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Pier Dutil

Où sont les parents?

durée 18h00
19 mai 2025
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Par Pier Dutil

Je suis conscient que cette chronique ne contribuera pas à me faire de nouveaux amis auprès de certains parents, mais parfois, quand il faut appeler un chat un chat, on ne doit pas hésiter et c’est pourquoi je fonce tête première dans le sujet.

Cependant, d’entrée de jeu, je me permets une petite réserve. Quand, dans mon titre, j’écris «…les parents», il serait peut-être plus juste de mentionner «certains parents». À vous de juger.

Pourquoi un projet de loi?

Récemment, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a déposé à l’Assemblée nationale un projet de loi qu’il souhaite faire adopter avant la fin de la session parlementaire prévue en juin.

Le projet en question comporte deux volets : l’interdiction du téléphone cellulaire sur les terrains de l’école et le vouvoiement du personnel scolaire par les élèves.

Même si plusieurs écoles au Québec ont déjà adopté des règlements encadrant l’utilisation des téléphones cellulaires en classe, à l’intérieur de l’école et/ou sur les terrains de l’école, il s’agissait là d’initiatives particulières.

La décision du ministre d’adopter une mesure généralisée interdisant l’utilisation des téléphones cellulaires sur les terrains des écoles est justifiée, car elle facilite la tâche des directions d’écoles et des Centres de services scolaires.

La situation est claire : à compter de la rentrée scolaire de septembre prochain, pas question d’utiliser un téléphone cellulaire à l’école primaire et secondaire.

Bien sûr, cela a soulevé de la grogne chez plusieurs étudiants et même chez certains parents. Des étudiants ont même lancé la menace d’une grève qui, finalement, n’aura entraîné que quelques dizaines d’étudiants dans de rares écoles. Rien pour téléphoner à sa mère

Parmi les arguments mis de l’avant par l’une des grévistes, Angélina Samson, 16 ans, ceci : «Maintenant, toute notre vie est sur nos téléphones.» Ayoye!

Vous imaginez-vous une adolescence prétendre que toute sa vie (16 ans) se retrouve sur son cellulaire? Si elle vit jusqu’à 80 ans, elle aura sans doute besoin d’un cellulaire doté d’une mémoire énorme pour contenir toute sa vie.

Si, au départ, cet argument me fait sourire, il est tout de même révélateur de l’espace qu’a pris le cellulaire dans la vie de nos jeunes. Et cela m’inquiète. Si on met toute sa vie sur son cellulaire, ce que font aussi des adultes que je connais, qu’arrivera-t-il le jour où vous perdrez votre cellulaire ou qu’on vous le volera? Il y a beau y avoir des codes d’accès, il en faut plus que cela pour arrêter les voleurs.

Je comprends que l’interdiction du cellulaire à l’école forcera plusieurs jeunes à changer leurs habitudes, mais cela leur donnera aussi l’occasion de développer leur faculté d’adaptation.

Surtout que, dans la vaste majorité des cas où l’on a déjà interdit les cellulaires à l’école, on a noté d’importantes améliorations dans le comportement des jeunes, dans leur concentration en classe, dans leur socialisation dans les espaces communs, etc. Même qu’une majorité de jeunes reconnaissent aujourd’hui que cette mesure est une bonne chose et que l’on ne souhaite pas revenir en arrière.

Instruction VS Éducation

Si je reconnais la nécessité d’une loi pour interdire le cellulaire à l’école, je me questionne à savoir si on a vraiment besoin d’une loi pour imposer le vouvoiement du personnel scolaire par les élèves.

À mes yeux, il s’agit là d’une mesure élémentaire de politesse et de respect. 

Et la politesse, ce n’est pas à l’école qu’on devrait l’enseigner, mais plutôt dans la famille. À l’école, on devrait l’appliquer.

Mais, aujourd’hui, les parents ont tendance à «domper» à l’école tout ce que l’on souhaite enseigner aux enfants. C’est à l’école qu’on devrait leur enseigner à nager, c’est à l’école qu’on devrait leur enseigner la politesse et ainsi de suite.

Le rôle de l’école, c’est de fournir l’instruction, à savoir donner des connaissances nouvelles permettant aux élèves d’ouvrir leurs œillères, d’apprendre à développer des champs d’intérêt leur permettant plus tard de choisir ce qu’ils veulent faire de leur vie. On meuble leur cerveau, on met à leur disposition un coffre d’outils dans lequel ils choisiront ceux dont ils auront besoin tout au long de leur vie.

Quant à l’éducation, c’est la responsabilité du milieu familial. L’éducation, ça enseigne la façon de se comporter en société, le savoir-vivre, le respect des autres, etc..

Durant mes années au travail, lorsque venait le temps d’embaucher un nouvel employé, trois éléments étaient pris en compte : le savoir (les connaissances acquises), le savoir-faire (l’habilité à utiliser les connaissances acquises) et le savoir-être (est-ce que la personne saura s’adapter à l’équipe déjà en place et devenir un plus pour l’équipe en question).

Si les deux premiers éléments peuvent relever de l’instruction, donc de l’école, le troisième, et souvent le plus important au moment de choisir un candidat, relève de la famille.

Aujourd’hui, quand des enseignants se font baver, insulter, engueuler par des élèves et parfois même par des parents, ce n’est pas normal. Quand ces mêmes enseignants se font lancer des objets, donner des coups, bousculer, cracher dessus, mordre et j’en passe, cela est INTOLÉRABLE.

La hausse de la violence à l’égard du personnel scolaire ne cesse de croître depuis quelques années. En 2024 seulement, 1 149 plaintes d’enseignants ont été acceptées par la CNESST. Et ce n’est là que la pointe de l’iceberg, car la grande majorité des actes de violence ne font pas l’objet de plaintes.

Le rôle des parents dans l’éducation des enfants demeure et demeurera toujours de toute première importance. C’est au sein de la famille que le savoir-vivre doit s’apprendre. Aujourd’hui, les parents sont fort occupés. Les deux travaillent, certains pour subvenir à leurs besoins élémentaires, les autres pour s’offrir un niveau de vie élevé et, dans les deux cas, cela est légitime.

Mais ces exigences de la vie que l’on s’impose n’amoindrissent pas la responsabilité qu’ont les parents à l’égard de leurs enfants, des êtres qu’ils ont choisi de mettre au monde.

Pour que le respect prenne sa place dans notre société, on ne devrait pas avoir besoin d’une loi.

Un proverbe africain dit : «Il faut tout un village pour élever un enfant.» Que chacun fasse sa part.

Courage

Il reste encore 1 351 jours au mandat de Donald Trump.

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Pensée de la semaine

Je dédie la pensée de la semaine aux parents qui se sont sentis insultés par cette chronique :

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