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On se fait fourrer*

durée 18h00
11 septembre 2023
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

J’ai déjà eu l’occasion de l’écrire et je me plais à l’écrire à nouveau : je hais les pétrolières et les propriétaires de stations-service qui s’en mettent plein les poches en exploitant les consommateurs.

Je les hais tellement que, des fois, j’aurais envie de programmer mon réveille-matin pour m’éveiller la nuit pour les haïr encore plus. 

Des exemples vécus

Du 14 au 16 août dernier, mon épouse et moi, en compagnie d’un couple d’amis, nous sommes tapés une petite virée dans la région Magog-Orford. Au départ, mon réservoir d’essence n’était rempli qu’à moitié.

Mes amis, qui ont l’habitude d’aller dans cette région, ont suggéré de ne pas faire le plein à Saint-Georges, car, généralement, l’essence coûte moins cher en Estrie. Au départ de Saint-Georges, l’essence coûtait 1,784/litre.

En chemin, j’ai pu constater que le prix du litre d’essence auprès d’une même compagnie variait de 1,749 à 1,829, une différence de 8 cents/litre. Sur un plein de 50 litres, cela représente une différence de 4 $. Les prix variaient d’une municipalité à l’autre. 

Dans l’édition du 30 août dernier de l’Éclaireur-Progrès, le journaliste Éric Gourde relevait une différence de 9,3 cents/litre entre Beauceville (1,749 $) et Saint-Georges (1,842 $) en date du 23 août.

Le 30 août dernier, je dois aller à Québec et le tableau de bord de mon auto m’indique que je dispose d’une autonomie d’essence de 95 kilomètres. Je me suis rappelé que des amis m’avaient fait part qu’une station-service Shell de Saint-Lambert, située à proximité de l’autoroute 73, vendait son essence à un bien meilleur prix que partout ailleurs dans la région.

Lorsque j’ai quitté Saint-Georges, la station Shell où j’ai l’habitude de faire le plein indiquait un prix de 1,842 $/litre. À Saint-Lambert, la station Shell affichait un prix de 1,67,2 $, une différence de 17 cents/litre. Vous avez bel et bien lu : une différence de 17 cents/litre. Sur un plein de 55 litres, j’ai épargné 9,35 $. 

Et pourtant, à 1,672/litre, le propriétaire de la station-service de Saint-Lambert réalise encore un profit. Comment expliquer une telle différence de prix pour un même produit vendu par la même compagnie? Tout simplement par la cupidité, l’appât du gain des propriétaire des stations-service de notre région.

Des profits exagérés

Lorsque le Gouvernement québécois a créé la Régie de l’énergie du Québec pour surveiller les coûts de l’énergie, je me rappelle qu’un lobby de propriétaires indépendants de stations-service avait fait des pressions auprès de la Régie pour qu’elle consente un profit de 3 cents/litre afin de réaliser un bénéfice «raisonnable.» Or, depuis quelques années, le 3 cents de profit a été multiplié par quatre à cinq fois. 

Récemment la Régie de l’énergie du Québec mentionnait que les marges moyennes les plus élevées prélevées par les stations-service au Québec en 2022 se situaient dans les régions de la Capitale nationale (13,4 cents/litre) et Chaudière-Appalaches (13,5 cents/litre). Dans l’ensemble du Québec, la marge moyenne était de 10,4 cents/litre.

Mais nous n’avions encore rien vu. Au cours des cinq premiers mois de 2023, dans ces deux mêmes régions, la marge moyenne est passée à 15,2 cents/litre dans la Capitale nationale et à 13,9 en Chaudière-Appalaches, alors que, dans l’ensemble du Québec, la marge moyenne était de 9,7 cents/litre. Peut-on encore parler d’un profit raisonnable? Poser la question, c’est y répondre.

La semaine dernière, Alimentation Couche-Tard, l’entreprise qui possède des milliers de dépanneurs avec un service d’essence, dévoilait des résultats qui dépassaient toutes les attentes. La direction expliquait qu’une grande partie de ses profits provenait d’une marge brute de 13,25 cents/litre réalisée sur ses ventes d’essence.

Pour remercier ses clients, la direction de Couche-Tard a décidé, durant une journée, d’offrir un coupon-rabais de 10 cents/litre sur un prochain plein. C’est comme si on était gêné d’avoir réalisé un si important profit grâce à des marges si élevées et que l’on décidait d’offrir un petit cadeau, histoire de se faire pardonner. Mais, dès le lendemain, le prix à la pompe continuait d’être aussi élevé.

Aucune autre compagnie pétrolière n’a fait preuve de la même générosité que Couche-Tard et je ne m’attends pas à ce que cela se produise. On préfère plutôt continuer à engranger des profits à coup de milliards de dollars sur le dos de consommateurs qui, bien souvent, n’ont pas le choix de se déplacer en véhicule comme c’est le cas dans notre région où nous ne disposons pas de services de transport en commun.

À quoi s’attendre?

Il y a quelques semaines, le Députés Samuel Poulin a déploré les prix élevés de l’essence dans notre région. Son confrère et ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a demandé à la Régie de l’énergie de se pencher sur la question et d’enquêter sur les importantes variations qui prévalent d’une région ou d’une municipalité à une autre.

Je vous avoue bien humblement que mes attentes ne sont pas très élevées quant aux résultats de cette enquête qui tardera à nous présenter ses conclusions. Et, pendant ce temps, les prix continueront d’être au plafond et tous les Jos Bleau que nous sommes continueront à se faire arnaquer par des pétrolières avides de profits.

*Je suis conscient que mon titre pourrait choquer quelques âmes sensibles, mais, à un moment donné, il ne faut pas hésiter à appeler un chat un chat.

Pensée de la semaine

Je dédie la pensée de la semaine à celles et ceux qui sont impliqués dans la fixation des prix de l’essence :

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