Le rapport de la Commission sur l’avenir de l’agriculture et de l’agroalimentaire laisse perplexe le président de l’UPA
Le président de la Fédération de l’UPA de la Beauce, Jean-Denis Morin, dresse un bilan mitigé de la publication du rapport de la Commission sur l’avenir de l’agriculture même s’il contient de bonnes intentions. Toutefois, il suggère que plusieurs sujets doivent être débattus en profondeur. Le défi sera grand et les producteurs sont prêts à changer des choses dans la mesure où les perspectives sont réellement porteuses d’avenir.
Le président a d’abord critiqué la proposition de remettre en question l’accréditation syndicale de l’UPA. La position de M. Morin est claire : « … on n’y retrouve rien qui n’avantagerait la représentation multiple des agriculteurs, ni l’efficacité de leurs interventions. À qui profiterait réellement la division des producteurs et productrices agricoles, alors que leur nombre diminue sans cesse? ».
De plus, il indique que l’Ontario fonctionne de cette façon. « L’agriculture de l’Ontario ne va guère mieux qu’ici même elle rêve d’avoir un système comme le Québec », poursuit M, Morin
Selon M. Morin, le danger de ce rapport est de voir uniquement sur la remise en question de l’accréditation syndicale de l’UPA. « Je crois que ce serait passer à côté des vrais problèmes », pense ce dernier.
De bonnes recommandations
Néanmoins, le président de l’UPA de la Beauce est d’avis que ce rapport contient des recommandations qui méritent d’être évaluées, mais tient à rappeler qu’elles ne règlent en rien, à court terme, les difficultés financières qu’éprouvent actuellement les producteurs de porcs et de bovins. « Oui, il faut réajuster notre agriculture pour un avenir meilleur. Il faut aussi s’assurer de le faire avec les producteurs agricoles », réitère le président de l’UPA de la Beauce.
Plusieurs éléments du rapport conviennent même avec les idées de l’UPA de la Beauce soumises dans son mémoire. La Commission propose également réciprocité des règles encadrant la qualité et l’innocuité des aliments importés face à ceux de chez nous, la gestion de l’offre; le support aux services-conseils, tant individuels que collectifs, l’identification des produits du Québec et le concept de souveraineté alimentaire et promouvoir l’achat local.
Le président a tenu à souligner que des producteurs beaucerons ont fait ce virage dans la commercialisation de leurs produits avec des réseaux qu’ils développent eux-mêmes tels les marchés publics, des comptoirs de distribution, ou encore un marché de solidarité où le consommateur peut commander ses produits par Internet. « Il s’agit d’initiatives fort intéressantes qu’il faut continuer d’encourager », constate M. Morin.
Promouvoir l’agriculture verte
La Commission propose d’accorder des compensations pour supporter la production agricole dans un meilleur respect de l’environnement. Il s’agit d’après le président d’un sujet de société à débattre. De telles orientations ont été maintes fois exprimées par les producteurs agricoles, eux qui investissent depuis plusieurs années dans la gestion de leurs fertilisants avec des écoconseillers, la protection des bandes riveraines, la réduction de l’utilisation des pesticides, la protection des puits...
M. Morin s’inquiète que le modèle proposé est calqué sur un modèle européen alors que le Québec vit un contexte bien différent. « L’Europe supporte bien plus l’agriculture que le Canada. Ici, l’État est de moins en moins interventionniste », remarque-t-il. La Commission propose «des éléments intéressants toutefois il regrette qu’elle ne recommande pas à l’État d’investir davantage. Il s’agit là d’une grossière erreur selon le président.
Pour ce qui est de l'aménagement du territoire, M. Morin se questionne sur les propositions du Rapport Pronovost. Celles-ci risquent de créer le morcellement des terres agricoles tel qu’en Europe. « Il ne faut pas créer des problèmes non plus », pèse M. Morin.
Un monde d’illusion
Il y a une vingtaine d’années, l’ouverture sur les marchés devait lancer l’agriculture sur la voie de la prospérité selon M. Morin. Il souligne que l’Union des producteurs agricoles était parmi les groupes à questionner les conséquences d’une adhésion au libéralisme économique mur à mur. « On nous promettait mer et monde. Toutefois, cela a plutôt créé des riches que de la richesse », déplore M. Morin. Il a cité l’exemple Olymel de Vallée-Jonction.
Aujourd’hui, il constate même l’affaiblissement des revenus agricoles des producteurs, ici comme ailleurs. « De plus en plus d’agriculteurs se voient forcés de prendre un revenu à temps partiel, c’est un signal cela », indique le président de l’UPA.
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