La Haute-Beauce vit difficilement la pénurie de médecins
En l’espace d’une dizaine de jours, les localités de Saint-Éphrem, Saint-Honoré et Saint-Évariste ont déposé des pétitions totalisant près de 1850 signataires pour demander au gouvernement du Québec d’améliorer l’offre de services de médecins sur le territoire de la Haute-Beauce. Comme de nombreuses municipalités Québec, cette pénurie de médecins frappe de plein fouet ces communautés privées de médecins.
Hier midi lors des Rencontres de la Chambre de commerce de Saint-Georges Suzanne Roy, conseillère municipale de Saint-Honoré a lancé un autre cri d’alarme au député de Beauce-Sud et ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil. Hier, le dépôt des pétitions de Saint-Honoré (500) et de Saint-Évariste (233) de vendredi s’ajoute à celle de Saint-Éphrem pour illustrer le manque de médecins. « Nous avons vraiment besoin d’un médecin qui pourrait être partagé entre Saint-Éphrem, Saint-Évariste et Saint-Honoré », avance Mme Roy.
Elle a profité de la tribune pour sensibiliser le ministre de la situation qui prévaut dans sa localité. « À Saint-Honoré, plus de 50 % de la communauté n’ont pas de médecin de famille dont des jeunes familles. Il est important pour Saint-Honoré d’avoir un autre médecin de famille, puisque nous n’en avons un, mais seulement une demi-journée par semaine. », commente Mme Roy rappelant qu’un médecin aide à la santé de sa communauté.
Ce secteur de la Haute-Beauce est desservi par un seul docteur, André Vachon à La Guadeloupe. Ses nombreux patients proviennent de cette région et d’autres se trouvent même à l’extérieur de celle-ci. Ce médecin dont les plus belles années sont derrière lui a même connu des ennuis de santé au cours de l’hiver. Depuis, les inquiétudes sont encore plus grandes pour ces communautés. « Lors de la première semaine de son absence, c’était catastrophique. Les patients me demandaient : « Où je vais aller? Qu’est-ce que je vais faire pour mes résultats? Il y avait des formulaires à remplir… » Bref, il y avait beaucoup d’inquiétude », mentionne Sylvie Gagnon propriétaire de la pharmacie de Saint-Honoré depuis 2001.
Avant son retour en Beauce, il y avait trois médecins à plein temps évoluant à la clinique dans le même bâtiment de la pharmacie. « Ils étaient plein tout le temps », se fait rappeler constamment Mme Gagnon par ses clients. Notons que le dernier médecin de ce groupe a quitté de Saint-Honoré peu avant le milieu des années 2000.
Ses gens sans médecin de famille, vivent de grands problèmes d’accessibilité. Lorsque les cliniques sans rendez-vous à Saint-Georges ainsi que le CLSC de La Guadeloupe débordent, c’est à l’urgence de l’Hôpital de Saint-Georges qu’ils doivent se rabattre. « Les gens sont parfois contraints d’aller à l’hôpital pour traiter des problèmes mineurs qui peuvent se régler en quelques minutes dans un bureau de médecin. C’est déplorable de voir cela en 2012. Cela ne se peut pas que notre réseau de santé soit devenu ainsi », commentait la pharmacienne.
«Si tout le monde se donne la main, on finira par trouver quelque chose », lance cette dernière.
En raison de ce manque de médecin, la pharmacienne beauceronne s’inquiète de voir des gens se privant d’aller voir un médecin seulement à titre de prévention, et ce, même pour des affections mineures qui peuvent devenir. « La santé est notre plus belle richesse, il faut l’apprécier quand on l’a et y faire attention », insiste-t-elle.
Robert Dutil sensibilisé
Le député de Beauce-Sud et ministre de la Sécurité publique s’est dit sensible à la cause. « On vit une pénurie de médecins, il faut trouver des solutions, mais on y travaille. Ce n’est pas de facile. On a un groupe de médecine familiale de Saint-Prosper qui est affiliée à celui de Saint-Georges et cela va relativement bien. Il faut réussir ce modèle-là dans votre secteur. N’oubliez pas qu’il y a aussi le secteur de Saint-Martin, Saint-Côme et Saint-Gédéon qui a des besoins similaires», lance ce dernier.
Il a rappelé aux gens certains gestes de son gouvernement pour résoudre la pénurie. «On en est conscient, ce n’est pas pour rien que nous avons augmenté le nombre d’admissions en faculté de médecine pour avoir le nombre requis pour desservir les régions », a commenté M. Dutil. Donc, en attendant, les gens devront continuer d’être patient.
