Procès de Pedro-Antonio Ovalle Leon : les victimes et les proches expriment leurs émotions lors des représentations sur sentence
Les proches de Dereck, partant de la gauche, Caroline Blouin, cousine, Lise Bolduc, grand-mère, Vicky Coulombe, mère, et Natacha Bolduc, tante.
Martin Bolduc, le père de Dereck Bolduc-Coulombe, décédé le 22 août 2015 à Scott.
Me Audrey Roy-Cloutier a demandé une peine de 8 à 10 ans d'emprisonnement.
Mélinda Guay-Dionne, l'une des survivantes de l'accident, à la fin de cette éprouvante journée d'audience.
C’est hier à Saint-Joseph que les représentations sur sentence ont eu lieu dans le cadre du procès du travailleur agricole saisonnier, Pedro-Antonio Ovalle Leon, qui, le 22 août 2015, fauchait la vie de deux jeunes Beaucerons, Dereck Bolduc-Coulombe et Louis-David Fournier, sur la route 171 à Scott. Les deux autres occupants de la voiture qui ont survécu à de graves blessures, mais qui sont toujours lourdement marqués par ce drame, étaient présents dans la salle.
Mélinda Guay-Dionne et Gabriel Langlois assistaient en effet à l’audience en matinée, mais n’ont pu supporter la lecture d’une lettre lue par Ovalle Leon dans laquelle il relatait une enfance difficile dans son pays natal du Guatémala et affirmait qu’il priait pour les jeunes et les familles des victimes et que, du plus profond de son cœur, il suppliait qu’un jour, on puisse lui pardonner. Les deux jeunes se sont levés et ont quitté la salle, incapables d’en entendre plus.
La mère et la tante de Dereck Bolduc-Coulombe se sont également fait entendre en lisant une lettre qu’elles avaient écrite et Me Audrey Roy-Cloutier, procureure de la Couronne, a résumé les propos de Mélinda et Gabriel, propos que ces derniers exprimaient également dans un texte qu’ils avaient rédigé.
Le deuil se fera peut-être après la sentence, peut-être pas
En après-midi, alors que les procureures, Me Marie-Michèle Longchamps officiait pour la Défense, ont fait entendre leurs plaidoiries, le jeune Gabriel n’était pas présent, et si, de son côté, Mélinda a écouté jusqu’à la fin les représentations des avocates, c’est en larmes qu’elle a quitté le Palais de justice vers la fin de l’après-midi. À la suite de l’accident, Mélinda a été plongée dans le coma pendant deux semaines et, un an et demi après le drame, elle est toujours fragile. Même chose pour Gabriel Langlois, qui bien que physiquement apte au travail et alors qu’avant l’accident, il savait vers où orienter sa carrière, il se sent maintenant désorienté.
Autant chez les victimes présentes dans la voiture le soir du drame que chez leurs proches, le discours est le même, les émotions se ressemblent. Colère et tristesse se mélangent à un sentiment de totale impuissance face au vide laissé par le tragique décès des jeunes Dereck et Louis-David et les séquelles psychologiques et physiques dont souffrent Mélinda et Gabriel. S’ils espèrent que la sentence, qui sera prononcée le 27 février 2017, rencontrera leurs espoirs de justice, ils sont tous d’accord pour dire qu’aucune sentence, si élevé soit le nombre d’années que Pedro Ovalle-Leon pourrait passer en prison pour répondre de ses gestes, ne pourra leur rendre leur fils, frère, petit-fils, cousin et ami. Même s’ils estiment que le deuil, qu’aucun d’entre eux ne dit avoir fait, sera peut-être plus facile à envisager quand ils n’auront plus besoin de revivre les événements tragiques à l’occasion des audiences, peu d’entre eux espèrent pouvoir un jour passer sereinement à autre chose. Et personne ne pardonne. La mère de Dereck, Vicky Coulombe dit que c’est une partie de sa vie qui lui a été enlevée : « Il n’y a pas de mot pour décrire une mère qui perd son enfant, je ne suis pas une veuve, je ne suis pas une orpheline, il n’existe pas de mot pour décrire ça », mentionne-t-elle. Pour elle, le deuil de son fils, décédé alors qu’il n’avait que 19 ans, tout comme le conducteur du Honda Civic Louis-David Fournier, ne pourra jamais se faire, « la seule affaire qui pourrait me consoler, ça serait qu’on me rende mon fils », souligne-t-elle.
La Couronne réclame de huit à dix ans d’emprisonnement
Citant plusieurs jurisprudences pour faire le parallèle entre les peines imposées dans d’autres affaires, la plupart en semblable matière, soit conduite avec les facultés affaiblies causant la mort et conduite avec les facultés affaiblies causant des lésions corporelles, Me Roy-Cloutier a également mentionné ce qu’elle considère comme les facteurs aggravants dans cette affaire, soit la conduite erratique d’Ovalle Leon avant l’impact et le fait qu’il circulait en sens inverse à plus de 130 km/h dans une zone de 50. La procureure de la Couronne réclame une peine d’emprisonnement minimale de huit ans, pouvant aller jusqu’à 10 ans d’emprisonnement.
De son côté, Me Longchamps a plaidé pour la défense de son client que ce dernier n’a aucun antécédent judiciaire et qu’il a plaidé coupable, évitant ainsi à plusieurs civils de venir témoigner en Cour. Elle mentionne également qu’il a exprimé des remords et suggère une peine de 5 ans d’emprisonnement.
C’est la Juge Réna Émond qui présidait l’audience et, après avoir pris la cause en délibéré, elle a fixé le prononcé de la sentence au 27 février 2017.
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