Entrevue avec Christian Duperron
Entre délais et décisions : la pression monte sur les services ambulanciers de la Beauce
Dans la Beauce, comme partout au Québec, le problème des temps de réponse des ambulances pourrait devenir un enjeu majeur dans les années à venir. Christian Dupperon, paramédic et président des Travailleurs Ambulanciers Syndiqués de Beauce Inc. (TASBI), lève le voile sur l'état actuel des temps de réponse dans la région.
Le 12 février dernier, un appel au 9-1-1, venant de la région de Saint-Georges et trié par les répartiteurs médicaux d'urgence comme Priorité 1 (risque immédiat de mortalité) a été pris en charge par des paramédics de Lac-Etchemin. Inutile de rappeler que les deux villes sont séparées de 46 km.
Même si cette situation est qualifiée d'« exceptionnelle » par Christian Duperron, il est néanmoins réaliste de dire que cela pourrait devenir plus fréquent si rien n'est fait pour faciliter le travail des paramédics.
« Au-delà du caractère exceptionnel des situations mises en avant sur la page Facebook 'La Dernière Ambulance', je rajouterais que cela ne devrait pas arriver. Mais prenons par exemple le cas de La Guadeloupe et d’East Broughton où, il y a presque 2 ans, le gouvernement a décidé de modifier les horaires de travail en retirant la couverture offerte de nuit pendant 12 heures. À ce moment-là, oui, il y a une problématique et des risques », a souligné le président de TASBI.
En effet, ces deux municipalités du territoire ne sont désormais plus en mesure de fournir un service de nuit. Cela a un impact direct sur les habitants qui doivent attendre plus longtemps en cas d'urgence.
Les services d'urgence confrontés au vieillissement de la population
Un problème ne venant jamais seul, celui du vieillissement de la population est un des facteurs qui accentue la crise actuelle des délais de réponse. Les paramédics sont en effet confrontés à un nombre croissant de personnes âgées qu'ils doivent transporter d'urgence à l'hôpital. Cela peut parfois allonger un temps déjà précieux pour d'autres urgences.
« Le problème, c'est qu'avec le vieillissement de la population, ce qui était exceptionnel risque de devenir courant et c'est là qu'il y aura un véritable problème », a indiqué Christian Duperron.
Toujours selon lui, il faut aussi faire attention à ne pas tomber dans la facilité en multipliant la présence des premiers répondants, sans pour autant régler le problème de desserte ambulancière.
« Bien qu’on ne puisse pas être contre cela, il faut quand même être prudent si le gouvernement souhaite miser sur une augmentation du nombre de premiers répondants dans les municipalités. Il ne faudrait pas qu'en contrepartie, on retarde l'amélioration de la desserte ambulancière. »
Redonner un pouvoir décisionnel aux paramédics
Pour Christian Duperron, une des solutions envisageables, pour que la situation ne se détériore pas davantage, est de redonner un pouvoir décisionnel aux paramédics.
« Présentement, les paramédics ne peuvent pas amener les personnes à un autre endroit que les urgences. Actuellement, c'est la centrale d'appel qui s'occupe de ça en redirigeant vers une infirmière par téléphone, si le cas est jugé non-urgent. »
« Ce que nous imaginons, c'est peut-être pouvoir nous déplacer pour faire une première évaluation sur place, accompagnés d'une infirmière, pour prendre la décision d'un transport ou non. Par exemple, sur un accident, nous sommes obligés d'emmener la personne à l'urgence, même si parfois cela n'est pas nécessaire. Là aussi, nous pourrions faire une première évaluation sur place pour mieux déterminer la nécessité ou non d'un transport », a-t-il conclu.
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