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Chronique d'opinion

La déchéance électorale

durée 08h22
13 octobre 2015
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Frédéric Savard
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Par Frédéric Savard, Éditorialiste

Quand personne ne met ses culottes, c’est ce que ça donne. Déjà plusieurs personnes se sont présentées au vote par anticipation avec un masque de clown ou une poche de patates sur la tête.  Le 19 octobre, je vais aller voter, à visage découvert,  pour exercer mon devoir de citoyen, un geste qui me conférera le droit de commenter et de critiquer les décisions du prochain gouvernement pour les prochaines années. Mais pour la première fois de ma vie, je vais annuler mon vote. Je ne sais pas trop comment encore. En déchirant mon bulletin de vote? En barbouillant un dessin de Jean Chrétien ou tout simplement en utilisant un bon vieux surligneur pour faire un méga gros X sur tous les candidats. J’ai juste une écoeurite aiguë des politiciens qui n’osent pas prendre position. 

Le niqab est inacceptable. Que vous ayez des croyances religieuses, que vous soyez pratiquant, très pratiquant ou extrêmement pratiquant, c’est ben correct pour moi, mais pratiquez à la maison, dans votre intimité. Le niqab ne fait que dénoter une soumission infinie de la femme face à l’homme. C’est peut-être acceptable dans certains pays, mais au Québec, au Canada, ça ne marche juste pas. Point à la ligne. Mes amis musulmans avec lesquels j’ai eu une conversation à ce sujet abondaient exactement dans le même sens. Pourtant, autant les conservateurs, les libéraux que les néo-démocrates sont d’accord pour laisser le libre choix à tous. Ah non excusez, les conservateurs s’y opposent, mais seulement lors des cérémonies d’assermentation de citoyenneté canadienne, le reste, pas de trouble. Le problème avec ces perpétuels «oui, mais pas complètement» et «non, mais peut-être que», c’est que plus personne ne sait où on s’en va. Même ceux qui ne sont pas cyniques le deviennent, ceux qui n’ont pas l’habitude d’être sceptiques développent des doutes. 

D’habitude à chaque élection, j’écoute les débats en français et en anglais, j’analyse la performance de chacun des chefs et je me fais une joie de confirmer mon vote ou de le remettre en doute. Cette année, j’en ai regardé un de peine et de misère. Mais ce à quoi nous assistons en ce moment, c’est la bataille du père, de la mère, du beau-père et de la belle-mère pour savoir qui est le parent le plus populaire auprès des enfants. Un dit oui tout le temps, l’autre dit presque non, un autre hésite et l’autre se demande pourquoi il aurait une décision à prendre. 

En voulant faire plaisir à tout le monde pour obtenir son vote, les principaux partis politiques finissent par sacrifier leur intégrité et par faire endosser les effets de leur inaction par les gens qui votent pour eux. Résultat : la très mauvaise impression d’avoir dorénavant une identité édulcorée. Le capitaine d’un bateau ne laisse pas son gouvernail à qui le veut bien n’importe quand. Un capitaine est un leader qui fait des choix, qui se respecte et qui se fait respecter. Il n’a pas que des amis, que des partisans, il va parfois en froisser certains, mais si ses décisions sont justifiables, légitimes, il aura beaucoup plus de gens de son côté que contre lui. 

L’absence d’un vrai leader depuis des lustres fait en sorte qu’au lieu de parler des vrais enjeux d’une élection, nous parlons plutôt de notre mépris à l’égard de la classe politique et d’une absence de confiance qui a atteint un tel point que nous sommes persuadés que peu importe qui prendra le pouvoir, la seule chose qui l’intéressera sera de flatter dans le sens du poil les amis de son parti pour son propre profit. 

Le jour où l’homme ou la femme au pouvoir sera en mesure de mettre son pied ferme par terre et prendre le dessus sur la majorité des pressions internes de son parti politique pour s’occuper vraiment des gens et non pas de son égo, je n’annulerai plus mon vote. Cette journée-là, les taux de participation de 50% seront aussi choses du passé.   

 

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