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Quand le jugement prend le bord

durée 18h00
20 novembre 2023
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

La semaine dernière, plusieurs personnalités du monde politique québécois nous ont fourni des exemples patents démontrant que la faculté de jugement prend parfois le bord, ce qui donne lieu à des prises de décisions qui nous laissent pantois.

5 à 7 millions pour les Kings à Québec

Moins d’une semaine après avoir déclaré que le Québec s’apprêtait à vivre des mois difficiles et que les finances de l’État disposaient d’une marge de manœuvre limitée, le ministre des Finances, Éric Girard, avait le sourire fendu jusqu’aux oreilles pour annoncer que le Gouvernement s’engageait à verser de 5 à 7 millions de dollars (5 à 7 M$) pour que les Kings de Los Angeles puissent venir disputer deux parties de présaison au Centre Vidéotron à Québec.

Alors que cette équipe de la LNH se cherchait des arénas pour tenir son camp d’entraînement étant donné que son stade ne sera pas disponible à l’automne 2024, voilà que Québec se porte volontaire et ouvre grand son portefeuille.

Il s’agit pourtant du même portefeuille que l’on dit limité quand vient le temps de financer les banques alimentaires, pour augmenter les salaires de ses employés et ainsi de suite.

Il est vrai que 5 à 7 M$ sur un budget global de 139 milliards de dollars (139 G$), c’est une goutte d’eau dans l’océan (.005 %), mais le geste amène de l’eau au moulin de celles et ceux qui se battent pour obtenir du financement du Gouvernement afin d’améliorer les services à la population. 

Et lorsqu’une telle décision survient au moment où le Gouvernement négocie avec ses employés en disant que ses finances sont limitées, ça ne convainc personne.

Dépenses somptuaires à Montréal

Des dirigeants de la Ville de Montréal ont également fait preuve d’un manque de jugement dans la gestion de leurs dépenses. 

L’ex-Présidente Dominique Ollivier, la Présidente actuelle Isabelle Beaulieu et le Secrétaire général de l’Office de Communication politique de Montréal (OCPM) ont mené une vie de jet-set au cours des dernières années aux frais des contribuables.

Les repas bien arrosés et les voyages un peu partout sur la planète étaient devenus la norme pour ces dirigeants, et cela malgré des avis du Vérificateur général de la Ville questionnant de telles dépenses somptuaires. Plutôt que de se réunir dans les bureaux de l’organisme, on préférait se retrouver autour d’une bonne table pour discuter. 

Lorsque les médias de Québecor ont dévoilé la situation, les dirigeants ont été pris les culottes à terre, tentant de se défendre en disant que c’était la norme. 

Devenue Présidente du comité exécutif de la Ville de Montréal, Dominique Ollivier a remis sa démission de ce poste et le Conseil municipal entend mettre l’organisme sous tutelle et congédier les dirigeants fautifs. 

Mais pourquoi un tel comportement aura duré aussi longtemps et pourquoi aura-t-il fallu une dénonciation par les médias pour que l’on s’attaque finalement au problème? 


Quant à la Mairesse de Montréal, Valérie Plante, elle s’est excusée et a promis de rembourser des dépenses de vin de 538 $ défrayées lors d’un souper de 12 personnes à Vienne, en Autriche, en avril dernier. Disant avoir commis «une erreur de bonne foi» et qualifiant cela «d’inacceptable», pourquoi Madame Plante a-t-elle attendu plus de six mois pour promettre un remboursement. Serait-ce parce que c’est le temps qu’il a fallu aux médias de Québecor pour rendre publique cette dépense?

Catherine Dorion

L’ex-Députée de Québec solidaire, Catherine Dorion, a attiré l’attention la semaine dernière avec la publication d’un livre «Têtes brulées, carnet d’espoir punk», un brûlot de 376 pages dans lequel elle reproche au reste de la planète les malheurs de sa brève expérience politique.

Tout le monde y passe : Gabriel Nadeau-Dubois, Manon Massé, l’ensemble de la classe politique québécoise, les médias, alouette. Si elle n’est pas parvenue à mettre de l’avant ses idées, c’est toujours la faute des autres.

Pourtant, tout au long de sa brève carrière politique, Madame Dorion a toujours su faire en sorte que la forme l’emporte sur le fond. Si certaines de ses idées auraient mérité un accueil positif, malheureusement pour elle, son style provocateur et contestataire faisait ombrage à ses idées.

Et, pour quelqu’un qui crache sur les médias, je comprends mal pourquoi, au cours des derniers jours, elle a multiplié les entrevues un peu partout. Est-ce que j’exagère en prétendant que, puisqu’elle a un livre à vendre, Catherine Dorion souhaite profiter de toute la publicité gratuite que lui valent ces entrevues?

Finalement, comme bien d’autres avant elle, Catherine Dorion est disposée à mettre une sourdine à sa trompette quand ses intérêts personnels sont en jeu. 

Les cerfs de Longueuil

La saga des cerfs de Longueuil, qui dure depuis plus de trois ans, a pris une tournure particulière dernièrement alors que la Mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a reçu des menaces de mort. Rien de moins.

Des cerfs de plus en plus nombreux qui menacent l’écosystème du parc Michel-Chartrand devraient être abattus. Malgré toutes les opinions favorables de divers organismes de protection de la faune pour une telle mesure, quelques opposants, parmi lesquels on retrouve l’avocate Anne-France Goldwater, se sont livrés à une véritable saga judiciaire dans le but de préserver la vie des cerfs.

Pourtant, tous les recours judiciaires ont abouti à la même conclusion : la Ville de Longueuil est dans son plein droit de procéder à l’abattage des cerfs en question.

Suite au dernier jugement, des personnes ont menacé de mort la Mairesse de Longueuil, laquelle doit présentement bénéficier de la protection de la police.

Je m’explique mal comment des gens qui souhaitent préserver la vie de certaines bêtes soient en même temps disposées à menacer de mort un être humain. 

En une seule semaine, tant d’exemples d’un manque de jugement me fait peur.

Pensée de la semaine

Je nous dédie, à toutes et tous, la pensée de la semaine :

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