Après l'avis de la direction de santé publique
La Ville de Saint-Georges maintient la fluoration de l’eau malgré les critiques
La Ville de Saint-Georges a réaffirmé sa décision de poursuivre la fluoration de son eau potable, à la suite d’un nouvel avis émis par la Direction de santé publique de Chaudière-Appalaches.
Dans un communiqué publié ce mardi 8 juillet, la municipalité précise qu’elle « se fie aux autorités compétentes » et qu’elle n’a « aucune intention de cesser la fluoration », une pratique en vigueur depuis plusieurs décennies dans la ville.
Pour éclairer la population, la Direction de santé publique (DSP) de Chaudière-Appalaches a publié un avis officiel qui réaffirme sa position : « La fluoration de l’eau potable est une mesure de santé publique sûre et efficace pour prévenir la carie dentaire », peut-on y lire.
L’avis rappelle que la carie est la maladie chronique la plus répandue au Québec, particulièrement chez les enfants et les populations plus vulnérables, et qu’elle constitue un problème de santé publique majeur. « La fluoration communautaire de l’eau est reconnue comme la mesure collective la plus efficace et équitable pour prévenir la carie dentaire », affirme la DSP, en se basant sur des données scientifiques qui démontrent une réduction moyenne de 25 % des caries même en contexte d’exposition au dentifrice fluoré.
La DSP précise également que les concentrations de fluor recommandées (0,7 mg/L) sont sans danger, incluant pour les enfants et les femmes enceintes. Elle souligne que Santé Canada, l’Organisation mondiale de la santé et plusieurs autorités de santé publique continuent de recommander la fluoration à ces concentrations.
Une pratique encadrée et surveillée
L’avis de la Direction de santé publique mentionne que les systèmes municipaux de fluoration sont soumis à des règles strictes. À Saint-Georges, les concentrations sont analysées quotidiennement et vérifiées mensuellement par un laboratoire accrédité. La Ville indique qu’elle respecte en tout temps les normes en vigueur.
Le document rappelle aussi que l’INSPQ (Institut national de santé publique du Québec) n’a trouvé aucune preuve robuste démontrant des risques sérieux pour la santé humaine aux concentrations actuelles, et que les rares études qui évoquent des effets neurodéveloppementaux se basent sur des expositions beaucoup plus élevées, dans d’autres contextes.
La Ville de Saint-Georges campe sur sa position
Dans son propre communiqué, la Ville se montre ferme : « L’administration municipale souhaite aviser la population qu’elle n’a aucune intention de cesser la fluoration de son eau potable. » Elle ajoute qu’elle continuera de suivre les recommandations de la Santé publique, qu’elle considère comme « les plus crédibles et fiables ».
Le maire Claude Morin avait déjà affirmé, lors de débats antérieurs au conseil municipal, que la Ville « n’invente rien » et applique « des recommandations basées sur des avis scientifiques rigoureux ». Cette position reste inchangée malgré les interventions répétées des opposants, qui accusent la Ville d’ignorer des données plus récentes et de bafouer le principe du consentement libre et éclairé.
Un débat toujours vif au sein de la population
Depuis plusieurs années, le groupe citoyen « Saint-Georges sans fluor » multiplie les interventions au conseil municipal pour demander l’arrêt de la fluoration. Ses représentants invoquent des études récentes publiées dans des revues médicales internationales qui soulignent des risques possibles pour le développement neurologique des enfants.
Ils mettent également de l’avant des arguments juridiques, citant la Charte canadienne des droits et libertés et la jurisprudence interdisant, selon eux, l’imposition d’un « traitement médical » sans consentement.
Le débat s’est encore envenimé cet hiver lors de séances publiques tendues. Des conseillers municipaux ont défendu la position de la Ville en soulignant leur devoir de s’appuyer sur les recommandations officielles des autorités de santé publique, tandis que certains citoyens promettaient d’entreprendre des recours juridiques si nécessaire.
Saint-Georges : une situation unique au Québec
Saint-Georges est la seule ville au Québec à maintenir la fluoration de l’eau potable. Ailleurs, la pratique a progressivement disparu, souvent à la suite de décisions municipales motivées par la contestation citoyenne ou des considérations de coût et de popularité. Les autorités de santé publique du Québec, elles, continuent toutefois de recommander cette mesure comme moyen de réduire les inégalités en matière de santé buccodentaire.
Avec la publication récente de l’avis officiel de la Direction de santé publique de Chaudière-Appalaches, la Ville réaffirme donc sa volonté de maintenir le statu quo.
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