Huguette Giroux quittera avec le sentiment du devoir accompli
Mardi soir dernier, Huguette Giroux dressait le bilan des 23 dernières années au service du système de santé beauceron. La directrice générale du Centre de santé et services sociaux de Beauce prendra une retraite méritée à la fin du mois après 15 ans à ce poste.
Lors de son dernier conseil d’administration, Mme Giroux dit quitter son poste avec le sentiment du devoir accompli. Cependant, elle avoue franchement que son métier de gestionnaire n’a pas été de tout repos pendant toutes ces années.
Originaire de Québec, Mme Giroux a donc été directrice des soins infirmiers pendant huit ans avant d’être à la direction générale de l’Hôpital de Saint-Georges puis du CSSSB. Elle a été à la fois témoin des multiples remaniements du réseau de santé soit une fusion en 1982, une défusion en 1989 puis la cession des activités de l’hôpital de Beauceville en 1996. « La Beauce a beaucoup souffert dans le milieu de la santé », se rappelle cette dernière
Mme Giroux est devenue la directrice générale de l’Hôpital de Saint-Georges en 1996 en ce moment de crise. À cette époque, la Beauce-Etchemin avait été lourdement affectée par les compressions sauvages du système de santé québécois. En peu de temps, 50 % des lits de longue et de courte durées et 40 % des lits en santé mentale avait disparu dans la région. « On pensait que le système ne fonctionnerait plus. C’était l’enfer, raconte-t-elle. C’était des moments difficiles de vivre dans la peur de perdre des clients… On cherchait beaucoup le sens à tout cela. Ça a été mes moments de ma carrière les plus dramatiques. »
De plus, 345 postes équivalents à plein temps ont été éradiqués de la carte. « Le climat de travail a été difficile et les blessures étaient vives en raison de tous ces changements. On a vécu cela, et on a réussi à redonner un sens au système grâce au personnel », partage la directrice générale sortante.
« La dernière mouvance soit l’intégration des systèmes (CLSC, hôpital et CHSLD) en 2004 a été une très bonne décision », juge après coup Mme Giroux.
Certes, il y a eu aussi d’autres temps difficiles comme le manque de spécialistes en radiologie et en anesthésie. L’urgence et le département d’obstétrique et gynécologie ont aussi connu leur part de difficultés. Ces problèmes d’effectifs sont maintenant choses du passé. « La grosse réussite est d’avoir complété la liste des effectifs médicaux des spécialistes. On sait que nous avons toujours des besoins au niveau des omnipraticiens, mais nous avons rempli la tâche pour les médecins spécialistes. Il nous manque très peu de spécialités. C’est la première grande réalisation », mentionne Mme Giroux.
L’amélioration constante du parc d’équipements de pointe du CSSSB est aussi une grande réalisation selon cette dernière. Le tout avait commencé avec l’arrivée de la tomodensitométrie. Aujourd’hui, ce parc fait maintenant l’envie de plusieurs établissements. Cela a été rendu possible grâce à l’appui du milieu et de la Fondation du Centre hospitalier Beauce-Etchemin. « La dermatologue arrive bientôt et elle sera bien équipée. Plusieurs de ses collègues attendront encore 5 ans avant d’obtenir l’équipement dont elle jouira dès le début de sa pratique ici. C’est grâce à la fondation aussi », explique Mme Giroux.
Un autre dossier qui la rend aussi fière est les liens forts développés avec le temps avec le volet communautaire. « On travaille bien avec nos organismes communautaires et nos partenaires comme les policiers et les municipalités. Il y a beaucoup de liens qu’on tisse pour le citoyen dans la communauté qui a besoin de services. Nous ne sommes pas les seuls à l’aider et à travailler avec lui. Il devient participant à son service de soins de santé. Nous avons de bonnes avancées dans cela, et c’est à continuer », croit la gestionnaire.
Le réseau de santé québécois reconnaît qu'il s'agit d'une grande réussite de la Beauce dans ce domaine aux dires de Mme Giroux. « On nous demande comment vous faites en Beauce. Bien, c’est simple, les Beaucerons travaillent ensemble. Ils ne sont pas élitistes. Ils travaillent au même niveau pour trouver la meilleure solution soit pour le client, la famille ou pour sécuriser un secteur comme l’hébergement pour les aînés. Nous devons être fiers de ce qui a été fait. Cela peut seulement aller qu’en s’améliorant », juge Mme Giroux.
Bien évidemment, le CSSSB n’est pas parfait. Il est en attente d’autorisations gouvernementales et surtout de fonds pour réaménager l’urgence, le département de psychiatrie, éliminer des chambres à quatre patients et régler le dossier du Centre intégré de gériatrie. « Nous avons des problématiques d’un établissement qui grossit et qui a besoin de support, d’immobilisations et d’argent. On réussit à s’en sortir malgré un contexte de rareté de main-d’œuvre. Je pense que le CSSSB a tout ce qu’il faut pour bien avancer. Le recrutement médical est un bon indice de la santé du CSSS et le climat de travail est bon », rapporte la directrice générale sortante.
« Je pense qu’on a réussi quelque chose de beau », conclut Mme Giroux qui passe désormais le flambeau à Marie-Claude Bélanger.
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