Tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium
Beauce Atlas face aux tarifs : « Nos partenaires américains nous soutiennent », dit Nicolas Blais
Alors que les États-Unis ont officialisé des tarifs douaniers de 25 % sur l’acier et l’aluminium, des entreprises beauceronnes comme Beauce Atlas, spécialisées dans la fabrication de structures d’acier, doivent jongler avec une incertitude économique grandissante.
Pour cette entreprise de Sainte-Marie, qui réalise 93 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis, les répercussions pourraient être majeures.
Joint par EnBeauce.com alors qu’il était en route pour Boston pour rencontrer ses clients américains, Nicolas Blais, directeur général et actionnaire de Beauce Atlas, exprime une inquiétude mesurée.
« Ça crée beaucoup d’incertitudes depuis quelques semaines. Lorsqu’on a annoncé les 25 % sur tous les produits canadiens, on ne savait pas encore comment ça nous affecterait directement. Ce qu’on comprend aujourd’hui, c’est que la matière première qu’on achète aux États-Unis ne serait pas tarifée, mais on ne sait toujours pas si nos produits transformés au Canada le seront », a-t-il expliqué.
L’enjeu principal réside dans le degré d’application des tarifs. Contrairement à d’autres entreprises canadiennes qui achètent leur acier au Canada, Beauce Atlas s’approvisionne directement auprès de moulins américains en Pennsylvanie, en Virginie et au Texas. Si ces matières premières ne sont pas visées par les tarifs, l’impact financier pourrait être moins brutal.
Des clients américains solidaires
Malgré ce climat d’incertitude, les relations commerciales entre Beauce Atlas et ses partenaires américains semblent solides. « Nous avons énormément de discussions avec eux. Ils comprennent qu’ils sont très dépendants de nous, surtout dans le nord-est américain. Ce n’est pas demain matin qu’ils pourront trouver une alternative locale. On travaille avec certains d’entre eux depuis plus de 25 ans », a souligné Nicolas Blais.
À court terme, il se veut donc rassurant, indiquant que 80 % à 85 % des contrats en cours sont protégés, et que les clients ont accepté d’absorber les frais des nouveaux tarifs si nécessaire.
Si la situation semble sous contrôle pour le moment, le défi sera de gérer les impacts à moyen et long terme. « Ce qui nous inquiète, c’est la capacité du marché à absorber ces tarifs. Quand on parle de 25 %, en réalité, ça se traduit plus par une augmentation de 5 à 10 % du coût global des projets. Mais si un deuxième 25 % est ajouté en mars, ce qui a été évoqué, là, ça n’aura plus aucun sens », a affirmé le directeur général.
Si les entreprises manufacturières québécoises sont fortement encouragées à diversifier leurs marchés, Nicolas Blais tempère cette solution dans le cas de la structure d’acier. « Contrairement à d’autres industries, nos produits sont volumineux, lourds et difficiles à exporter ailleurs qu’en Amérique du Nord. On ne peut pas, du jour au lendemain, se tourner vers l’Europe », explique-t-il.
Un soutien gouvernemental à clarifier
Présent lors de la visite du premier ministre François Legault en Beauce la semaine passée, Nicolas Blais reconnaît une ouverture du gouvernement pour venir en aide aux entreprises touchées.
« Ils ont appris des erreurs de la COVID, et cette fois, ils proposent des mesures de prêts à court terme pour aider les entreprises pendant trois à six mois. Ce qui m’inquiète, c’est qu’on ne sait pas encore ce qui arrivera si cette guerre commerciale dure plusieurs années », précise-t-il. Il insiste sur l'importance des mesures de soutien à plus long terme seront essentielles si la situation persiste.
Pour mieux comprendre la situation et préserver ses relations d’affaires, Nicolas Blais s’est rendu aux États-Unis, plus précisément à Boston ce mercredi 12 février.
« Au Canada, nous avons énormément de politiques qui s’expriment et de médias occupés à analyser et diffuser l’information. Ici (aux États-Unis), je pense que c'est un peu plus méconnu. On veut les rassurer et leur expliquer précisément comment ces tarifs affecteront Beauce Atlas. C'est important pour eux qu'ils comprennent que ce n'est pas 25 % sur le dollar de contrat, mais plutôt 5 à 10 %, dans le pire des cas », a-t-il conclu.
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