Le Canada pendant la Première Guerre mondiale : l’émergence d’une nation sur la scène internationale
Le 18 février 2010 marque une date symbolique dans l'histoire du Canada. À l'âge de 109 ans décédait John Foster Babcock, le dernier vétéran canadien de la Première Guerre mondiale. Sa mort évoque la fin d'une époque déjà lointaine aux générations actuelles. C'était une époque où 650,000 hommes et femmes avaient répondu à l'appel du devoir, dans une guerre qui fut une boucherie sans nom. Des Canadiens de tous origines, francophones et anglophones, volontaires comme conscrits, s'étaient rendus en Europe combattre dans des conditions qui dépassaient l'imaginaire. Voici leur histoire.
La guerre européenne avait débuté en août 1914 et s’était rapidement transformée en un conflit aux dimensions planétaires. On était alors loin de se douter que l’assassinat de l’archiduc Franz Ferdinand d’Autriche-Hongrie, le 28 juin, allait provoquer une déflagration mondiale. Au Canada, la vie suivait son cours. Les journaux avaient bien entendu traité de l’incident, mais les événements liés à la politique et à l’économie nord-américaines attiraient davantage l’attention d’un public peu au fait des réalités européennes.
Par un complexe jeu d’alliances politiques, de rivalités économiques et coloniales, et par une course aux armements entre les puissances européennes, depuis la fin du XIXe siècle, il s’était installé en Europe un climat de tensions qui, tôt ou tard, pouvait se mouvoir en une guerre généralisée à la moindre provocation. C’est ce qui s’était donc passé, les puissances européennes s’étaient mutuellement déclaré la guerre. La situation était qu’en ce chaud été de 1914, peu de gens se doutaient que ce conflit qui était censé se terminer à Noël allait engendrer un horrible massacre qui durerait plus de quatre ans.
En réaction à l’invasion de la Belgique, le 4 août, la Grande-Bretagne déclarait peu de temps après la guerre à l’Allemagne. Ce faisant, Londres entraînait dans le conflit tous les Dominions et possessions de l’Empire britannique, ce qui incluait le Canada. Bien qu’officiellement indépendant depuis 1867, le Dominion du Canada n’était malgré tout pas maître de sa politique extérieure. Étonnement peut-être, le fait que le Canada soit automatiquement en état de guerre contre l’Allemagne le 4 août 1914 avait été un événement relativement bien accueilli d’un bout à l’autre du pays. Que ce soit dans la très « française » ville de Québec jusqu’à la très « britannique » ville de Toronto, les Canadiens d’un bout à l’autre de l’océan avaient reçu avec un certain enthousiasme la nouvelle.
Depuis la fin de la guerre sud-africaine de 1902, qui était somme toute demeurée un conflit plus que localisé, le Canada n’avait que peu participé à des événements d’envergure sur la scène internationale. La nouvelle guerre de 1914 n’avait finalement pas été le conflit de courte durée que l’on avait anticipé. Au contraire, lorsque le premier hiver de guerre s’abattait sur l’Europe, de vastes lignes de front découpaient désormais de nouvelles frontières faites de tranchées, de barbelés et de trous d’obus dans lesquels vivait une race émergente d’hommes qui apprenaient à côtoyer quotidiennement la mort, la boue et la vermine. Les fronts s’étaient stabilisés et les armées européennes, épuisées après les batailles de l’été et de l’automne, s’étaient enterrées dans ces réseaux inextricables de tranchées. Sur le front Ouest, celles-ci s’étalaient de la frontière suisse jusqu’à la Mer du Nord, sur une longueur d’environ 800 kilomètres.
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