Décès d'Alexe St-Hilaire
L'urgence de l'Hôpital de Saint-Georges à nouveau blâmée par un coroner
Une rapport du coroner Me Donald Nicole questionne «la qualité de la prise en charge et la qualité des soins prodigués» par l'urgence de l'Hôpital de Saint-Georges à l'endroit d'une patiente qui est décédée trois jours après sa visite dans ce service.
L'enquête, rendue publique le 29 octobre 2024, rapporte qu'Alexe St-Hilaire, 23 ans, une résidente de Saint-Côme Linière, était allée consulter à l’urgence de l’Hôpital de Saint Georges, le 4 mars 2024, pour «des symptômes d’allure grippale, sans hyperthermie, mais avec de la toux et des expectorations sanguins.» À ce moment, aucune radiographie pulmonaire n’avait été effectuée. Signalons que le dossier médical de Mme St-Hilaire indiquait qu’elle souffrait notamment d’asthme.
Le 7 mars 2024, vers 4 h, Mme St-Hilaire était couchée dans son lit et présentait de la toux lorsque la personne qui habitait avec elle a quitté pour le travail. Par la suite, personne n’a été en mesure de la contacter. Vers 14 h 20, elle a été découverte inanimée et allongée en position dorsale, sur son lit, par un proche qui revenait du travail. Ce dernier a alerté les secours et qui a débuté des manœuvres de réanimation. Quelques minutes plus tard, les ambulanciers sont arrivés sur les lieux et ont constaté que Mme St-Hilaire n’avait plus de signes vitaux et que son corps présentait des signes de rigidité cadavérique débutante rendant impraticable toute manœuvre de réanimation.
Selon le rapport d’enquête policière, aucun signe de violence, de vol, d’effraction, ni d’intervention d’un tiers n’a été observé sur les lieux du décès.
Des analyses toxicologiques ont été pratiquées lors de l'autopsie qui n’ont détecté aucun alcool ni aucune drogue, mais ont démontré des concentrations thérapeutiques et la présence de quelques médicaments qui n’ont pas contribué au décès.
Le rapport indique que l’ensemble des éléments recueillis démontre que Mme St-Hilaire est décédée d’une insuffisance respiratoire résultant d’une rare inflammation des petits vaisseaux sanguins pulmonaires, en lien probablement avec sa condition asthmatique préexistante.
«L’absence d’imageries médicales pulmonaires effectuées lors de la visite de Mme St-Hilaire, à l’urgence de l’Hôpital Saint-Georges, le 4 mars 2024, amène des questionnements sur la qualité de la prise en charge et sur la qualité des soins prodigués à cette dernière», écrit le coroner Nicole.
Des questionnements qu'il a partagé avec des responsables du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Chaudière-Appalaches, duquel relève l’Hôpital de Saint-Georges, «À ce sujet, j’ai été informé par le chef du Département de médecine d’urgence que ce dossier sera étudié et soumis au Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens (CMDP) du CISSS», indique le coroner.
Dépôt d'une plainte
La famille d'Alexe St-Hilaire a déposé une plainte le 25 janvier dernier auprès de la Commissaire aux plaintes et à la qualité des services CISSS de Chaudière-Appalaches, Isabelle Richer.
Dans la lettre, la famille se dit «persuadé que si Alexe avait eu les soins appropriés, elle aurait peut-être pu être soignée adéquatement et éviter cette tragique fin, à un si jeune âge.»
Parmi les demandes formulées à la commissaire, on s'attend notamment è ce que les actes médicaux du médecin qui a traité Alexe à l'urgence cette journée-là, soient examinés par un médecin examinateur qui neconnaît ni de près ni de loin ce professionnel de la santé; que le CISSS-CA reconnaisse qu’il y a eu un manquement grave à l’hôpital de Saint-Georges et
qu’une lettre d’excuses officielle soit écrite; que, si un protocole de soins n’existe pas pour un patient se présentant avec de l’hémoptysie, il en soit créé un afin que personne ne subisse le même sort.
Rappelons que c'est le 2e rapport d'un coroner à blâmer le centre hospitalier de Saint-Georges après celui de Me Nancy Veilleux, rendu public le 7 février dernier, concernant la mort d'un bébé de moins de deux ans,décédé dans les bras de sa mère à l’urgence de l’hôpital.
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