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À force de brasser de la merde tout le monde finit par puer

durée 18h00
24 novembre 2025
duréeTemps de lecture 4 minutes
Par
Pier Dutil

S’il y a une chose dont le Parti Libéral du Québec (PLQ) et son nouveau chef, Pablo Rodriguez, n‘avaient pas besoin de ce temps-ci, c’est bien d’une crise à l’interne. Et, comme si une crise ne suffisait pas, le PLQ se retrouve aux prises avec trois crises.

Les libéraux feraient mieux d’attacher solidement leurs tuques, car la turbulence promet d’être forte.

Rizqy VS Hinse

Lundi dernier, à la surprise générale, la cheffe parlementaire du PLQ, Marwah Rizqy, annonce le congédiement de la directrice de cabinet de son aile parlementaire, Geneviève Hinse.

Dans les heures qui suivent, on apprend que Madame Rizqy n’avait pas pris la peine d’informer son chef, Pablo Rodriguez, de ce congédiement. Pourtant, c’est Pablo Rodriguez qui avait nommé Geneviève Hinse à ce poste. Madame Hinse était une proche du nouveau chef libéral qui l’avait suivi d’Ottawa à Québec.

Quant à savoir les motifs à la base de ce congédiement, mystère et boule de gomme. Madame Rizqy fait mention d’une «faute grave», sans plus.

Des sources diverses mentionnent qu’il pourrait s’agir de l’utilisation de fonds publics réservés à l’usage de l’aile parlementaire qui auraient servi à payer des dépenses qui devraient être assumées par le PLQ, mais cela n’est pas confirmé.

Il s’ensuit des rencontres entre Madame Rizqy et Monsieur Rodriguez qui aboutissent par le congédiement de la Députée Rizqy à titre de cheffe parlementaire et sa suspension du caucus libéral. Tout cela contribue à ébranler fortement les colonnes du temple libéral.

Finalement, Geneviève Hinse dépose en Cour supérieure une poursuite contre Marwah Rizqy lui réclamant rien de moins que 500 000 $ pour l’avoir congédiée «sans fondement».

Les textos de Québecor

Aux lendemains de l’éclatement de la crise due au congédiement de Geneviève Hinse, voilà que le Bureau d’enquête de Québecor publie des textos anonymes laissant entendre que des organisateurs de Pablo Rodriguez auraient payé des membres du parti pour avoir voté en faveur de leur candidat lors de la course à la chefferie qui a couronné Pablo Rodriguez au poste de chef du PLQ avec 52,3 % des votes en juin dernier.

Dans ces textos non-identifiés, il est question de «brownies», terme que l’on peut traduire par un «brun», soit une billet de 100 $.

Même si les textos en question ne sont toujours pas identifiés, ni authentifiés, la station de radio montréalaise FM 98,5, propriété de Cogeco Média, a osé lancer deux noms qui pourraient être reliés à ces textos. Il s’agit de la Députée libérale Sonia Lakhoyan Olivier et de la Députée caquiste Alice Abou-Khalil qui a été suspectée de discussions avec des dirigeants libéraux pour joindre le PLQ.

Comme il fallait s’y attendre, tout ce beau monde a nié être impliqué dans cette affaire. De son côté, Pablo Rodriguez affirme : «Je n’ai rien à me reprocher». «Je n’ai rien fait de mal». 

Mais, cette affaire de «brownies» versés à des membres libéraux, si elle devait être confirmée, nous a permis d’apprendre que cela est tout à fait légal lors d’une course à la chefferie d’un parti politique au Québec. 

Cependant, il importe de mentionner qu’une telle pratique est illégale dans le cadre d’une élection partielle ou générale.

Une saga juridique

Dans le cas des textos, comme dans celui de l’affaire Rizqy VS Hinse, en plus d’une enquête externe lancée par Pablo Rodriguez, la justice sera fortement sollicitée. Pablo Rodriguez menace de poursuivre le Journal de Montréal pour obtenir les noms des auteurs des textos et la Députée libérale Sonia Lakhoyan Olivier menace de poursuivre Cogeco Média pour l’avoir identifiée comme l’une des autrices potentielles des textos. Tout cela en plus de la poursuite de Madame Hinse contre Madame Rizqy.

Une fronde à l’horizon?

Comme si tout cela ne suffisait pas, voilà que dimanche, La Presse+ nous apprend qu’un groupe formé de dix militants libéraux songe à exiger la tenue d’un Conseil général au cours duquel serait présenté le rapport de l’enquête externe lancée par Pablo Rodriguez. Un vote de confiance à l’égard du chef pourrait aussi avoir lieu.

Pour que la tenue d’un Conseil général soit exigée, l’article 34 des règles du PLQ dit : «Le Conseil général se réunit aussi sur demande de 500 membres ayant droit de vote ou de 25 associations.»

Comme pas hasard, les tenants de cette démarche seraient des libéraux qui soutenaient la candidature de Charles Milliard qui a terminé au deuxième rang lors de la course à la chefferie libérale.

S’il devait avoir lieu, le Conseil général ne pourrait être tenu avant quelques mois, soit au cours du premier trimestre de 2026. Assistons-nous à une fronde qui pourrait mener à un putsh visant à renverser le chef Rodriguez? À quelques mois d’une élection générale, cela serait presque suicidaire pour le PLQ.

Il est trop tôt pour mesurer tous les impacts de ces affaires sur le PLQ, son nouveau chef et les personnes directement ou indirectement impliquées, mais, chose certaine, quand il est question d’éthique au PLQ, une lumière rouge s’allume. 

Il suffit de rappeler les conclusions des Commissions Bastarache sur la nomination des juges et Charbonneau sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction pour dire qu’au PLQ, il est toujours difficile de laver plus blanc que blanc. On semble avoir l’éthique élastique au PLQ.

Alors que le PLQ progressait lentement dans les sondages, atteignant la deuxième place, derrière le PQ, voilà que ces affaires créent une forte turbulence au sein du parti, turbulence qui finira également par ébranler l’électorat.

L’arrivée de nombreuses poursuites juridiques à divers niveaux contribuera à prolonger la présence de ces affaires dans l’actualité, cela à moins d’un an de la prochaine élection générale au Québec prévue pour le 5 octobre 2026.

D’ici là, parions qu’il nous sera difficile de connaître la vérité dans toutes ces affaires.

On verrait des situations identiques dans un film ou une télésérie et on trouverait que l’auteur en a beurré épais. Pourtant, on est dans la réalité, je dirais même une triste réalité.

Courage

Il ne reste que 1 169 jours au mandat de Donald Trump.

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Pensée de la semaine

Je dédie la pensée de la semaine aux membres du PLQ :

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