Nouveau livre
Un regard neuf sur l’histoire du bâti populaire en Beauce avec Sophie Quirion
Ce dimanche 26 octobre, dans l’ambiance chaleureuse du Marius B. Musée de Saint-Joseph-de-Beauce, l’auteure Sophie Quirion lançait son tout premier livre : BOOMTOWN. Petite histoire du bâti populaire en Beauce.
Un ouvrage qui jette une lumière nouvelle sur une architecture longtemps négligée, mais omniprésente dans les villages québécois. EnBeauce.com est allé à sa rencontre pour en savoir plus sur ce livre historique et ses recherches.
Née à Saint-Georges, la doctorante en histoire de l’art ne pensait pas, au départ, concentrer sa recherche sur la Beauce. « J’avais vendu l’idée d’un projet sur le boomtown à l’échelle du Québec. Mais en fouillant dans les archives et en allant à une conférence, j’ai réalisé à quel point on en avait en Beauce. »
Ce revirement a été important pour la région, car cette dernière n’avait pas connu d’étude d’envergure sur son patrimoine bâti depuis les années 1990. L’architecture, souvent réduite aux églises, couvents ou manoirs, y laisse peu de place aux constructions populaires.
Le boomtown, une architecture du quotidien
Le style boomtown se reconnaît à ses grandes façades rectangulaires « à la western », ses vitrines commerciales en rez-de-chaussée, et ses logements à l’étage. Construit en bois, orné simplement mais efficacement, ce type de bâtiment s’impose dès la fin du XIXe siècle.
« Ce n’étaient pas des architectes qui dessinaient ces maisons, mais des commerçants, des gens ordinaires. Alors on ne leur a pas accordé de valeur particulière. »
C’est justement ce caractère populaire, modeste, qui rend ce patrimoine si précieux, et si vulnérable. Changement d’usage, abandon, démolition… les exemples sont nombreux.
Une histoire beauceronne et... féminine
Au fil de ses recherches, Sophie Quirion est tombée sur des récits inattendus, comme celui de la maison Adrienne-Lemieux à Saint-Éphrem. « C’est une maison-commerce qui a toujours appartenu à des femmes. La première propriétaire était une femme, la suivante aussi, et aujourd’hui encore, c’est une femme. »
Ce constat l’a amenée à avoir une réflexion sur les rôles féminins et masculins dans ces bâtiments. En effet, les maisons boomtown commerces et lieux de vie ont parfois été investies par des femmes, alors que les garages boomtown, plus rustiques, restaient des lieux très masculins.
Un thème qu’elle aurait aimé creuser davantage, mais qu’elle laisse en suspens, peut-être pour un futur projet.
Une frontière Beauce-États-Unis moins étanche qu’on ne le croit
La proximité avec les États-Unis, et plus précisément le Maine, a aussi influencé ce bâti. En traversant la frontière, l’auteure a eu une surprise.
« On arrive à Jacksonville, et on voit exactement les mêmes bâtiments que chez nous. C’est frappant. La frontière était presque invisible à l’époque. »
Bois de sciage exporté vers les États-Unis, arrivé du train, ouvriers qui voyagent, tout semblait favoriser une influence réciproque. L’architecture locale en est le reflet.
Pour un avenir à visage humain
Ce que Sophie Quirion espère, c’est que son livre fasse lever les yeux. Elle invite les lecteurs à remarquer ces bâtiments qui font encore partie du paysage, souvent sans qu’on y prête attention. Leur préservation, selon elle, va bien au-delà de la mémoire architecturale, elle touche à l’avenir même des villages.
« Quand on valorise les bâtiments des rues principales, on valorise aussi les usages. C’est une chance de revitaliser les noyaux villageois. »
Car derrière les façades de bois, ce sont aussi les commerces, les liens sociaux et la vie de proximité qui sont en jeu. Et pour elle, l’histoire du bâti, c’est d’abord une histoire humaine.
Le livre BOOMTOWN Petite histoire du bâti populaire en Beauce est disponible dès maintenant sur le site internet de la Fédération Histoire Québec.

