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Deuil et suicide, raconter l'incompréhensible et grandir

durée 10h23
30 novembre 2006
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Le deuil est une étape difficile de la vie. Les gens endeuillés par suicide doivent quant à eux traverser la même épreuve tout en acceptant de reconnaître leur impuissance et leur incompréhension face à cette perte. Pour discuter du deuil et du suicide, le Centre d’écoute téléphonique et de prévention du suicide Beauce-Etchemin a invité le prêtre, psychologue, auteur et spécialiste du deuil, Jean Montbourquette et la psychothérapeute, Isabelle d’Aspremont. Plus de 200 personnes étaient présentes pour entendre le message des deux conférenciers, soit que le deuil n’est pas éternel et qu’il est possible de mieux le vivre. Dès le début de la conférence présentée à l’Auberge Arnold mercredi soir, ils ont mentionné que les gens qui vivent un deuil d’une personne qui s’est enlevé la vie comporte plusieurs distinctions, qu’il est souvent plus complexe.

Chaque jour, au Québec, quatre personnes s’enlèvent la vie, selon les données du Centre d’écoute téléphonique et de prévention du suicide Beauce-Etchemin et plus de 80 personnes de 15 ans et plus feraient une tentative de suicide. Chaudières-Appalaches est au quatrième rang des régions où le taux de suicide est le plus élevé, selon les dernières données de l’organisme. Le directeur du Centre, Renaud Fortier, a expliqué les statistiques démontrant que plus d’hommes se suicident. C’est qu’en fait «plus d’hommes réussissent leur suicide, mais les femmes sont plus nombreuses à faire une tentative», selon lui.

Comment faire son deuil
M. Montbourquette et Mme d’Aspremont ont été clairs sur un des éléments essentiels du deuil. «Il faut raconter sa peine», ont-ils dit à plusieurs reprises. La personne doit se libérer de ses émotions, de ses pensées et souvent parler de la personne décédée, de l’incompréhension de son geste. Les gens de l’entourage sont donc extrêmement importants lors de la perte de quelqu’un. Le directeur général du Centre d’écoute, Renaud Fortier, a mentionné au début de la conférence qu’un des volets du centre était justement de permettre aux gens d’avoir une oreille pour livrer leur souffrance, pour raconter leur peine et leurs émotions. Mme d’Aspremont n’a pas caché que la vitesse à laquelle va la société et la hausse de l’individualisme rendaient plus difficile l’expression du deuil, puisque plusieurs ne prennent pas le temps de le vivre et de le partager.

Les étapes du deuil
Les deux conférenciers ont rappelé que le deuil est un événement passager, qu’il ne s’agit pas d’oublier l’autre, qu’il y a plusieurs étapes à franchir et que les gens peuvent en sortir grandis. Les étapes du deuil sont nombreuses. L’annonce de la mort ou de la découverte du mort est un choc. L’imprévisibilité de cette perte la rend difficile à accepter.

Le déni cognitif et émotif s’ensuit, «on ne peut pas croire que c’est vrai». Les gens  nient la réalité de la mort et Mme d’Aspremont expliquait que «les endeuillés par suicide ont encore plus de difficultés à accepter cette perte». M. Montbourquette a tenu à préciser que «les résistances à l’acceptation de la réalité étaient là pour protéger l’humain», pour lui faire vivre la souffrance de la perte de cet être aimé plus en douceur, car «le corps ne pourrait pas supporter la douleur de la perte d’un seul coup».

Les gens acceptent ensuite le deuil à faire, mais leurs émotions peuvent être gelées. Parfois, les gens tombent dans l’hyperactivité et lorsqu’il s’agit d’un suicide, l’endeuillée est souvent harcelée de questions, de «Pourquoi?». L’expression des émotions commence alors. L’anxiété, l’impuissance, le sentiment d’abandon, l’immense culpabilité et la colère s’expriment. Une fois que l’acceptation de son impuissance, face au geste violent qu’a posé la personne décédée, est faite et que le sentiment de culpabilité se dissipe, un sentiment de libération et une pleine conscience de la perte surviennent.

Les émotions exprimées, «la personne endeuillée doit pardonner à l’absent son geste de violence, l’abandon et la souffrance qu’il lui fait vivre». Elle doit aussi, selon M. Montbourquette, «se pardonner à elle-même de ne pas avoir vu les signes».

L’héritage spirituel peut alors se transmettre. «Tout ce que nous avons aimé chez l’autre nous appartient», explique le psychologue. Il a donné en exemple une dame timide qui admirait les talents oratoires de son mari. Elle a décidé d’acquérir cette capacité et s’est exprimée en public. «Il faut honorer le mort, se rappeler ce qu’on aimait chez lui et prendre conscience que cela est maintenant en nous», a-t-il ajouté. Vient ensuite la déclaration de la fin du deuil. Sans être nommée, la fin se sent puisqu’un jour, «la personne reprend sa vie sociale, se donne le droit d’être joyeuse», a indiqué Mme d’Aspremont.

Parler de la mort
Les deux conférenciers ont indiqué que notre «société aseptisée cache les morts, les malades et les personnes âgées». M. Montbourquette a mentionné que l’éducation des enfants à la mort devait se faire. Il est pour lui évident qu’un malaise persiste. Il a souligné l’importance pour les enfants et les adultes de «voir le corps de la personne décédée afin de prendre conscience de l’irréversibilité de la mort». Il a invité les parents à parler de la mort aux enfants, à les amener au salon funéraire et à bien leur expliquer. Du même avis, Mme d’Aspremont a ajouté qu’il était bon de leur faire voir et toucher le corps, puisque «la réalisation du décès passe souvent par les sens, la vue et le toucher».

Quant au suicide, «une large question», M. Montbourquette l’a décrit comme «un acte d’agressivité, de violence qui crée un trouble chez les proches». Mme d’Aspremont a signifié qu’en aucun cas le suicide doit être valorisé, comme cela a presque été le cas lorsque des vedettes sont passé à l’acte dans les années passées. Il faut, sans juger, ne pas valoriser cette voie.

Le prêtre et psychologue a rappelé l’importance des centres d’écoute et a souligné qu’environ un suicide sur quatre était évité grâce à ce service. M. Renaud, du centre d’écoute téléphonique et de prévention du suicide Beauce-Etchemin a indiqué que le centre répond à environ 300 à 330 appels par mois. Environ 35% de ces appels en sont de détresse et les autres sont des gens qui ont le besoin d’être écouté.

Jean Montbourquette a écrit plusieurs livres sur le deuil dont un de ses plus connus «Grandir» (Aimer, perdre et grandir). Avec Mme d’Aspremont, il fait des suivis de deuil à Montréal. Il tenait à ce que les gens présents à la conférence sachent que le deuil n’est pas éternel et qu’il y a des façons d’en sortir grandi.

Julie Beaudoin
EnBeauce.com

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