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Rétablissant la production d'insuline

Des cellules souches auraient «guéri» le diabète de type 1

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4 juillet 2025
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Par La Presse Canadienne

Une thérapie de cellules souches a permis de rétablir la production d'insuline chez une dizaine de patients atteints d'un diabète de type 1, révèle une étude publiée par le prestigieux New England Journal of Medicine.

Cette étude, si elle est loin d'être parfaite, nous rapproche quand même un peu plus du jour où ces patients n'auront plus besoin de doses d'insuline pour contrôler leur glycémie, a commenté le docteur Rémi Rabasa-Lhoret, un expert de cette maladie à l'Institut de recherches cliniques de Montréal qui est passé à un cheveu de participer à ces travaux.

«C'est un grand pas dans la bonne direction», a-t-il dit.

Quatorze patients ont été recrutés aux fins de cette étude. Deux sont décédés en cours de route, l'un d'une méningite cryptococcale et l'autre d'une démence pré-existante. Le besoin d'insuline exogène a été réduit ou éliminé chez les douze sujets restants, au point où 83 % d'entre eux n'avaient plus besoin d'insuline douze mois après le début du traitement.

«Bien que l'élimination du besoin d'insuline exogène soit souhaitable, les résultats de cette étude montrent les avantages cliniques de la restauration de la fonction des îlots pancréatiques, même en l'absence d'élimination complète du traitement à l'insuline», écrivent les auteurs.

On a aussi constaté une absence complète d'événements hypoglycémiques graves chez les douze participants qui ont reçu une dose complète de la thérapie et complété un suivi d'au moins douze mois.

On garde toujours cet espoir, a dit le docteur Rabasa-Lhoret, «de réussir à guérir le diabète de type 1 en permettant aux gens de retrouver les cellules qui produisent l'insuline». Pour le moment, cette option n'est accessible qu'à un nombre infime de patients chaque année et implique une greffe soit du pancréas en entier, soit des cellules productrices d'insuline ― ce qui nécessite, bien évidemment, le décès récent d'un donneur compatible.

Le patient devra ensuite s'astreindre à un régime d'immunosuppression pour empêcher son système immunitaire de rejeter la greffe.

La nouvelle étude se heurte au même obstacle, puisque les cellules souches utilisées provenaient de donneurs étrangers et non du patient lui-même. À ce sujet, la plupart des effets secondaires constatés ont été légers ou modérés, assurent les auteurs de l'étude, et étaient essentiellement attribuables à la thérapie immunosuppressive requise.

«Le principal inconvénient (de la thérapie de cellules souches) est qu'on doit encore prendre un traitement anti-rejet, a dit le docteur Rabasa-Lhoret. Et pour le diabète de type 1, on a d'autres solutions.»

Il faut garder à l'esprit, a-t-il rappelé, qu'un traitement d'immunosuppression n'a rien de banal puisqu'il comporte un risque non négligeable de certaines infections et même de certains cancers. Ainsi, même si cela n'est pas évoqué dans l'étude, on ne peut pas exclure que la méningite cryptococcale qui a emporté un des participants soit associée à cette immunosuppression, a ajouté le docteur Rabasa-Lhoret.

Cela étant dit, la nouvelle étude franchit «une étape absolument indispensable pour aller vers quelque chose sans immunosuppression», a-t-il souligné.

Un éventuel traitement sans immunosuppression impliquera la transformation de cellules souches prélevées chez le patient en cellules capables de produire de l'insuline.

C'est toutefois plus facile à dire qu'à faire, a prévenu le docteur Rabasa-Lhoret, et l'exploit n'a à présent été réalisé que chez un seul patient, dans le cadre d'une étude dont les résultats n'ont pas encore été publiés.

Quand on prend les cellules souches d'un patient pour les retransformer en cellules qui produisent de l'insuline, a-t-il expliqué, «on peut introduire des petites différences qui feront que l'organisme pourrait commencer à ne pas les reconnaître», ce qui provoquerait une réaction immunitaire indésirable et potentiellement dangereuse.

On devra aussi s'assurer que ces cellules souches ne causent pas d'autres problèmes à moyen ou à long terme, par exemple en se transformant en cellules cancéreuses, a-t-il dit.

«Le Saint-Graal que les patients recherchent, c'est une guérison», a rappelé le docteur Rabasa-Lhoret.

Mais avec les solutions dont on dispose en ce moment pour gérer le diabète de type 1, a-t-il poursuivi, les inconvénients de l'immunosuppression deviennent «pas mal moins intéressants».

Il y aura forcément des gens qui n'arriveront pas à prendre leur insuline ou qui auront d'autres problèmes, a rappelé le docteur Rabasa-Lhoret, «et il y aura un petit marché chez ces gens-là, mais la prochaine étape est vraiment l'absence d'immunosuppression».

«On sait maintenant que c'est faisable, a-t-il conclu. Ce n'est pas chez la souris, ce n'est pas chez le rat, ce n'est pas chez le cochon, c'est chez l'humain. On sait que c'est faisable de greffer des cellules et de produire l'insuline chez les patients, ce qui est assez magique quand même.»

Le traitement mis à l'essai dans le cadre de cette étude de phase 1/2 a été développé par l'entreprise de biotechnologie Vertex, qui a déjà fait parler d'elle après avoir mis sur le marché un traitement ― également à base de cellules souches ― contre la fibrose kystique et qui, pour une première fois, s'attaquait aux causes profondes de la maladie et non uniquement à ses symptômes.

Jean-Benoit Legault, La Presse Canadienne

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