Une vingtaine de jeunes débarqués de France de l'association Westlake Brothers Souvenir se sont rendus à Beauceville aujourd'hui pour commémorer le débarquement en juin 1944 des soldats canadiens en Normandie.

Ceux-ci ont livré de vibrants témoignages, des poèmes et même des chansons pour honorer les cinq vétérans présents ainsi que les 241 disparus du Régiment de la Chaudière. Une phrase a d'ailleurs marqué l'imaginaire des gens pendant l'hommage. « Aucune injustice n'est possible pour les morts... mais si nous ne pratiquons pas le “Devoir de mémoire”, ils mourront une seconde fois ».

Il faut mentionner que les jeunes financent eux-mêmes leur périple de 25 jours. Le maire de Beauceville, Luc Provencal, a pour sa part remis un cadeau à l'instigateur du projet en lui donnant le jeu Monopoly Canada où figure le nom de Beauceville.

Les vétérans présents étaient émus des témoignages des jeunes et un de ceux-ci, Pierre Gauthier, a raconté qu'il appréciait ce genre d'activité. « Je trouve que ces jeunes sont inspirants et nous valorisent. Nous n'avons pas fait la guerre pour la gloire, mais bien pour défendre ce que nous sommes. Au Québec, nous voyons de plus en plus les gens être reconnaissants envers les vétérans et les soldats qui combattent présentement. J'ai visité plusieurs pays et si dans certains, les gens semblent indifférents, je peux vous dire que nous sommes reçus comme des héros en Hollande. L'important est de réaliser les sacrifices que nous avons faits, que les soldats présentement font et ceux qu'ils feront. Soyez conscients de ce qu'ils font pour votre pays », affirme le sympathique ancien combattant âgé de 91 ans.

Des personnalités publiques prennent la parole

Plusieurs personnalités publiques ont pris la parole, mais trois se sont démarqués avec des messages vibrants et poignants.

Tout d'abord, Gilles Bernier, membre de la Légion royale canadienne représentait notamment son garçon Maxime. « Ces jeunes viennent de nous donner une belle leçon. Ils nous ont appris aujourd'hui qu'on doit toujours se souvenir du passé, des bons et des mauvais moments, et ce, peu importe notre âge. Ils sont venus ici sans subvention, il s'agit d'un témoignage extraordinaire et d'un exemple pour tous les Canadiens. Je crois que nous devons honorer de meilleures façons nos vétérans, mais il y a une belle amélioration avec les années. Nous devons continuer dans ce sens, car les anciens combattants ont tellement sacrifié pour nous, qu'ils ne doivent pas tomber dans l'oubli », déclare-t-il.

Le maire de Saint-Georges et ancien militaire, Claude Morin, a retenu ses larmes à plusieurs reprises, que ce soit lors des discours des jeunes ou même lorsque celui-ci a pris la parole. « J'ai revécu des émotions ici aujourd'hui. J'ai regardé en haut rapidement, car je venais les yeux humides. C'est difficile d'aller à la guerre, tu sais que tu vas y aller, mais tu ne sais même pas si tu vas revenir en vie. La mémoire est une faculté qui oublie et les gens ont oublié les blessures du passé. Tout le monde se tire encore dessus à travers le monde et déclare des guerres. Le prix à payer est trop élevé et nous devrions arrêter de nous battre, car ça ne vaut pas la peine », dit-il. 

M. Morin avait un message pour conclure son allocution: « Les gens sont de plus en plus conscients des sacrifices que la guerre demande et sont plus respectueux de ses guerriers. Notre date à nous à Saint-Georges pour commémorer les militaires, c'est le 11 novembre et nous bloquons les rues deux heures et certains se plaignent. J'aimerais que ces gens réalisent que deux heures dans 365 jours ce n'est rien comparé à un homme qui a donné cinq ans de sa vie aux forces armées », affirme le maire de Saint-Georges.

Finalement, le maire de Beauceville Luc Provençal a tout fait pour cacher ses pleurs, mais les émotions l'ont gagné. « Tout le monde me voit habituellement avec le gros sourire, mais les Français sont venus ici nous lire des textes pour nous conscientiser que la guerre laisse des marques physiques et psychologiques, pas seulement pour les soldats, mais également pour leur famille et leurs amis. Mon oncle Roland a fait le débarquement de Normandie et a été porté disparu pendant deux ans. Lorsqu'il est revenu au Québec, il était incapable de raconter les horreurs qu'il avait vues et vécues. J'ai toujours conservé cette image en tête et mes émotions sont sorties dans mon discours », raconte-t-il avec émotion.

Selon M. Provençal, il y a encore du travail à faire pour commémorer les combattants. « Nous devons les appuyer encore plus de façon financière et les respecter au maximum. Prenez le temps d'aller leur dire “Merci” et d'assister aux cérémonies qui leur rendent hommage », conclut le maire de Beauceville.