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Rencontre avec le taxidermiste Éric Bories

durée 18h00
20 janvier 2021
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Léa Arnaud
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Par Léa Arnaud, Journaliste

Attiré par les grands espaces et la nature, Éric Bories quitte la France en 1997 pour s’établir au Québec. Après l’obtention de sa résidence permanente trois ans plus tard, c’est un travail pour les Pères Nature de Sainte-Marie qui le conduit ici, en Beauce où il deviendra taxidermiste.

Au bout de deux ans dans la région, il achète sa maison sur la rue principale à Vallée-Jonction qui devient également sa boutique et son atelier.

En 1999, Éric commence à suivre des cours de taxidermie. « Quand j’ai rencontré le taxidermiste qui m’a donné des cours, j'ai aimé tout de suite! Ça ne m'a jamais dérangé de plumer un animal, je ne suis pas dédaigneux », a confié Éric lors de notre entrevue.

Un an plus tard, il se lance dans la compétition et apprend ensuite de champions du monde et de champions canadiens.

« J’ai ouvert mon entreprise en 2001 et depuis 2007, je ne vis que de ça. Je suis le seul en Beauce à avoir un business de taxidermie. »

Observateur avant tout
Éric Bories chassait déjà en France, plutôt de petits gibiers comme la perdrix, le sanglier ou les lapins. Ici, il s’attaque à de plus gros gibiers comme le dindon, l’ours, le chevreuil et l'orignal.

Cependant, selon ses mots, être taxidermiste c’est avant tout être observateur. Souvent, il laisse passer plusieurs bêtes durant ces sessions de chasse.

« Je chasse oui, mais j’observe beaucoup », a-t-il expliqué. « Je regarde les attitudes et la démarche des animaux. Je suis souvent avec mon kodak et je prends des photos. »

Les processus de taxidermie
Pour ce qui est du processus de tannage, il commence par enlever la peau et la lave, dans une laveuse tout simplement.

Ensuite, il la fait tremper dans un premier bac, le « prétannage », une grande cuve de sel et d’acide formique. Puis, une seconde cuve comprend la solution de tannage avec du lutan. Le but étant de transformer la peau en cuir souple.

Par la suite, il la laisse sécher, suspendu. Lorsqu’elle est sèche à 80 %, il l'enduit d’huiles deux fois pour nourrir le cuir, « pour ne pas qu'il devienne dur comme la pierre. »

Après ça, il faut faire baratter la peau pendant environ deux heures, la sortir et l’étirer. Ensuite, le taxidermiste change les brans de scie de la baratteuse qui tourne à 16-18 tours par minute, et recommence le processus pour rendre la peau sèche, souple et lustrée.

Pour terminer le travail du cuir, il détoure proprement les contours avec un couteau ou un scalpel.

Et pour ce qui est du processus de naturalisation, Éric commence par prendre les mesures de la tête de l’animal en question. Par exemple, pour un chevreuil, il mesure du nez au coin de l'œil ainsi que le tour de cou. Grâce à ses informations, il peut commander un moule en uréthane. C’est ce qui va donner la forme à l’animal naturalisé, ce sur quoi on coud la peau et on y ajoute également les yeux, en verre.

Une fois la peau prête à être installée sur le moule, c’est un travail minutieux de couture et de peinture qui se fait,  « la finition, c'est le plus important. »

« Par exemple, une tête d’ours , de A à Z, ça me prend 15h environ, le temps d’enlever la peau, la dégraisser, la tanner, la recoudre, faire de belles finitions dans les yeux et le nez, ainsi que la peinture. »

Cet homme peut compter sur l’aide d’un employé qui est là environ trois mois par année et de sa conjointe, qui est principalement chargée de la couture.  

« Tout ce qui est du montage c'est toujours moi qui le fait. Je fais le montage, elle coud et ensuite je fais la finition. »

Comme touche personnelle, il aime simuler des gouttes d’eau, avec de la colle, « ça donne l'impression qu'il a la babine mouillée » justifie-t-il.

Plusieurs facettes
« Environ 80 % de la job c'est des trophées de chasse : ours, orignal, chevreuil, dindons. Et il y a 20-25 % des gens qui veulent acheter des lynx ou des chevreuils, pour décorer leur chalet ou leur maison. C’est de plus en plus populaire. » 

Il travaille aussi les oiseaux, environ 30 à 50 par année. Souvent, il collabore avec des musées qui demandent beaucoup de rapaces, des aigles ou des hiboux, des espèces protégées. 

Le taxidermiste réalise aussi des crânes blanchis, disponibles sur demande ou dans ses boutiques. En effet, en plus de son local à Vallée-Jonction, il a également une boutique au Marché Jean Talon à Québec. On y retrouve aussi des tuques, des peaux, des crânes, des mocassins, des peaux de vache, etc.  

Cependant, après plusieurs mauvaises expériences, il refuse désormais de naturaliser les chats ou les chiens. « Les gens sont très exigeants dans ces moments-là. Ils ont vécu pendant des années avec l’animal, alors c’est normal qu’une fois naturalisé, ça ne leur paraisse pas assez ci ou trop ça. »

Quelques gros projets
Il y a environ 12 ans, Éric Bories a naturalisé un orignal au complet pour le magasin Latulippe de Québec. Cela lui a pris trois jours de travail. « C’est surtout la couture qui a été longue, il fallait que ce soit parfait », a-t-il confié. « Mais après ça m’a pris plus d’une semaine pour monter le décor où on retrouve entre autres de la mousse, de la terre et de l’eau artificielle. »

Mais les plus gros projets qu’il réalise hors demande de particuliers, ce sont surtout des projets pour le cinéma ou la télévision.

« Un jour j’ai monté ce que j’ai appelé un cerf IKEA », a raconté le taxidermiste en souriant « C’était un cerf de Virginie pour le film Eux, il fallait qu’il soit mou, que les pattes bougent. Alors j’ai fait une tête normale et ensuite avec le cuir humide j'ai cousu, avec de la mousse à l'intérieur, en laissant une ouverture sur le ventre. » Dans la scène du film, le chasseur vide l’animal de ses entrailles et l’accroche à un arbre.

Parmi les animaux les moins courants, le taxidermiste de Vallée-Jonction a eu la chance de naturaliser un phoque, un ours polaire, un grizzli, un ours brun, un cerf mulet, un wapiti …  « J’ai fait presque tous les animaux du Canada. »

Pour l'anecdote, un film lui avait commandé un phoque pour un tournage. Cependant, l’animal n’apparaissait plus dans la scène, mais ils ont été obligés de le prendre puisqu’ils l’avaient commandé. Ainsi, le phoque a finalement été la mascotte du plateau! 

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commentairesCommentaires

2

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  • CA
    christian arnaud
    temps Il y a 3 ans
    Bon travail de la journaliste et du taxidermiste. Article interressant le personnage est chaleureux, un article agréable à lire avec de belles photos.
  • LP
    Larissa Prince
    temps Il y a 3 ans
    Terrible qualité de tannage!!!
    J'ai laissé la peau freshe de chevreuil. Il m'a demandé de payer 175$.
    La peau n'était pas sablée. Plein de coupures et plein de trous cousu avec le fils brun.
    Je dirais il était ivre quand il a travaillé ou il a submit ce travail à quelqu'un qui connaît pas comment faire.
    Extrêmement déçue!
    Je recommend aller ailleurs pour avoir bonne qualité pour ce prix de fou!

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