Les Beaucerons sont venus en grand nombre et de partout pour clamer haut et fort à la Commission de représentation électorale (CRÉ) du Québec que la Beauce demeure indivisible. « La population bouge, la carte change, mais pas au détriment de Beauce-Nord», a renchéri le préfet de la Nouvelle-Beauce, Richard Lehoux, au président de la CRE, Marcel Blanchet lors de l’audience publique tenue au Journel de Saint-Joseph le 23 avril dernier.

Une trentaine de mémoires ont été déposés afin que l’on maintienne l’actuel comté de Beauce-Nord et le poids politique des régions du Québec. Le 12 mars dernier, le dépôt de la nouvelle carte électorale a eu l’effet d’une bombe en Beauce. La circonscription de Beauce-Nord se verrait dissoute, même si elle respecte le nombre d’électeurs permis par la Loi. Une partie sera basculée dans la nouvelle circonscription de « Beauce-Amiante », une autre dans celle des Chutes-de-la-Chaudière et une dernière dans Beauce-Sud.

M. Lehoux a emprunté les mots d’Honorius Provost, historien originaire de Sainte-Marie, pour exprimer que Beauce-Nord doit demeurer intact. « La Beauce constitue un pays homogène, indivisible sous bien des aspects… », citait-il.

« L’Assemblée nationale doit réviser sa loi électorale le plus rapidement possible pour tenir compte des critères autres que mathématiques, mais faire encore plus de place aux communautés d’intérêts. Sinon, c’est l’avenir de l’occupation dynamique du territoire qui sera remise en cause », ajoute M. Lehoux.

« Il faut que les trois parties s’entendent que l’on révise la loi. On est convaincu ce qui sera déposé à l’automne ne fera pas la satisfaction des régions. On va devoir faire marche arrière. Et l’on aura dépensé temps et argent. La consultation d’aujourd’hui (du 23 avril) devait se faire puisqu’elle était instaurée dans la Loi. Le directeur général doit faire avec ses paramètres. Toutefois, nous, on est inquiet puisqu’avec cette loi-là, on ne croit pas être en mesure de sauver Beauce-Nord», indique le maire de Sainte-Marie, Harold Guay.

L’esprit de la loi non respecté
Le maire de Sainte-Marie, a été l’un des sévères critiques du redécoupage électoral lorsqu’il a plaidé devant le président Marcel Blanchet et ses commissaires, Serge Courville et John Zacharias.  La proposition actuelle de la CRÉ ne respecte pas l’esprit de la Loi d’après l’article 15 qui dit qu’une circonscription représente une « communauté naturelle » fondée sur des considérations démographiques, géographiques et sociologiques. « Il nous apparaît inconcevable de faire disparaître Beauce-Nord et de nous séparer de la MRC Robert-Cliche qui constitue avec nous, les origines de la Beauce. Il est tout aussi incompréhensible de diviser les municipalités de la MRC de La Nouvelle-Beauce vers Lévis et vers la région de l’Amiante. Ceci va à l’encontre de l’esprit de la loi basée sur le respect des communautés naturelles », déplore M. Guay.

« On n’enlève pas la Beauce d’un Beauceron, et qu’on ne doit pas non plus amputer le Québec de l’âme des bâtisseurs que nous sommes et nous avons toujours été. Si problèmes, il y a ailleurs, que l’on ne vienne pas les régler cela sur notre dos, Monsieur le président, car votre proposition n’est autre chose que de piger chez nous pour conformer des territoires qui ne le sont pas », insiste ce dernier. 

Un peuple à part
L’ancien député fédéral de Beauce, Gilles Bernier, est même persuadé qu’il n’y aura pas de changement à la carte qui prévaut actuellement. « Il n’y a pas un gouvernement qui veut s’attaquer à cela. La Beauce forme un tout, autant sur le plan social, économique que de la culture. On est très différent des autres. On ne peut pas démanteler une population homogène. Je prédis que jamais, ils vont toucher la Beauce, surtout pour favoriser la région de Montréal », croit M. Bernier.

« Sur le point population, on répond aux critères autant Beauce-Nord et Beauce-Sud», ajoute ce dernier.

La CSBE à la défense de l’identité
La Commission scolaire Beauce-Etchemin était aussi présente pour faire valoir à la CRE que l’identité beauceronne doit être préservée. « Depuis plusieurs années, on est habitué de travailler avec les municipalités, les maires, les députés et les préfets. On a des centaines d’ententes dans le milieu. On connaît bien la culture beauceronne. Les Beaucerons connaissent bien la culture de leur commission scolaire. On veut dire aux gens que de la façon cavalière dont on a préparé le redécoupage de la carte sans tenir compte de cette identité qui existe profondément chez les gens de chez nous », indique le président de la CSBE, Paul-Henri Lecours. La CSBE couvre 55 paroisses et représente près de 2500 élèves.

La Coalition déçue de son député
La Coalition pour le maintien de Beauce-Nord a demandé au député Janvier Grondin de soutenir sa position, ce qu’il a refusé, préférant maintenir la ligne de conduite adoptée par sa formation politique qui est plutôt d’intervenir directement, à la pièce, devant la Commission de représentation électorale du Québec. « C’est certain qu’on aurait aimé avoir son appui, c’est clair », soulignait M. Lehoux.


De nombreux Beaucerons dans la salle, incluant Harold Guay, maire de Sainte-Marie, portaient cette casquette à l’effigie de Beauce-Nord.