Les services de taxis de la Beauce pourraient-ils survivre à Uber?
Alors que le modèle économique traditionnel des services de transport est secoué par le succès de l’application Uber, est-ce que les taxis de la Beauce pourraient survivre à l’entreprise américaine si celle-ci étendait son offre jusque dans les régions? Idem pour Taxibus qui est soutenu financièrement par la Ville de Saint-Georges.
Tout d’abord, il faut savoir qu’Uber est une application mobile qui met en contact une personne souhaitant obtenir un service de transport avec un conducteur à proximité. Ce dernier, qui effectue des raccompagnements rémunérés de façon occasionnelle, n’a pas à obtenir de classe ou de permis de taxi, ni même d’assurance professionnelle. Évidemment, cette façon de procéder soulève les foudres des chauffeurs de taxi qui voient fondre leurs revenus au soleil. Ils accusent également la compagnie californienne d’effectuer et d’encourager le transport illégal de personnes.
Le ministre des Transports Jacques Daoust indique quant à lui que le gouvernement du Québec souhaite entendre les deux parties en commission parlementaire, mais souligne qu’Uber est un phénomène mondial qui est là pour rester.
De son côté, le Regroupement des travailleurs autonomes Métallos a récemment déposé une demande auprès de la justice pour littéralement interdire les activités d’Uber sur le territoire du Québec. Advenant le cas où l’entreprise soit contrainte de se retirer, il ne serait toutefois pas surprenant de voir apparaître plusieurs émules de l’application comme cela a notamment été le cas dans l’industrie de la musique avec Napster.
Alors que rien ne semble arrêter l’« Uberisation », un service comme Taxibus à Saint-Georges, par exemple, serait-il en mesure de faire compétition à l’application mobile qui prendra d’assaut tôt ou tard les services de transport dans la région?
Taxibus
Taxibus comprend 750 bornes numérotées sur le territoire de Saint-Georges.
Afin d’obtenir un service de raccompagnement, un membre doit réserver par téléphone au moins une heure à l’avance son transport en mentionnant son numéro d’usager, ses numéros de borne de départ et d’arrivée, ainsi que l’heure de départ désirée selon la grille horaire de Taxibus. L’embarquement et le débarquement se font uniquement aux bornes numérotées.
Pour pouvoir bénéficier du service, une carte d’abonnement au coût de 5 $ par année est nécessaire. Par la suite, il en coûte 4 $ au tarif régulier pour un déplacement ou 90 $ mensuellement pour un laissez-passer. Pour les étudiants et les 65 ans et plus, il en coûte 2,50 $ de la course ou 60 $ pour le laissez-passer mensuel.
De son côté, Uber propose des tarifs pouvant aller jusqu’à 50 % de moins cher que le tarif régulier d’un taxi. Le pourcentage varie d’un endroit à l’autre tout dépendant de l’offre et la demande. À cet égard, il est nettement plus avantageux d’opter pour un modèle comme Taxibus à Saint-Georges, mais le géant américain pourrait faire mal à l’ensemble de l’industrie du taxi de la région en offrant son application à la grandeur de la Beauce.
Malgré le contexte actuel qui pousse à croire que les taxis traditionnels régionaux en prendraient pour leur rhume avec l’arrivée d’Uber, le modèle de Taxibus pourrait sans aucun doute survivre en raison de ses bas prix. Dans les faits, il est possible de maintenir ces taux stables grâce entre autres à un soutien financier municipal (environ 500 000 $ par année) ainsi que l’aide gouvernementale provinciale (170 000 $).
Contrer Uber
Dans l’optique d’offrir aux citoyens un service abordable tout en protégeant les emplois locaux, une réflexion s’avère nécessaire à savoir comment contrer Uber avant que le service ne s’impose sur le territoire.
Alors que le géant américain exploite son application au cœur même du Web mobile, les services de taxis en général n’acceptent que les demandes téléphoniques. Or, en 2016, il est nécessaire de s’étendre dans une multitude de canaux de communication si l’on souhaite atteindre un plus large public. Ainsi, une application mobile ou même un site Internet amélioreraient grandement l’accès au service. Chez Taxibus, on compte d’ailleurs effectuer des développements en ce sens, indique Jean McCoullough, membre du Conseil d’administration de l’organisation. En offrant le service à plus de gens via ce moyen de communication, on augmenterait ainsi les possibilités de jumelage qui font en sorte de rendre le service rentable.
Par la suite, l’une des forces d’Uber est sa présence sur les vastes territoires urbains. Advenant l’arrivée d’un tel service dans la région, il serait fort possible de voir son offre s’étendre à l’échelle de la Beauce par exemple. À cet égard, une association entre les différents postes de taxis de la région pourrait s’avérer nécessaire afin d’offrir une plus grande couverture de secteurs à prix raisonnable. Quant à Taxibus, pourquoi ne pas offrir le service à la grandeur de la MRC Beauce-Sartigan, puis éventuellement, jusqu’en Robert-Cliche et en Nouvelle-Beauce? Cela nécessiterait sans doute de revoir la structure même du service, mais donnerait aux citoyens une option intéressante en matière de transport.
Pour l'industrie du taxi au niveau régional, il n’y a pas d’invasion barbare pour l'instant. Uber n’est pas encore aux portes de la Beauce. Toutefois, au lieu d’attendre d’être frappés par ce joueur qui dicte les nouvelles règles du jeu, les différents acteurs de l’industrie du taxi de la région ont maintenant l’opportunité de chercher des solutions pour contrer l’entreprise californienne puisque l’application n’est offerte que dans les grands centres au moment d’écrire ces lignes. La crise que vit l’industrie du taxi dans les grandes villes démontre toutefois que le statu quo n’est plus acceptable dans la nouvelle économie et qu’il est nécessaire, plus que jamais, de s’adapter pour survivre.
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À peine biaisé contre Uber non? Il manque juste un "Heureusement"