deux aspects balayés sous le tapis. 

Deux éléments qui défavorisent les partis politiques, tant au fédéral qu’au provincial ; l’absence de réforme des modes de scrutin et du financement politique. Selon le territoire et la notoriété du parti, ils laissent le candidat près de la ligne de départ.

En 2018, la CAQ avait promis de réformer le mode de scrutin pour le rendre proportionnel. Promesse abandonnée en 2021 ! Au fédéral, distorsion entre vote populaire et répartition des sièges. Une réforme devait se faire en 2016, sous le gouvernement Trudeau, mais jamais mise en place. Le système actuel est encore critiqué pour son manque de proportionnalité.

Le mode de financement des partis politiques au Québec désavantage en raison de règles : contributions et subventions publiques ; plafonnement des contributions individuelles, et surtout le financement public basé sur les résultats électoraux et l’accès aux ressources médiatiques. 

Au fédéral, la Loi électorale encadre le financement ; contributions individuelles plafonnées, financement public en fonction du pourcentage de votes obtenus, plafonnement de dépenses. L’objectif de cette loi était de limiter l’influence des grandes fortunes et des entreprises (hum !). 

Tant au fédéral qu’au provincial, le découpage électoral et le financement désavantagent les nouveaux partis ou ceux qui ont moins de donateurs engagés. Surtout ceux qui obtiennent moins de votes à l’élection précédente.

Dans ma région, notre budget publicité était de 1 000 $. Pour quatre médias. Imaginez ce que vous obtenez pour 250 $ en publicité aujourd’hui. Une quasi-invisibilité en bas de page à fréquence réduite. Les candidats des grands partis omniprésents, chaque jour, en haut de page web, en page complète dans les hebdos et en capsule radiophonique, imaginez la facture. Sans commune mesure. Le coût des affiches influence la quantité et l’affichage sur les véhicules aussi. Tout cela défavorise, dans certaines régions, les candidats de partis moins présents qui ont par conséquent moins de membres. 

Comme ânonnait une annonce publicitaire des années 1980 et qui est devenue une référence pour illustrer la popularité ou un cercle vicieux ; plus les gens en mangent, plus elles sont fraîches, et plus elles sont fraîches, plus les gens en mangent ! 

Ça simplifie, mais ça s’applique à l’absence de réforme électorale et de financement. On sait ce que les gens mangent, on ne change pas une formule gagnante, même si elle n’est pas représentative. Pour le mode de financement, inutile de l’expliquer puisqu’il favorise les candidats des circonscriptions où le parti représenté a déjà ses marques.

Les candidats défaits ou élus, les journalistes, les employés permanents et les nombreux bénévoles regardent la poussière électorale rouge retomber. Certains avec l’euphorie du gagnant et le cœur léger, d’autres avec un sentiment d’iniquité et le cœur un peu en berne.

Marie-Christine Boulanger
Responsable des communications
Candidat du Bloc Québécois en Beauce

 

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