Opération Enfant Soleil tenait son 21e téléthon le 31 mai et le 1er juin au Pavillon de la Jeunesse à Québec. Sophie Trépanier, jeune beauceronne de Saint-Georges, y participait comme l’une des 19 finalistes au concours de chant jeunes espoirs enfants soleil.

Inscrite dans la catégorie 16 à 21 ans, elle a interprété Chanson pour Nathan de Laurence Gilbert en plus de chanter la chanson d’ouverture du téléthon en compagnie des autres finalistes ainsi que des artistes Joël Legendre, Alex Perron, Karine Robert, Julie St-Pierre, Bruno Labri et Marie-Ève Janvier. Il s’agissait de tout un accomplissement pour la jeune femme, qui, très tôt, a du se battre pour sa vie lorsque diagnostiquée de la leucémie, à l`âge de onze ans. Derrière Sophie Trépanier se cache donc une inspirante histoire de courage, d’espoir et de détermination se devant d’être racontée.

“C’est la leucémie, faites vos bagages, on vous attend à l’Hôtel-Dieu de Québec », a-t-on dit à ses parents lors de l’annonce des résultats d’une batterie de test effectuée sur Sophie. Habitée d’un fort instinct maternel, sa mère, Sylvie Giguère, avait pressenti que sa fille souffrait d’un mal vu son manque d’énergie. « C’est un bouton sur mon épaule, un genre d’abcès, qui nous a poussé à consulter », précise Sophie. Ensuite, des tests sanguins ont révélé une anomalie et le diagnostic est rapidement tombé : miloïde aigu, type de leucémie dont les chances de survie se chiffrent aux alentours du 40%. « J’étais cependant dans la bonne tranche d’âge pour ce type de leucémie, si on peut dire », souligne la jeune Trépanier qui, en plus du chant, occupe ses temps libres par le théâtre et l’écriture.

Il faut le croire car après une séance de chimiothérapie à l’Hôtel-Dieu de Québec, toutes traces de la leucémie avait disparues dans le sang de Sophie. Deux autres traitements de chimiothérapie ont cependant suivi le premier. La guérison complète et définitive de la maladie nécessitait également une greffe de moelle épinière. C’est la sœur de Sophie, Caroline, compatible à 100%, qui a été la donneur lors de cette greffe. L’opération avait lieu à l’hôpital Saint-Justine, la sœur et ses parent ont donc passé l’été dans au Manoir Ronald-McDonald. « Ce fut aussi un été difficile pour Caroline, pas d’ami, pas de vacances », fait savoir Mme Giguère. La greffe s’est effectuée le 26 juillet 2000 et bien réussie, un difficile rétablissement attendait Sophie qui, au cours de son séjour à l’hôpital a attrapé beaucoup de maladies infectieuses comme la fameuse C. Difficile. Pendant deux mois, elle s’est montrée incapable de manger. « Tu ne fais pratiquement que dormir », confie-t-elle. Le 16 septembre, Sophie et toute sa famille rentrait finalement chez eux. Ses visites à l’hôpital n’étaient par contre pas terminées : pour différents traitements, Sophie devait se rendre une fois par semaine à Québec et Montréal, en alternance, jusqu’au mois de novembre. « Du 20 avril au 16 avril, ma fille n’a passé que dix jours à la maison » informe Mme Giguère.

Un lien privilégié
Selon les dires de leur mère, les sœur Trépanier étaient déjà très proches avant la greffe. L’épreuve a cependant encore plus soudé le lien qui les unissait. « À l’hôpital, il n’y avait que Caroline qui réussissait à faire rire Sophie ». En fait, c’est la famille au complet qui a gagné en proximité suite à la maladie de Sophie. À leur retour à la maison, les deux parents et leurs enfants se sont inscrits à des cours de peinture. « Depuis des mois, nous n’étions que deux par deux, un parent avec Sophie, l’autre avec Caroline. Mon conjoint et moi nous sommes également rapprochés, il y a plus de couples qui divorcent suite à une telle épreuve que de couples qui restent unis », raconte la mère. Pour leur part, les soeurs sont encore aujourd’hui très complices. D’ailleurs, lors du dernier téléthon, les participants n’avaient le droit d’inviter qu’une personne en coulisse, Sophie a bien sur choisi sa sœur.

Y voir du positif
Il s’agissait de la cinquième fois que Sophie tentait d’être sélectionnée au concours de chant jeunes espoirs enfants soleil. « Cette fois fut la bonne », dit-elle en souriant. « C’était super enrichissant, c’est une expérience à vivre une fois dans sa vie, être à la télé, côtoyer les artistes, etc. », de poursuivre. Aussi, les sœurs et la mère s’entendent pour déceler des points positifs à cette épreuve. Entre autres, le nombre d’artistes que la famille a rencontrés aux cours de sa guérison et de différents téléthons. Les sœurs se rappellent particulièrement de Francis Reddy, Vincent Gratton, Philippe Fehmiu, Vincent Bolduc, Guillaume Lemay-Thivierge et Claudine Desrochers. « Les artistes qui visitent les enfants malades leur font beaucoup de bien », constate la mère.

De plus, des leçons de vie ont été apprises, par tout le monde. « Je ne vois plus les choses de la même façon, j’essaie de profiter, de voir une leçon dans chaque chose de la vie », confie Sophie. « On essaie de se donner une qualité de vie, d’être dans l’amour et d’être heureux dans ce que l’on fait. », ajoute sa mère. La famille a aussi appris à vivre au jour le jour, avec humour et amour. « On a pleuré deux jours de temps lorsqu’on a appris la nouvelle, on a eu peur. La leucémie ça voulait dire cancer donc mort. Mais après, on a adopté une attitude positive. On ne s’empêchait de rire, de conter des blagues. On essayait de s’amuser quand il y avait de la visite et de dédramatiser. On y allait un jour a la fois, on a décidé de ne pas jouer aux victimes, mais de faire confiance à la vie et d’avancer, de regarder en avant », élabore la mère, une femme forte et colorée.

Payer au suivant
Après cette dure épreuve, la famille se montre maintenant reconnaissante du support qui lui a été apporté en recueillant des fonds pour Opération Enfant Soleil. Pendant cinq ans, les Trépanier ont organisé des campagnes de financement à l’école des Sitelles et parmi les employés de la financière agricole, la mère y travaillant. Le tout consistait à la vente de billets sous la formule moitié-moitié, les prix à gagner étant des tableaux de peinture réalisés par les sœurs. En tout, c’est 14000$ que la famille a remis pour la cause des enfants malades. Les sœurs ont également chanté pour un spectacle-bénéfice au profit de Leucan en septembre 2003. Le père de la famille est présentement président de l’organisme « Ouvre ton cœur à l’espoir », poste que Mme Giguère à elle-même occupé. « Il s’agit d’un organisme venant en aide directement aux parents des enfants malades en payant leurs frais de déplacement, de stationnement et d’hébergement » explique-t-elle. D’ailleurs, un méchoui aura lieu le 5 juillet à Saint-Georges au profit de l’organisme. Pour s’inscrire, il faut communiquer au 222-6044.

Regarder vers l’avant
Sophie entreprendra ses études universitaires l’an prochain en psychologie à l’Université Laval. Ultimement, elle veut devenir psychologue pour enfant. Elle compte bien continuer de s’adonner à sa passion qu’est le chant. Elle qui a déjà été dans la chorale des rossignols sept ans en plus de suivre des cours de chant avec Denis Lamothe, elle a participé à Cégep en spectacle et aux Mercredi étudiant du Cégep Beauce-Appalaches. Et ce, juste pour le plaisir d’être sur scène, juste pour le plaisir de vivre.