«Obstruction administrative» dit sa mère
Un ado autiste empêché d'avoir accès à une ressource intermédiaire de son choix
La candidature d'un jeune autiste de 17 ans et demi, résident de Scott, pour être transféré vers une ressource intermédiaire dans la Beauce, a été refusée par un comité multidisciplinaire chargé d'évaluer les demandes.
«Mon fils est victime d’une véritable obstruction administrative, ce qui compromet sa chance de pouvoir vivre sa vie d’adulte dans un milieu de vie où il pourrait s’épanouir», a commenté sa mère, Magaly Poulin, au cours d'un entretien téléphonique avec EnBeauce.com.
Une ressource intermédiaire (RI) est une résidence qui offre un hébergement adapté à des personnes en perte d'autonomie, que ce soit en raison du vieillissement, d'une déficience intellectuelle ou physique, d'un trouble de santé mentale ou d'un autre problème.
Les RI fournissent une aide pour les activités quotidiennes, les repas et les soins de base. Elles sont des entreprises privées, qui ont une entente avec un établissement public (comme un CISSS ou CIUSSS), qui assure le suivi de la qualité des services et la supervision des usagers.
Plus tôt cette année, la dame a découvert par hasard qu'il y avait une résidence intermédiaire tout près de chez elle. Après une visite de la place, elle est tombée sous le charme. «L'endroit dont j’ai toujours rêvé pour le futur de mon fils», de signaler la mère. En plus, trois places étaient disponibles à ce moment-là.
«Mon fils est un autiste de niveau 3. Il est en grande situation de dépendance envers moi. J'ai hésité pendant des années à planifier sa vie d’adulte. Mais après la visite, j'ai finalement décidé qu'il était temps que ça se fasse, même si ce processus est une étape hautement émotive», a-t-elle confié.
Ainsi, avec l’aide de la travailleuse sociale attachée au dossier, et l'appui de son conjoint, Patrick Campagna, qui est le beau-père de l'ado, Magaly Poulin a déposé en septembre dernier une demande officielle au comité multidisiplinaire de mécanisme d’accès à l’hébergement. Le tout s'est effectué en collaboration avec la Direction des programmes en déficience, autisme et réadaptation du territoire de Chaudière-Appalaches, notamment pour compléter tous les formulaires d'évaluation des besoins du fils de Mme Poulin.
La réponse est venue la semaine dernière, à l'effet que la candidature de son fils n'avait pas été acheminée vers la résidence intermédiaire et que l'ado serait dirigé vers un établissement institutionnel, appelé RAC (résidence d'assistance continue), qui s'approche davantage d'un CHSLD que d'un milieu familial. «La résidence intermédiaire n’a donc jamais eu la chance d’évaluer sa candidature, des gens au ministère ont décidé à sa place», se désole la dame.
Pas traitées à la pièce
Comme c'est toujours le cas, le Centre intégré de santé et de services sociaux de la Chaudière-Appalaches (CISSS-CA) ne commente pas les dossiers individuels, pour des raisons de confidentialité.
Toutefois, en réponse à la demande d'EnBeauce.com, la relationniste de l'organisme, Mireille Gaudreau, a expliqué dans un message courriel, les règles générales qui s'appliquent lors de telles situations.
Elle a ainsi confirmé que, dans tous les établissements du Québec, c'est bel et bien un comité multidisciplinaire appelé le mécanisme d'accès qui reçoit et évalue l'ensemble des demandes d'hébergement. Le même fonctionnement s'applique donc à la grandeur de la province. «Pour assurer un suivi juste et équitable de l'ensemble des demandes reçues, elles ne sont pas traitées à la pièce, individuellement par les RI ou les RAC [...] C'est le mécanisme d'accès qui a l'expertise et la vision d'ensemble des demandes en attente dans la région», a fait remarquer la porte-parole.
Une liste d'attente qui doit être impérativement respectée, laquelle priorise les usagers selon le niveau d'urgence de leurs besoins cliniques en hébergement. «Ça ne fonctionne pas sur le principe du premier arrivé, premier servi, mais bien par souci d'équité», poursuit Mme Gaudreau.
Elle a fait remarquer que les besoins et le niveau d'autonomie des personnes accueillies dans les RI et les RAC diffèrent. «Dans une ressource intermédiaire, les personnes ont une autonomie partielle et ne nécessitent pas l'intervention d'éducateurs spécialisés quotidiennement. Alors que dans une résidence à assistance continue, les gens y reçoivent, comme l'indique la désignation, une assistance continue et des services de réadaptation par des professionnels du réseau de la santé et des services sociaux.»
La porte-parole ajoute que la RAC n'est pas une finalité en soi, mais un milieu de réadaptation, où la personne peut aller ailleurs, après un certain temps, quand son comportement ou sa réadaptation est terminée ou ajustée. «Ça peut varier. La préoccupation est de cibler le bon niveau d'hébergement pour chaque personne. C'est toujours le but visé. C'est sur ce principe qu'est présenté l'usager à la ressource ciblée. Dans l'objectif de faire le meilleur pairage possible», de conclure la relationniste.
«Ils ont pris une décision en fonction d'un formulaire, alors qu'il n'ont jamais rencontré l'enfant», déplore Patrick Campagna. Ce qui me désole là-dedans, c'est que (l'administration de) la ressource intermédiaire était intéressée à le recevoir, nous on était intéressé, mais le mécanisme a dit "Non, il ira pas là".»
«Je ne demande pas de passe-droit. Je demande qu’on revoie cette décision et qu’on transmette immédiatement sa candidature à la résidence pour une évaluation juste et équitable», a ajouté la mère du garçon.
Faute de pouvoir contester la décision, Magaly Poulin s'est adressé au bureau du député de Beauce-Nord, Luc Provençal, pour faire part de la situation.
«Madame Poulin a en effet communiqué avec notre bureau en regard du dossier de son fils. Depuis, une demande a été adressée au CISSS Chaudière-Appalaches pour obtenir un état de situation et valider les avenues possibles qui répondront le mieux aux attentes et besoins de l’adolescent en regard de sa condition», a confirmé le conseiller politique du député, Stéphane Brown, dans un message courriel à EnBeauce.com.

