« N'oublie pas ton lunch. Bonne journée mon amour ». Ce sont huit mots qui ont fait basculer la vie d’Amélie Croteau le 23 septembre 2010.

Ce jour-là, la jeune femme se rendait à son travail au volant de sa voiture lorsqu’elle envoie un message texte à son amoureux de l’époque pour lui dire de ne pas oublier son lunch. Elle ne se doutait pas que ces quelques mots allaient bouleverser sa vie à jamais.

« Quand j’ai levé les yeux [ç’a fait] bang », raconte Amélie Croteau. La jeune femme venait de faire un face-à-face avec un camion sur une route de Saint-Isidore alors qu’elle roulait à 85 km/h. « J’étais dans la bonne voie et je me suis tassée. En textant, on ne se rend pas compte de ce que l’on fait. On n’a pas la vue sur la route », raconte-t-elle.

Lors de cet accident, Amélie a eu 27 fractures, un traumatisme crânien sévère, une hémiparésie du côté droit de son corps et un coma provoqué. À son arrivée à l’hôpital de l’Enfant-Jésus de Québec, elle a dû se faire poser un drain au cerveau parce qu’il avait tellement enflé que c’était dangereux. Par la suite, elle a subi une chirurgie qui a duré 12 h

« Je me suis réveillée à l’hôpital et je fixais. Mes yeux ne tournaient pas. On était sûr que j’allais rester comme ça. Tout le monde s’inquiétait », explique Amélie Croteau. Lorsque sa santé le lui permet, en novembre, elle est transférée dans un centre de réadaptation où elle a dû réapprendre à parler, à boire, à manger et à marcher. Elle y est restée neuf mois.

Aujourd’hui, la jeune femme ne peut plus conduire, car son œil droit a perdu sa vision périphérique. « Si j’avais pu reconduire, mon cellulaire je l’aurais mis dans le coffre. Je ne l’aurais pas mis à côté de moi. Ton cellulaire, tu le mets loin de toi », conseille-t-elle. Amélie ne peut plus travailler. Elle trouve les journées qu’elle passe toute seule chez elle très longues.

Les conséquences de cet accident ne sont pas que physique. Sa personnalité a complètement changé. « Avant l’accident j’étais axé que sur l’apparence. J’aimais ça être sexy », raconte celle qui était alors mannequin. « Dans la vie, il n’y a pas que la beauté extérieure aussi. Une fille qui a de belles valeurs c’est plus attirant qu’une fille qui est juste belle de l’extérieur » a réalisé la jeune femme à la suite de son accident.

Deux autres accidents

Avant l’accident qui a complètement changé sa vie, Amélie en avait eu deux autres. En textant au volant, elle avait foncé dans un banc de neige. Sa voiture avait été endommagée, mais la jeune femme n’avait subi aucune blessure. La deuxième fois, elle a embouti l’arrière du véhicule devant elle. La troisième fois a été celle de trop, celle qui a complètement bouleversé sa vie.

Un jour, son père lui avait dit que texter au volant pourrait lui être fatal. « On se dit toujours que ça ne nous arrivera pas. Mais là, j’ai payé cher. Ne prenez pas ce risque-là. Ça prend une fraction de seconde et bang. C’est fini, tu ne peux pas revenir en arrière » mentionne Amélie Croteau.

Le message d’Amélie

Aujourd’hui, Amélie Croteau fait des conférences dans les écoles afin de sensibiliser les jeunes aux conséquences de texter en conduisant. Elle était d’ailleurs de passage à l’école Jésus-Marie de Beauceville le 27 janvier dernier pour raconter son histoire aux élèves de 4^e et de 5^e secondaire.

Rappelons que, selon un sondage publié par la SAAQ en décembre dernier, ce sont le quart des Québécois qui textent au volant. Pour plus d’informations sur le sujet, consultez notre article Le quart des Québécois textent en conduisant.