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Ces politiciens qui s'accrochent

durée 18h00
13 octobre 2025
duréeTemps de lecture 5 minutes
Par
Pier Dutil

Alors qu’il est parfois difficile de trouver des volontaires intéressés à s’impliquer en politique, d’autres  s’accrochent à leurs postes, se croyant indispensables et ne sachant quand se retirer avant d’être poussés vers la sortie.

Dans cette chronique, je me permettrai de traiter de trois cas récents : Joe Biden, Justin Trudeau et François Legault. 

Dans les deux premiers cas, l’histoire a mal fini. Quant au troisième cas, rien ne laisse poindre une fin plus heureuse.

Joe Biden

Né en 1942, Joe Bident se lance en politique à l’âge de 31 ans, devenant sénateur de l’état du Delaware en 1973. Il est réélu à six reprises avant de devenir le Vice-Président de Barack Obama en 2009, poste qu’il a occupé jusqu’au 20 janvier 2017.

Refusant de se présenter à la présidence en 2016, il laisse la place à Hilary Clinton qui affrontera Donald Trump. Ce dernier l’a emporté.

Mais voilà que Biden rebondit en 2020 en devenant le candidat démocrate qui affronte Donald Trump. Il l’emporte et devient le 46e Président des États-Unis, à l’âge de 78 ans.

Tenant compte de son âge, lors de la campagne à la Présidence, il affirme vouloir devenir un Président de transition qui se contentera de faire un seul mandat.

Pourtant, à l’approche de l’élection de 2024, malgré ses 82 ans et une santé chancelante qu’il tente de cacher, mais qui devient de plus en plus apparente, Joe Biden décide de faire campagne à nouveau, prétendant être le seul capable de battre Donald Trump.

Au cours des mois qui ont suivi, la grogne au sein du parti démocrate s’est amplifiée, les pressions sur Bident pour lui demander de se retirer se sont faites de plus en plus nombreuses, mais Biden résiste.

Finalement, à un peu plus de 100 jours de l’élection, Biden finit par céder aux pressions de plusieurs grands ténors démocrates et annonce son retrait.

Malheureusement, ce retrait tardif ne permet pas la tenue d’une véritable course u sein du parti démocrate pour choisir un candidat ou une candidate. On choisit donc de se rabattre sur la candidature de la Vice-Présidente, Kamala Harris, qui dispose de peu de temps pour rallier toutes les forces démocrates.

Comme moi, vous connaissez la fin de l’histoire qui ramène à la Maison Blanche Donald Trump.

En s’accrochant au pouvoir, Joe Biden a grandement nui à son parti et il peut être identifié comme le grand responsable de la défaite des démocrates. Après un peu plus de 50 ans en politique, Joe Biden aura terni sa réputation en s’accrochant au pouvoir, ne sachant laisser la place à la relève.

Justin Trudeau

Le cas de Justin Trudeau diffère de celui de Joe Biden, mais la fin de l’histoire ressemble beaucoup à celle de l’ex-Président américain.

Entré en politique en 2008 à titre de Député libéral de Papineau à Ottawa à l’âge de 37 ans, Justin Trudeau devient chef du Parti libéral du Canada (PLC) en 2013. Le fait d’être le fils de l’ex-Premier ministre Pierre Elliott Trudeau fut un atout pour Justin Trudeau tout au long de sa carrière. S’il s’était appelé Justin Dutil, il n’aurait certainement pas connu la même carrière.

À la surprise générale, sous sa direction, le Parti libéral prend le pouvoir à l’élection de 2015. Il sera réélu de façon minoritaire en 2019 et 2021.

Son dernier mandat se déroule dans un climat plus ou moins houleux et la grogne s’installe au sein du PLC suite à des sondages désastreux laissant entrevoir une défaite humiliante lors de l’élection à venir.

Les pressions sur Justin Trudeau l’invitant à quitter son poste se font de plus en plus insistantes. Au début, quelques députés, sous le sceau de l’anonymat, disent souhaiter son départ. Puis, une pétition d’une trentaine de députés libéraux qui n’hésitent pas à s’afficher ajoute aux pressions. Le mouvement prendra de l’ampleur jusqu’au coup fatal qui sera porté par la démission de la ministre des Finances, Chrystia Freeland. Trudeau n’a plus le choix et il annonce son départ. 

Heureusement pour le PLC, le retrait du chef laisse amplement de temps pour organiser une course à la chefferie qui se termine par l’arrivée de Mark Carney. 

Là encore, le reste de l’histoire est bien connu et les Libéraux sous la direction de Mark Carney, sont réélus, formant un Gouvernement minoritaire. Ce résultat indique clairement que les électeurs canadiens en voulaient davantage à Justin Trudeau qu’à son parti.

Mais, comme pour Joe Biden, le fait que Justin Trudeau se soit accroché à son poste attendant d’être forcé de quitter, laissera un souvenir négatif sur sa carrière. 

François Legault

Pour François Legault, la politique est une vocation tardive. Il y arrive en 1998, à plus de 40 ans, nommé ministre par Lucien Bouchard deux mois avant d’être élu Député. 

Au sein du PQ, il occupe divers postes de ministre, notamment à l’Éducation et à la Santé. Il démissionne en 2009, mais continue de s’intéresser à la politique, allant même jusqu’à fonder son propre parti, la CAQ, en novembre 2011. Il fait un retour comme Député en 2012.

Il accèdera à la fonction de Premier ministre en 2018 dans un premier mandat perturbé par la COVID-19, mais bénéficie d’un vaste appui populaire le menant à une réélection fortement majoritaire avec 90 députés en 2022.

Mais depuis, c’est la débandade. Les multiples changements d’idées dans de nombreux dossiers, dont le fameux 3e lien, la création d’agences comme celle de la Santé, l’embauche de quelque 10 000 nouveaux fonctionnaires alors qu’il avait promis d’en réduire le nombre et d’autres promesses non réalisées ont contribué à créer un fort mécontentement auprès des électeurs. Dans plusieurs dossiers, les bottines de François Legault ne suivent pas ses babines.

Depuis, la position de la CAQ dans les sondages ne cesse de dégringoler au point qu’aujourd’hui, si des élections avaient lieu, la CAQ ne récolterait qu’à peine 15 % des votes et risquerait fort de ne faire élire aucun député. C’est du jamais vu.

Pourtant, François Legault affirme haut et fort qu’il entend mener ses troupes lors de la prochaine élection prévue pour octobre 2026. 

Lors du dernier congrès de la CAQ tenu fin septembre, des voix d’insatisfaction se sont fait entendre discrètement, mais cette grogne naissante n’annonce rien de bon pour le chef caquiste.

Quand il parle de son maintien à la tête de la CAQ, François Legault prend soin d’ajouter que cela dépendra de son état de santé et de l’appui populaire.

Je ne connais pas le bilan de santé de François Legault et cela ne me regarde pas, mais du côté de l’appui populaire, rien ne va plus pour le Premier ministre. Osera-t-il s’accrocher jusqu’à la défaite? L’avenir le dira. 

Personnellement, je m’attends à une décision de sa part au retour de la période des Fêtes, ce qui laisserait suffisamment de temps aux membres de son parti pour lui trouver un successeur. S’il persiste à demeurer en poste, comme bien d’autres, il finira sa carrière négativement, n’ayant pas su quitter quand il le fallait.

Courage

Il ne reste que 1 211 jours au mandat de Donald Trump.

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