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Ce n'est pas d'hier qu'on entend le nom de la cordonnerie Fiset, Vézina en parlait déjà dans son livre sur l'histoire de Saint-Georges publié en 1935. Même auparavant, dans une publicité parue en 1922, le premier Fiset qui s'est annoncé spécifiait que son atelier était «en arrière de la Banque Royale», c'était Thimotée (photo 3). Et finalement, dans les années '40, un autre du même nom a pris la relève, Jean-Jules Fiset. Il était le fils de Thimotée.
Leur cordonnerie était située en arrière de la rangée de commerces de la 1re avenue dans le secteur de la Banque Royale, dans la ruelle à côté de Carignan (près du ruisseau d'Ardoise). La première photo nous montre le couple Timothée Fiset et son épouse Éva Breton sur leur galerie, constatant l'état désolation causée par l'inondation dévastatrice survenue le 23 avril 1939. Examinez bien la photo: on aperçoit une forme de botte du côté gauche de la porte, insigne indiquant un commerce de cordonnier. La 2e photo (probablement antérieure à la précédente, car les époux semblent plus jeunes) nous montre le même couple posant devant leur résidence.
Après sa retraite, c'est leur fils J.J. (né en 1924) qui a pris la relève, vers 1940, et ce dernier exerça son métier dans un petit bâtiment d'un étage situé au bout (gauche) de la résidence. On le voit sur la 4e photo, dans sa jeunesse, avec une jambe sur le trottoir en bois, en compagnie de son ami et voisin Sarto Carignan (J.J. est celui de droite). On remarque la fameuse enseigne de botte derrière lui, signifiant que la cordonnerie est toujours là. La 5e photo illustre la même résidence qui a un peu perdu de son lustre, elle semble avoir mal vieilli, étant régulièrement victime des débâcles printanières (la botte est rendue à droite de la porte!). On voit à sa droite l'édifice de la banque Royale. Ces cordonniers ont même commandité un panneau de bande de patinoire en 1941 (photo 6).
En 1953, alors qu'il avait 15 ans d'expérience dans le travail du cuir, J.J. fonda la «Ganterie Beauceronne», dont la spécialité était la fabrication de gants et de mitaines de travail en cuir et en coton, ainsi que des sacs d'écoliers et autres en cuir. Il a eu une équipe de quelques employés, car ses produits étaient vendus dans plusieurs régions du Québec, dont la Gaspésie et les Cantons de l'Est. Au début, il fabriquait dans son local de cordonnier. Puis il s'installa dans la 128e rue en 1957, année au cour de laquelle il vendit le local de sa cordonnerie initiale à M. Roland Fortier. Voyez ses publicités de 1953 et de 1957 à la photo 7. Il ferma sa ganterie en 1960 et revint à son métier initial de cordonnier. Il alla installer son nouvel atelier sur la 2e avenue dans un local entre le magasin Sévigny et l'hôtel Hermandi (photo 8).
Par ailleurs, le cordonnier Roland Fortier a exercé son métier dans l'ancien local des Fiset près de la banque Royale à partir de 1957. À ce sujet, il faut savoir qu'en 1974, lors d'importantes rénovations et de l'agrandissement de la Banque, cette dernière a dû acheter le terrain et la petite bâtisse de ce cordonnier Fortier. Celui-ci a accepté, à condition de pouvoir continuer d'y exercer son métier. La Banque a donc aménagé à l'arrière une partie séparée dans laquelle, il a pu exercer son métier pendant longtemps, jusqu'à sa retraite. Une rareté incroyable: un cordonnier qui exerce son métier dans une banque! On aura tout vu. Quel souvenir.
Photos 1, 2, 4 et 5 du fonds Marthe Bégin. Photo 6 du fonds Marcel Veilleux. Photos 7 et 8 du fonds Éclaireur-Progrès. Recherches de Pierre Morin et de Paulin Poirier. Texte de Pierre Morin.
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