Prévention du suicide chez les aînés : On doit faire un pas en collectivité selon Marguerite Blais
L'Association québécoise des retraité(e) s des secteurs public et parapublic (AQRP) et la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais ont annoncé conjointement le 4 février dernier la mise en œuvre d’un projet de prévention du suicide chez les personnes âgées de 50 à 64 ans.
Annoncé à l'occasion de la Semaine québécoise de prévention du suicide, ce projet est doté d’une aide financière de 400 000 $ sur quatre ans pour sensibiliser la population sur ce sujet tabou. L’AQRP prévoit le déploiement d'un réseau panquébécois de « sentinelles » formées afin de dépister les signes précurseurs d'une crise suicidaire, débutera dans la région pilote de Chaudière-Appalaches.
« La question du suicide chez les aînés est particulièrement préoccupante. Les dernières données démontrent que le suicide touche davantage de personnes de plus de 50 ans. De là l'importance d'être à l'écoute des signes de détresse chez les aînés. Outre les mesures gouvernementales, les solidarités familiales et une place réelle pour les aînés au sein de la société québécoise demeureront toujours les meilleurs remèdes à la solitude et à l'indifférence qui poussent très souvent les aînés au suicide. Nous avons tous un rôle à jouer dans la prévention du suicide », a déclaré la ministre Blais aujourd'hui lors d'un entretien téléphonique.
D’après des données de l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), la province a présenté en 2007 ses plus bas taux de suicide depuis plusieurs décennies. Cependant, ce phénomène ne s’est pas produit chez les 50 à 64 ans. Les 50 à 64 ans représentent 40 % des suicides au Québec, et c’est le temps d’agir selon Madeleine Michaud, présidente de l'AQRP. « La situation des personnes de 50 à 64 ans est d'autant plus problématique qu'il existe un lien entre les problèmes financiers personnels, la perte d'emploi et le risque de suicide. Dans la situation économique actuelle, nous estimons que ce projet devient encore plus pertinent. Nous invitons donc toutes les organisations des secteurs public, privé et communautaire à s'impliquer activement afin de contribuer à freiner le suicide auprès de ce groupe d'âge », a insisté cette dernière. Le projet est d'ailleurs appuyé par l'Association québécoise de prévention du suicide (AQPS) et La Capitale groupe financier.
La ministre Blais applaudit l’initiative de l’AQRP qui est un leader pour implanter ce programme de vigie au sein de ses membres et de la Chaudière-Appalaches. « Même si je fais le tour de la province seule en tant que ministre responsable des aînés, je ne peux rien faire. Le suicide est un sujet tabou chez les personnes âgées. Nous avons besoin de réseaux comme l’AQRP pour faut briser le silence. On dit que 75 % des gens qui passent à l’acte en ont parlé à des proches auparavant. On doit faire un pas, mais en collectivité », insiste Mme Blais.
L’AQRP n’est pas le seul réseau combattant le suicide chez les baby-boomers. La Fondation des maladies mentales du Québec a aussi bénéficié d’une enveloppe de 300 000 $ pour trois ans. Cette aide financière a pour but d’élaborer un programme de prévention des maladies mentales et de dépister la détresse psychologique chez les aînés et les proches aidants.
Les organisations de Chaudière-Appalaches intéressées à s'impliquer dans le projet peuvent contacter Annie Morrissette, chargée de projet, au 418-683-228, poste 30.
Revaloriser les aînés dans la société
Selon la ministre, la collectivité doit renforcer la place des personnes aînées (50 à 64 ans) dans la société québécoise. Plus de 90 % d’entre eux contribuent activement à la société renchérie Mme Blais. Le gouvernement doit cependant améliorer les situations financières des plus démunis et leurs conditions de vie. Pour contrer le suicide principalement, la ministre croit que l’on doit préconiser la lutte aux stéréotypes et aux préjugés et surtout briser l’isolement des personnes âgées. « Trop de personnes âgées sont seules. On ne s’occupe pas suffisamment d’eux », commente-t-elle.
Le gouvernement travaille aussi pour mieux prévenir les abus et la maltraitance des aînés (physique, financière, psychologique ou même sexuelle). « Nous allons déposer à l’automne prochain un projet de loi robuste sur l’abus et la maltraitance des aînés en collaboration avec neuf organismes et ministères », évoque la ministre Blais. Ce projet de loi découle directement des recommandations des consultations publiques tenues en 2007 pour l’amélioration des conditions de vie des aînés.