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Une dictature prend forme à nos portes

durée 18h00
29 septembre 2025
duréeTemps de lecture 5 minutes
Par
Pier Dutil

En un peu plus de huit mois, après avoir créé le chaos dans l’économie mondiale avec ses tarifs douaniers, Donald Trump est en voie de mettre en place rien de moins qu’une dictature aux États-Unis, nos voisins.

Si vous croyez que j’exagère et que je m’affole pour rien, poursuivez la lecture de cette chronique et vous serez en mesure de développer votre propre opinion.

Le pays de la liberté

Le 4 juillet 1776, lorsque les États-Unis ont acquis leur indépendance, les dirigeants de l’époque ont mis en place une Constitution faisant de ce pays un exemple mondial de démocratie et de liberté.

Quinze ans plus tard, le 15 décembre 1791, l’adoption du premier amendement interdisait au Congrès de faire des lois susceptibles de restreindre la liberté de religion, de parole, de presse et le droit de s’assembler pacifiquement.

Aux yeux de toutes et tous, les États-Unis devenaient le pays où tous les rêves étaient permis. Le pays a été peuplé par des immigrants venus de toutes les parties du monde à la recherche de la liberté.

La fin d’une époque

249 ans plus tard, ce pays de liberté est en voie de devenir une dictature sous le joug de son Président, Donald Trump. Ce dernier ne cache même pas ses intentions.

Toujours dans la Constitution américaine, on prévoit une séparation des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Or, Trump est en train de saccager tout cela, gouvernant par décrets, ignorant le Congrès qui est devenu une machine rampant face aux volontés du Président et assujettissant à ses quatre volontés le système de justice américain.

En guerre contre les médias qui osent le critiquer, Trump traite les journalistes «d’ennemis du peuple», lance des poursuites de 15 milliards de dollars (15 G$) contre le New York Times et de 10 G$ contre le Wall Street Journal, menace des réseaux de télévision de leur retirer leur licence, exige le congédiement de journalistes ou d’animateurs, etc.

Il s’attaque également au système de justice en congédiant des procureurs et des juges qui n’adoptent pas des décisions qui le favoriseraient. La semaine dernière, après avoir congédié un procureur qui refusait de porter des accusations contre l’ancien directeur du FBI, James Comey, faute de preuves suffisantes, il a nommé l’une de ses anciennes avocates à un poste pour lequel elle n’a pas les compétences pour que cette dernière lance des poursuites contre James Comey. Et, selon Trump, cela n’est qu’un début parce qu’il souhaite que la justice américaine lance des poursuites contre ceux qu’il qualifie d’ennemis. Il utilise la justice pour exercer sa vengeance.

Tout cela après avoir coupé les vivres à plusieurs universités qu’il accuse d’être trop à gauche, congédié la statisticienne en chef chargée de publier les chiffres reliés au marché de l’emploi parce que les chiffres n’étaient pas à son goût. Il a tenté la même chose, sans succès à date, avec le Président de la Réserve fédérale (la Fed), Jerome Powell, qui ne réduit pas les taux d’intérêt assez vite à son goût. Il demande également à la NASA de détruire les satellites, lancés à coût de millions de dollars, qui fournissent des données sur l’émission des gaz à effet de serre (GES) sur le territoire américain. Au lieu de consulter les messages lancés par des organismes, Trump préfère tirer sur les messagers.

Le roi du monde

La semaine dernière, devant l’assemblée générale de l’ONU, Donald Trump s’est comporté comme un matamore critiquant l’organisme dont il contribue à perturber le fonctionnement en utilisant son veto au Conseil de sécurité et en refusant de verser la part du budget que son pays doit assumer.

Dans un discours fleuve de 56 minutes, alors qu’on lui en avait accordé 15, il s’est attaqué aux pays européens, affirmant que ces derniers se dirigent rien de moins qu’en «enfer». Il a aussi affirmé que le réchauffement climatique était «la plus grande arnaque jamais menée contre le monde.»

À tort, il s’est attribué le mérite d’avoir mis fin à de nombreuses guerres, ajoutant que cela devrait suffire pour qu’il obtienne le prix Nobel de la paix en novembre prochain. 

À l’écouter, Donald Trump est devenu le roi du monde.

Et ce n’est pas tout

La veille de sa prestation à l’ONU, accompagné de son ministre de la Santé, Robert Kennedy Jr, il s’en est pris au Tylenol, affirmant que ce médicament était dangereux, risquant de transmettre l’autisme au fœtus, cela malgré l’ensemble de la communauté scientifique qui affirme le contraire, le tout basé sur de multiples études. 

Voilà maintenant Trump et Kennedy, des incultes dans le domaine de la science, qui se permettent de semer la crainte auprès des femmes enceintes qui hésiteront à soigner leurs souffrances. 

Je m’en permets une petite dernière pour parler de la tentative de récupération de l’assassinat de l’influenceur conservateur Charlie Kirk lors des funérailles de ce dernier.

Alors qu’Erika Kirk, épouse de la victime, déclarait pardonner à son assassin le meurtre de son mari, elle ajoutait : «La réponse à la haine n’est pas la haine, mais toujours l’amour.» Dans les minutes qui ont suivi, Donald Trump a prouvé qu’il n’avait rien compris du message de la veuve Kirk en affirmant qu’il détestait ses ennemis. 

Les gestes posés au cours des jours qui ont suivi ont prouvé que Donald Trump n’était pas capable de se comporter en véritable chef d’État rassembleur, incitant ses commettants à faire preuve de réserve.

L’histoire se répète

On dit souvent que l’histoire se répète et, de ce temps-ci aux États-Unis, nous en avons une démonstration évidente.

Et j’en veux pour preuve plusieurs documentaires présentés sur les ondes de RDI dans le cadre de l’émission «Les Grands Reportages» au cours des derniers mois montrant comment Hitler et Poutine ont pris le pouvoir au sein de leurs partis et de leurs pays pour installer des dictatures dont on peut compter les victimes par dizaines de millions.

Je tiens à préciser que je ne prétends pas que Donald Trump souhaite aménager des camps de concentration et des goulags pour éliminer ses ennemis ou toutes celles et tous ceux qui ne pensent pas comme lui, mais il faut toujours se méfier d’un dictateur imbu de lui-même.

Et je dois vous avouer que, voir une dictature en train de s’installer à quelques kilomètres de chez moi m’inquiète fortement.

Courage

Il ne reste que 1 225 jours au mandat de Donald Trump.

Visionnez tous les textes de Pier Dutil

Pensée de la semaine

Je dédie la pensée de la semaine à Donald Trump :

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