La Première vice-présidente région de l'Est de la Fédération Desjardins, Liliane Laverdière, a dressé un constat réaliste de la situation économique qui guette nos PME québécoises et beauceronnes lors du dernier Midi-rencontre Desjardins tenu hier à l’auberge Benedict-Arnold. La main-d’oeuvre est une denrée rare puisque 70 % des entreprises ont de la difficulté à combler rapidement les postes dont ils ont besoin. Selon Mme Laverdière, le plus important défi de l’industrie devra être relevé par les ressources humaines pour recruter et retenir le personnel qualifié.

Les ressources humaines auront donc un grand rôle à jouer pour que notre économie aille mieux. Mme Laverdière soutient que les entreprises doivent s’attarder à ces trois aspects. « La pénurie de la main-d’œuvre qui a des impacts très graves au point de vue économique. En plus de manquer d’employés, nous allons manquer de patrons. De l’importance de l’innovation dans un contexte de mondialisation pour nos PME », a-t-elle souligné.

La pénurie de main-d’oeuvre
La conférencière a d’abord cité une étude de la Fédération canadienne des entreprises indépendantes (FCEI) pour illustrer combien le manque de main-d’œuvre affecte notre économie. Celle-ci estime que 40 % de nos PME doivent laisser filer des occasions d’affaires faute de main-d’œuvre qualifiée. « Plus de la moitié des entrepreneurs se disent très inquiets. Vous êtes nombreux à devoir engager du personnel non qualifié pour respecter vos contrats », constate Mme Laverdière

Deux facteurs majeurs causent le manque de main-d’œuvre le vieillissement de la population ce qui entraîne un déclin démographique. « Après le Japon, le Québec est le 2e endroit au monde où les gens vieillissent rapidement. En Chaudière-Appalaches, on vieillit encore plus vite que le Québec », souligne Mme Laverdière. De 2001 à 2011, on prévoit que sur le territoire, l’âge médian passera de 38 à 42 ans tandis qu’au Québec, l’âge médian atteindra à cette période 41 ans.

Toutefois, Chaudière-Appalaches peut se réjouir que le taux de naissances est de 11 % soit 3 % de plus que la moyenne provinciale. Il reste cependant près de 35 000 emplois à combler du notamment au départ à la retraite des baby-boomers.

Mme Laverdière a aussi souligné que l’on doit axer davantage sur ses solutions soit la formation professionnelle, la formation en entreprises, capacité d’attirer des immigrants et d’être flexible pour les baby-boomers. Elle suggère aussi aux entrepreneurs d’être reconnu comme un employeur de choix.

Manque de patrons aussi!
Si le Québec manque de main-d’œuvre, elle manquera aussi de patrons puisque la plupart des chefs d’entreprise vieillissent également. « Le principal défi de faire découvrir leur potentiel entrepreneurial, pour inciter la plupart d’entre eux, soit à reprendre les rênes d’une entreprise déjà existante ou à créer leur propre entreprise. Sachant que toutes les PME représentent 98 % de nos entreprises au Canada. La plupart des entrepreneurs sont âgés de 45 à 70 ans dont 60 % prendront leur retraite dans les prochaines années. Ce sera la première fois au Québec que l’on va assister à autant de transfert d’entreprises », note Mme Laverdière.

De plus, elle a rappelé qu’en Beauce, un entrepreneur mettra 80 000 heures pour bâtir son entreprise, 400 heures pour effectuer la planification fiscales, mais elle investira seulement 6 heures pour planifier la relève entrepreneuriale. « Si nous souhaitons éviter qu’une région comme la Beauce soit incapable d’assurer la succession des entreprises locales, et si nous voulons conserver notre patrimoine entrepreneurial, nous devons nous attarder dès maintenant à l’identification, à la planification et à la formation de la relève », qualifie la première vice-présidente et conférencière de renom chez Desjardins.

Le Québec va s’en sortir grâce à l’innovation
Les pressions du dollar canadien face à nos exportations font mal présentement à certaines industries, mais selon Mme Laverdière, les PME québécoises s’en sortiront grâce à l’innovation. Elle appuie ses dires sur une citation d’un des grands penseurs, Henry Minztberg. « En raison de la globalisation de l’économie et de la stagnation de sa démographie, le Québec à d’énormes défis à relever. Nous allons devoir miser sur les forces du Québec, sur l’innovation, sur ce qui distingue et surtout sur les PME, moteur économique important de notre économie pour tirer avantage du marché mondial », cite Mme Laverdière.

Donc, elle incite donc les entreprises locales à penser différemment. « Je demeure confiante que l’on relèvera nos défis d’innovation, mais il faudrait cibler nos vrais concurrents. Il ne faut plus voir notre voisin comme un compétiteur, mais bien comme une entreprise québécoise à laquelle je peux m’associer puisqu’ensemble nous serons plus forts pour vraiment investir dans l’innovation. Quelque part dans le monde, il y a quelqu’un qui veut notre marché », souligne-t-elle.

La conférencière a aussi pris le temps de souligner que les entreprises doivent changer leurs modèles d’affaires pour évoluer et survivre. D’ailleurs, elle a cité Canam comme exemple qui a changé sa philosophie lors de temps difficiles. Son président et chef de l’exploitation, Marc Dutil sera le conférencier invité d’un colloque sur l’économie le 18 octobre au Centre des congrès de Québec.