Avec trois Beaucerons
Un moteur digne de la NASA, conçu par des étudiants québécois
Trois jeunes Beaucerons viennent de signer une page d’histoire dans le domaine de l’ingénierie spatiale étudiante. Avec l’équipe Sirius de l’Université de Sherbrooke, Matis Poulin, William et Samuel Simard ont contribué à la conception de PYROS 1, le tout premier moteur à propulsion liquide avec refroidissement régénératif jamais conçu par une équipe universitaire au Canada.
Ce projet a été présenté au mois d’août lors de la compétition Launch Canada, qui s'est tenue du 16 au 22 août en Ontario, et qui rassemble chaque année les meilleures équipes étudiantes du pays. EnBeauce.com a rencontré Guillaume Béland, chef technique du projet et Matis Poulin, étudiant en génie électrique.
Si la fusée n’a pas encore pu être lancée, l’équipe a réalisé deux mises à feu de leur moteur qui ont marqué les esprits.
« Pyros 1, ce n’est pas seulement un moteur à propulsion liquide, il intègre aussi une technologie de refroidissement régénératif, utilisée depuis longtemps par la NASA mais jamais développée par des étudiants ici », a lancé Guillaume Béland.
Le refroidissement régénératif consiste à faire circuler le carburant autour de la chambre de combustion avant son injection, permettant de refroidir la paroi tout en optimisant l’efficacité du moteur. À cela s’ajoute une innovation de taille : la chambre de combustion a été entièrement imprimée en 3D métal, une technique encore très rare, même dans les compétitions internationales.
Visionnez quelques mises à feu du moteur Pyros 1 :
Des centaines d’heures de travail
Pour Matis Poulin, étudiant en génie électrique, l’expérience a été exigeante, mais formatrice.
« On parle de centaines d’heures de soir et de fin de semaine par personne. Pour nous, c'était un peu plus long car nous avions nos cours. On parle de beaucoup d'heures pour ce projet »
Les délais de fabrication, le manque de ressources pour simuler des pièces aussi complexes et la complexité du système ont représenté de véritables obstacles. Mais malgré tout, en un an, PYROS 1 est passé de simple idée à moteur testé devant des juges et experts.
La compétition a aussi offert un moment fort à l’équipe : les mises à feu du moteur. « À chaque décompte, tout repose sur un seul bouton. C’est très intense, un mélange de fierté et de stress », a raconté Guillaume Béland. Matis se souvient notamment d’un test qui a semé le doute :« On a vu une énorme boule de feu, puis beaucoup de fumée… On a cru que ça n’avait pas fonctionné. Mais en touchant le moteur, on s’est rendu compte que la combustion avait été tellement complète qu’on n’avait même pas vu la flamme. »
Cette performance a même impressionné les juges et les experts présents lors de la compétition. « Ils nous ont dit qu’ils n’avaient jamais vu une équipe étudiante travailler aussi rapidement et efficacement avec un moteur aussi complexe, surtout pour une première fois », a ajouté le chef technique de l'équipe.
Et maintenant ?
Même sans lancement, l’expérience est jugée comme un succès. « Nous avons obtenu énormément de rétroaction et plusieurs experts veulent maintenant collaborer avec nous », a indiqué Guillaume Béland.
La prochaine étape ? Une année de tests, d’améliorations et de communication pour perfectionner PYROS 1 et faire rayonner cette innovation. Mais aussi une importante recherche de commandites, essentielle pour financer des projets de cette ampleur.
Il est possible de suivre la suite de l'aventure de Pyros 1 sur la page Facebook Sirius - Université de Sherbrooke. À noter aussi que les entreprises intéressées à collaborer avec l'équipe peuvent les contacter directement.