Les producteurs forestiers du Québec et de la Beauce passent à travers la pire crise de leur histoire. Hier, cent membres de l’Association des propriétaires de boisés de la Beauce (APBB) ont crié haut et fort leur mécontentement au gouvernement du Québec. Les pertes en région ont atteint en 2007 près de 12 millions $. La situation a assez duré selon le président Marc-Yvon Poulin. C’est pourquoi ils ont joint leurs voix à 700 autres propriétaires forestiers de la province afin que le gouvernement intervienne le plus rapidement possible.

Organisée par la Fédération des producteurs de bois du Québec et l’Union des producteurs agricoles, on souhaite que l’État instaure des mesures concrètes et plus efficaces pour les soutenir en cette période de crise forestière. Cette initiative coïncidait avec l’ouverture du Sommet sur l’avenir du secteur forestier québécois qui se tient à Québec.

Malgré de nombreux avertissements et des cris d’alarme lancés par les producteurs boisés, le gouvernement a fait la sourde oreille. « Il fallait leur secouer les puces », mentionnait le président Poulin. L’APBB représente 12 000 membres des 130 000 producteurs de boisés au Québec.

Cette crise forestière a des impacts économiques très négatifs sur la région en plus d’avoir des répercussions négatives sur les usines de transformation et la baisse de volume de matériaux disponible en région. « En 2007 les producteurs beaucerons ont perdu 12 millions $. Ça s’est traduit par des baisses de revenus et des pertes d’emplois », précise M. Poulin.

« Pour certains, il s’agit d’un revenu d’appoint. Les producteurs forestiers qui gagnent leur vie de la forêt sont les plus touchés par ces baisses. À l’approche des Fêtes, certaines familles auront de la difficulté à arriver. Ça me fait encore plus de peine à voir cela », déplorait le président.

Plan de relance
Les revendications des producteurs boisés sont simples. Ils réclament leur place sur la mise en marché du bois telle qu’édictée dans la Loi sur les forêts. Les dispositions législatives stipulent que la priorité doit être accordée à la forêt privée dans l’approvisionnement de l’industrie ce qui n’est pas le cas présentement selon M. Poulin. Le gouvernement n’a toujours pas appliqué les pouvoirs prévus dans cette loi pour assurer des débouchés au bois des propriétaires forestiers. De plus, ils souhaitent aussi l’équité puisque les entreprises oeuvrant sur les forêts publiques ont obtenu de l’aide financière de l’État. « Il existe un gros paradoxe entre les deux présentement », commente le président de l’Association.

M. Poulin propose donc un plan de relance pour la mise en valeur des forêts privées. Il comporterait des investissements de 30 millions $ échelonnés sur trois ans soit de 5 millions $ la première année, de 10 millions $ l’année suivante pour monter à 15 millions $. « Ces investissements permettraient aux producteurs de boisés de mettre en valeur les forêts privées et de promouvoir ainsi le développement durable. Ce serait un plus pour la collectivité », remarque M. Poulin.

Beaucoup de bruits à la manifestation
Le point culminant de la manifestation est la mise aux enchères de trois chargements de bois invendus provenant de la Gaspésie, l’Abitibi-Témiscamingue et le Bas-Saint-Laurent devant le parlement. Le bois de la forêt publique concurrence fortement celui de la forêt privée « Il y avait beaucoup de bruits », raconte le président.

Cette fois, M. Poulin espère que le message sera compris par les parlementaires. Toutefois, il se dit déçu qu’aucun député, ministre, ni attaché politique du Cabinet ne soit venu saluer les manifestants. « Je le déplore. Nous ne sommes pas les itinérants de Montréal, mais bien des producteurs forestiers », insiste-t-il.

Par respect et fierté
Donc, 99 membres répartis dans trois autocars ont manifesté devant le parlement. Le président de l’APBB se disait fier de ses membres qui ont agi dans le plus grand des respects lors de cette manifestation sans tracas. « Les producteurs n’ont pas été frileux. Ils ont démontré leur fierté, et que les producteurs de boisés beaucerons ont à cœur leur forêt. De plus, le tout s’est fait dans un esprit de discipline malgré cette crise qui sévit », disait M. Poulin.