La Ville de St-Georges fait dérailler un important projet récréotouristique
EnBeauce.com a appris que les citoyens de St-Georges allaient être privés de la création d’un vaste réseau de sentiers de vélo, un facteur d’attraction important pour la région. Du blocage administratif est à l’origine de cet échec, et la Ville de St-Georges est en grande partie responsable. Notre quotidien a mené son enquête.
L’histoire remonte au début 2017. L’ancien président de Vélo MSG (Mont St-Georges) propose le projet. L’objectif : créer un vaste réseau de sentiers de vélo dans la Ville de Saint-Georges
Un dossier qui serait piloté par lui-même et son équipe de Vélo MSG, un organisme indépendant qui a déjà aménagé bénévolement des sentiers de vélos de montagne sur le site actuel du Centre de ski de St-Georges. 15 km de sentiers sont déjà répartis sur 12 pistes. Les villes de Thetford, Lac Beauport, Lac Delage, Trois-Rivières, Orford, Sherbrooke, St-Philémon, Saint-Raymond et d'autres dans la région de Montréal ont déjà mis en branle des projets similaires.
À St-Georges, l’idée était alors de développer les sentiers déjà existants, sur la montagne même, et de prolonger les pistes pour que les gens aux alentours y aient aussi accès.
Un important facteur d’attraction pour la région
Le projet a rapidement intéressé le CEB, qui y a vu l’occasion de développer un attrait récréotouristique d'importance pour la région. Dans un contexte marqué par une grave pénurie de main-d’œuvre, on pensait que le projet pourrait aussi attirer l’attention de futurs travailleurs.
L’idée était aussi de servir les citoyens de St-Georges et des environs, amateurs de vélo ou de plein-air. En réalisant ce projet, Ville St-Georges aurait pu se targuer d’être une ville encore plus dynamique, qui a vraiment à cœur la santé et qualité de vie de tous ses citoyens.
Pour développer davantage son projet, Vélo MSG s’est prévalu des services du Conseil économique de Beauce (CEB). Contactée par EnBeauce.com, la directrice générale du CEB, Hélène Latulippe, a confirmé que le CEB avait pour mission de jouer le rôle « d’agent facilitateur dans le dossier ».
Un projet négligé
Mme Latulippe a toutefois souligné que le but de Vélo MSG n’était pas « d’attirer 80 000 touristes par année, mais de développer des sentiers pour des gens passionnés de vélo ». Si Vélo MSG visait à attirer les meilleurs cyclistes de montagne, le CEB avait une vision plus large, misant davantage sur les retombées économiques. Des divergences d'opinion et d'ambition au sein du CA du MSG ont semé l'incertitude dans le projet.
Mme Latulippe affirme que les gens de Vélo MSG « n’avaient pas tant de temps que ça pour développer un gros projet », mais qu’ils sont tout de même parvenus à présenter un document solide à Desjardins. « Les gens de Vélo MSG n’avaient pas le désir des promoteurs d’en faire un projet touristique », a-t-elle affirmé.
« La Ville de St-Georges appuyait du bout des lèvres le projet, parce qu’elle sentait que ce n’était pas un groupe de promoteurs qui allait amener le projet là où il fallait l’emmener. La Ville de St-Georges avait peur que ces bénévoles-là, un moment donné, se découragent et qu’ils laissent tomber le projet. La Ville avait peur de se retrouver seule avec le projet », a affirmé la directrice générale du CEB.
Ville de St-Georges freine le projet
Selon nos informations, voyant l’hésitation des gens de Vélo MSG, la Ville de St-Georges a élaboré un stratagème afin de se débarrasser du projet : exiger de travailler exclusivement avec un seul organisme, soit Vélo MSG. Sachant que ce dernier manquait de temps, la Ville s’assurait d’avoir un prétexte pour ne pas travailler sur le dossier.
La Ville de St-Georges a misé sur Vélo MSG, et ce, même si elle sentait son personnel peu enclin à réaliser le projet. Elle a empêché qu'un comité plus efficace soit mis sur pied.
Rejoint par EnBeauce.com, Jason Pouliot de Vélo MSG a confirmé la plupart de ces informations. Sans disqualifier le projet, il avoue que son équipe et lui manquaient de temps pour fignoler le dossier, une réalité dont tout le monde était au courant, y compris la Ville.
« Les gens qui gèrent actuellement Vélo MSG ne veulent pas ralentir le développement du vélo de montagne à St-Georges, mais n’ont pas une vie à donner à développer le vélo de montagne à St-Georges non plus », a-t-il dit.
« L’année dernière, on nous a dit qu’il y avait un projet qu’on pourrait présenter à Desjardins. Desjardins peut étudier notre projet et possiblement nous donner la subvention. Les gens du MSG n’avaient pas le temps de travailler sur ce projet-là, mais jugeant important de donner l’opportunité aux gens de St-Georges quelque chose de cette envergure-là, ils ont quand même fait des sacrifices et ont mis l’énergie pour présenter et bâtir le projet. Le projet a été envoyé à Desjardins, mais il a été malheureusement refusé », a aussi affirmé M. Pouliot en entrevue.
Un projet rejeté par Desjardins
Le président de la Caisse Desjardins du Sud de la Chaudière, Pierre Couillard, assure que le projet était de qualité, mais qu’il ne répondait pas aux critères. Il estime que le projet était bien présenté, mais qu’il présentait des lacunes sur le plan financier et de la gestion à long terme.
Il faut toutefois savoir que des critères de Desjardins avaient changé entre la première et la deuxième phase du projet. Pour souscrire aux critères du Fonds de 100 millions, il faut désormais que le financement accordé par la Caisse ne dépasse pas 50 % de son budget total. Dans le cas qui nous intéresse, le financement de la Caisse aurait dépassé les 70 %. Le Fonds de 100 millions vise à soutenir le développement socioéconomique des régions québécoises.
Réponse du maire Claude Morin
Contacté par EnBeauce.com, le maire Claude Morin a affirmé qu'il n'avait reçu « rien de concret » de la part de Vélo MSG et du CEB. Il estime que son équipe et lui doivent obtenir beaucoup plus d'information et de chiffres concrets avant de favoriser ce genre de projet d'envergure. Le maire pense aussi que le rôle d'une ville n'est pas toujours de soutenir les projets des groupes privés. Précisons que les promoteurs ne demandaient pas à ce que la Ville contribue financièrement.
« L'argent, dans une ville, c'est d'abord pour soutenir la base, c'est pour s'assurer que les gens ont de l'eau potable, c'est pour s'assurer que les gens ont des égouts, qu'il y ait de la sécurité civile, qu'il y ait des pompiers, des infrastructures solides, des routes, du déneigement l'hiver, etc. On réussit toujours à faire des petits projets à gauche et à droite, mais il faut savoir précisément où on s'en va avec ça », a affirmé Claude Morin en entrevue.
Conclusion
Le projet était bien monté, mais pas suffisamment pour qu'il soit accepté par Desjardins. Les citoyens de St-Georges se voient ainsi privés d’une subvention de 500 000 $ qui leur aurait permis d’avoir une ville plus attrayante. La Ville de St-Georges anticipait ces conclusions, mais elle a quand même laissé Vélo MSG poursuivre ses démarches. Pourquoi l'a-t-elle fait, si elle se doutait de cette issue ?
Les gens de Vélo MSG semblent avoir fait un bon travail, mais leur refus de céder le projet à un groupe plus motivé est l’une des principales raisons pour lesquelles les citoyens de St-Georges seront privés de ces sentiers. Cette attitude d’obstination a été soutenue par la Ville de St-Georges. Une municipalité qui semble entretenir une culture de l’immobilisme nuisant gravement au développement de la Beauce.
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Martin Larivière, président
Club cycliste Sainte-Marie