Une conférence pour la justice sociale

Par Philippe Morin, Journaliste
La journaliste et écrivaine Lucie Pagé est venu donner une conférence à l’auditorium du Cegep Beauce-Appalaches ce lundi 12 mars portant surtout sur le racisme et les inégalités sociales. Intitulée « Encore un pont à traverser vers la justice sociale », la conférence couvre plus de 300 ans d’histoire, de l’arrivée des blancs en Afrique à aujourd’hui. L’invitée a été reçue dans le cadre des Conférences de prestige du Cégep et de la Semaine d’actions contre le racisme.
Née au Québec et adoptée en Afrique, Lucie Pagé est mariée à un syndicaliste sud-africain d’origine indienne, qui est devenu ministre du cabinet de Nelson Mandela. Elle a vécu le passage de l’apartheid vers la démocratie en Afrique du Sud et lutte activement contre le racisme depuis plusieurs années par le biais d’ouvrages, de reportages, de documentaires et de conférences.
Mme Pagé a, à plusieurs reprises, illustré l’aberration sociale qu’est le racisme. « C’est plus de 30 000 gênes qui définissent qui nous sommes et seulement cinq d’entre eux déterminent la couleur de notre peau, souligne la conférencière. Il est ridicule de juger une personne en ne se fiant qu’à cette minuscule caractéristique ». On peut retrouver la plus vieille trace de vie humaine, le berceau de l’humanité, en Afrique du Sud. Comme quoi chacun d’entre nous porte une partie de l’Afrique.
« Pour plusieurs, la différence, c’est l’inconnu et l’inconnu, la peur. Traverser un pont vers la justice sociale, c’est traverser le fleuve de l’ignorance et déchirer les mentalités. » Car au-delà de l’abolition des lois, il y a l’abolition du racisme. Une lutte qui ne s’est pas terminée avec la fin de l’apartheid. « On assiste à un lavage de cerveau social, où les perceptions sont biaisées, autant au niveau du racisme qu’au niveau de l’environnement et des valeurs sociales », exprime la conférencière.
À quelques reprises, Mme Pagé a fait des parallèles entre la révolution africaine et les enjeux démocratiques actuels. « Il est important de redéfinir la richesse, l’Être. Le contraste entre les riches et les pauvres continue de s’intensifier et c’est, selon moi, la plus grande tragédie en ce moment. Il faut investir dans l’humain, miser sur de nouvelles valeurs de société, pas sur l’argent ou les armes ».
Lors de la période de questions, plusieurs sont allés au micro pour adresser leurs interrogations à Mme Pagé. Julie Beaudoin du comité socioculturel a demandé à la conférencière « où commencer pour engendrer le changement? » Ce à quoi elle a répondu que tout commence par des actions. « En Afrique, certaines écoles se sont dotées de comités de réconciliation. Formés d’étudiants, ces comités adressent les problèmes d’intimidation et d’inégalités dans l’école. De cette façon, les plus jeunes sont sensibilisés aux enjeux sociaux et apprennent à trouver des solutions », a rétorqué Mme Pagé.
Une étudiante a demandé à cette dernière si elle avait déjà été victime de racisme lors de ses multiples séjours en Afrique. Celle-ci a répondu que jamais elle n’avait été jugée pour la couleur de sa peau dans les rues africaines. « Les Africains n’ont pas cet esprit de vengeance dont on pourrait s’attendre ». Ceux-ci semblent avoir compris qu’on ne peut vaincre le racisme par le racisme.
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