Éditorial de Pier Dutil
Durs de « comprenure »
L’obligation de porter un masque ou un couvre-visage depuis samedi dernier a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Heureusement, une très vaste majorité de Québécoises et de Québécois se disent favorables à cette consigne et les premiers jours nous ont démontré que presque tout le monde s’y conformait sans rechigner.
Liberté brimée
Les opposants au port du masque invoquent comme argument que cela brime leur liberté. Il est vrai que cette consigne vient réduire une partie de ma liberté, mais il faut comprendre que ma liberté a déjà été brimée à de nombreuses reprises dans la société où l’on vit.
Que je doive m’arrêter sur un feu rouge, que je ne puisse circuler à la vitesse que je veux sur le réseau routier, que je doive attacher ma ceinture de sécurité lorsque je me déplace en auto, que je ne puisse fumer dans les endroits publics sont quelques exemples de mesures qui limitent ma liberté.
Mais la liberté ne veut pas dire faire tout ce que je veux n’importe où et à n’importe quel moment. Si je veux être totalement libre, je n’ai qu’à vivre comme un ermite, isolé de la société, de préférence sur une île déserte ou en forêt. Là, je pourrai être libre comme l’air.
Mais, si je choisis de vivre en société, je dois tenir compte des autres. Ma liberté individuelle finit lorsqu’elle met en danger la liberté des autres. C’est pourtant facile à comprendre!
Une consigne tout à fait nécessaire
Le port du masque dans les lieux intérieurs publics n’est pas le résultat d’un «power trip» du Docteur Arruda et du premier Ministre Legault. C’est tout simplement le résultat d’une croissance inquiétante de nouveaux cas survenus depuis le déconfinement. Alors que les nouveaux cas ne se comptaient plus qu’en dizaines au Québec, voilà que, depuis que les bars et les partys privés ont été tolérés, on assiste à plus d’une centaine de nouveaux cas par jour.
Et ce n’est pas qu’au Québec que cela se passe. Le cas des États-Unis devient menaçant. Depuis plusieurs jours, on établit quotidiennement de nouveaux records de gens infectés. On est rendu à plus de 140 000 décès. Dans certains états, on a recommencé à décréter du confinement. Les urgences des hôpitaux débordent dans certains états et, au Texas, on doit entreposer les corps des personnes décédées dans de camions réfrigérés parce que les pompes funèbres ne fournissent plus.
En Espagne, au Portugal, en France, au Japon et dans plusieurs autres pays le port du masque est devenu obligatoire et plusieurs régions ont à nouveau été confinées.
Veut-on en arriver là? On a pourtant assez souffert pour comprendre qu’il vaut mieux porter un masque durant quelques minutes plutôt que de se retrouver isolés dans nos chaumières.
Contester ou s’adapter
Dans notre région, nous avons vu les positions de deux commerçants s’opposer la semaine dernière.
Dans un premier temps, Tim Poulin-Paquet, du resto-bar Jack Saloon, a décidé d’organiser une manifestation publique pour dénoncer la consigne du port du masque obligatoire dans les lieux publics fermés. Alors qu’il s’attendait à regrouper de 1 000 à 5 000 manifestants, à peine un peu plus de 500 ont participé à cette manifestation. Admettez avec moi que l’on est loin de l’objectif prévu. Et, à ma grande surprise, j’ai pu observer quelques manifestants portant un couvre-visage.
Dans un deuxième temps, Amélie St-Hilaire, propriétaire du restaurant Chez Gérard, a lancé un appel à ses clients pour qu’ils continuent à fréquenter son restaurant, car c’était là la meilleure façon de supporter nos commerces locaux qui ont éprouvé et qui éprouvent encore de la difficulté et qui acceptent de mettre en place des mesures pour sécuriser leurs employés et leurs clients.
Personnellement, si je devais boycotter des commerçants, j’aurais tendance à boycotter ceux qui ne respectent pas les consignes et qui, ainsi, mettent la santé, voire même la vie de leurs employés et de leurs clients en péril.
La position de Madame St-Hilaire se veut positive, alors que celle de Monsieur Poulin-Paquet est tout à fait négative. Personnellement, j’ai tendance à être plutôt positif.
Fausses prétentions
J’aimerais partager avec vous deux prétentions qui, à mes yeux, sont erronées. D’abord, parce qu’il n’y a pas eu beaucoup de cas en Beauce, on prétend qu’il n’y a pas lieu de faire des efforts pour se protéger. C’est précisément le contraire qui devrait prévaloir. Justement, si nous n’avons pas eu beaucoup de cas à date, c’est probablement parce que la très grande majorité des Beauceronnes et Beaucerons ont respecté les consignes. Ce n’est pas le temps de compromettre ces bons résultats par un relâchement stupide.
En deuxième lieu, quand on dit que la maladie est causée surtout par les personnes âgées résidant en CHSLD, là encore on est dans l’erreur. Oui, les personnes âgées des CHSLD sont décédées en plus grand nombre, mais ce ne sont pas elles qui ont introduit le coronavirus dans leurs établissements. Ce sont les visiteurs en provenance de l’extérieur et/ou les employés qui ont transporté ce virus qui s’est attaqué à des personnes plus vulnérables.
Si vous ne ressentez pas le besoin de vous protéger personnellement, s’il-vous-plaît, oubliez pour un moment votre petite personne et, au lieu de vous concentrer sur votre nombril, faites preuve d’un minimum de sens des responsabilités pour protéger les gens que vous fréquentez.
Pensée de la semaine
Je dédie la pensée de la semaine à tous les opposants au port du masque :
«Ce qui menace notre liberté en ce moment, ce n’est pas le règlement, c’est le virus.» Stéphane Laporte, La Presse+
32 commentaires
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Une fois de plus, excellents commentaires qui rejoignent la majorité.
La réflexion est claire...pour qui veut bien l'entendre...
Pour terminer, voici un message positif:
Vous pouvez continuer à fréquenter les restaurants et autres commerces de notre ville et encourager les propriétaires pour qui ce n'est vraiment pas facile. Eh oui, vous devrez porter un masque... seulement pour vous déplacer à l'intérieur. Lorsque vous êtes assis à votre table, au restaurant, vous pourrez l'enlever. Les entreprises ont besoins de clients pour survivre... c'est vous qui ferez la différence!
En passant, je déteste porter un masque... j'ai chaud, j'ai de la brume dans les lunettes, je passe mon temps à tirer dessus pour le replacer et mieux respirer MAIS je le porte afin de continuer à encourager les entreprises de notre ville.
Bon été à tous!
Mais je ne prends rien pour acquis.
Je ne vais pas utiliser le mot « stupid » pour parler d’une personne qui n’a pas la même opinion que moi.
Je ne vais pas arrêter de réfléchir pour me camper sur un pour ou un contre.
C’est précisément ceux qui ne réfléchissent plus qui me font le plus peur.
Monsieur Dutil merci de dire tout haut ce que les autres pensent tout bas.
Bonne fin de journée à vous tous
Paix
Je respecte vos commentaires mais la conclusion devrait plutôt se lire: "MAIS je le porte afin de continuer à encourager les entreprises de notre ville et PRINCIPALEMENT pour protéger ma santé et celle de ceux que je côtoie".
Ce n'est pas une question d'encourager, ce qui est très honorable de votre part, mais plutôt de se protéger.
que ceux qui ont des visages ouverts..
Lise Rancourt
Vos propos sont malheureusement teintés d’avis personnels... Le travail d’un journaliste n’est il pas de rapporter des faits et non des opinions?
Vous avez raison, le travail d'un journaliste est de reporter les faits et non d'émettre des opinions. Mais, justement, je ne suis pas journaliste; je suis chroniqueur et ma chronique se retrouve dans la section Opinion comme vous pouvez le constater. Mon rôle est précisément de donner mon opinion sur divers sujets.
En conséquence, j'admets très facilement que des gens, comme vous, ne partagent pas toutes mes opinions. C'est tout à fait légitime et c'est d'ailleurs pour cette raison que nous faisons de la place au bas de mes chroniques pour permettre aux gens d'exprimer leurs opinions, qu'elles me soient favorables ou défavorables.
Pier Dutil
Vos propos sont malheureusement teintés d’avis personnels... Le travail d’un journaliste n’est il pas de rapporter des faits et non des opinions?
Jean-Guy - 2020-07-23 10:37
le titre de l'article s'appellle carrément Chronique Opinion.