50 ans d’histoires de dépannage
Marie-Claire et Ernest dépannent leur clientièle depuis 50 ans.
Une façade à l'ancienne, le plus vieux dépanneur de Saint-Georges en a encore l'allure.
Après 50 ans, il arrive à Ernest et Marie-Claire de revoir des clients qu'ils n'avaient pas vus depuis 20 ans.
Le petit Jésus au bras cassé est le porte-bonheur du dépanneur.
Cela fait bien plus de 50 ans, pour Marie-Claire, qu'elle sert des gens au dépanneur, et elle aime toujours ça.
Ernest est un blagueur, demandez-lui ce qu'il va manger à son prochain repas.
Ce petit panneau de fonte, anciennement publicité de Coca-Cola, a le même âge que le dépanneur.
En automne, les chasseurs s'arrêtent au coin de la 25e Rue.
Le Dépanneur 7 jours, comme dans le bon vieux temps.
Quand Ernest Jacques épouse Marie-Claire Côté, le 15 octobre 1966, celle-ci habite avec sa famille un immeuble du Boulevard Dionne à Saint-Georges. Travaillant à la Dionne Spinning Mills, Marie-Claire donne aussi un coup de main, depuis l’âge de 16 ans, à son père qui opère un commerce au coin de la 25e Rue. Le 1er octobre de la même année, soit 15 jours avant leur mariage, le couple acquiert l’épicerie de quartier qui deviendra le Dépanneur 7 jours.
En 2016, Marie-Claire et Ernest fêtent non seulement 50 ans de mariage, mais aussi 50 années d’existence de l’un des premiers dépanneurs de Saint-Georges.
Ayant pignon sur rue dans le secteur ouest de la métropole beauceronne, le Dépanneur 7 jours, qui, lors de l’acquisition par les jeunes mariés, faisait office d’épicerie avec pompes à essence, est pratiquement resté le même. Quand Joseph Côté, le père de Marie-Claire, achète la bâtisse en 1954 de Lucien Poulin, demi-frère de Cécile, cofondatrice de Poulin & Martin, celle-ci est plus petite. Au fil des ans, Joseph Côté, sa fille et Ernest Jacques y feront des agrandissements, devenus entre autres quatre logements, dont trois au second étage, pour loger la famille et agrandir le commerce.
Cette épicerie de quartier est l’une des premières du genre à Saint-Georges. En 1966, elle est déjà ouverte six jours par semaine, de 8 h du matin à 9 h le soir. À cette époque, alors que les femmes au foyer cuisinent abondamment pour la famille, on y vend des fruits et légumes frais, pommes de terre, carottes, laitue, navets, etc. Les cuisinières peuvent ainsi s’approvisionner le samedi pour faire la popote le dimanche.
À son mariage, Marie-Claire Côté, qui travaille depuis 10 ans au laboratoire de la célèbre filature du Boulevard Dionne, abandonne son métier pour se consacrer entièrement à sa famille (avec Ernest, elle aura trois enfants, Nathalie, Maryse et Pierre-Alain) et faire rouler commerce avec son conjoint. Ce dernier, originaire de St-Hilaire-de-Dorset, où, en 2016, il y exploite toujours une érablière, est bûcheron à l’époque, métier que lui aussi abandonnera pour exploiter le magasin.
Au Dépanneur 7 jours, on a toujours vendu des produits de l’érable qui proviennent de l’exploitation acéricole de M. Jacques. À l’automne, les chasseurs y trouvent pommes et carottes et il n’est pas rare de voir Ernest accompagner ses clients jusqu’à la porte pour leur servir une des bonnes blagues dont il est friand.
En 1978, alors qu’au Québec, on autorise pour la première fois la vente de boissons alcoolisées dans les dépanneurs, la petite épicerie de quartier procède aux dernières rénovations que verra ce bâtiment, érigé en 1944. Le Dépanneur 7 jours porte dorénavant bien son nom, car il est désormais ouvert sept jours sur sept. On y fait aménager les deux grandes vitrines qui ornent encore la façade. Mme Côté et M. Jacques deviennent également les premiers propriétaires de dépanneur à Saint-Georges à posséder les grands réfrigérateurs « walk-in » où on peut choisir sa bière en toute fraîcheur.
Histoire de dépanner
En 50 ans, Marie-Claire et Ernest en ont vu des gens franchir la porte de leur commerce, en ont dépanné des gens, en ont vécu des histoires de dépannage.
Il y a quelques décennies, les histoires n’étaient pas les mêmes, on se plaignait d’un oignon que l’on ne trouvait pas assez frais, ou d’une pomme de laitue où on avait trouvé un ver de terre, maintenant, on casse de la bière dans les frigidaires et on fait pipi sur le tapis parce qu’on a trop bu. Les temps changent. Marie-Claire et Ernest ont mis le bâtiment en vente il y a environ 3 ans. Habitant depuis 1978 une résidence adjacente au dépanneur, le couple tient toujours boutique en attendant de vendre. Après 50 années de dépannage et alors que, lors de la venue des gros dépanneurs (marchés d’alimentation à grande surface), comme les appelle Mme Côté, ils ont choisi de ne pas prendre le tournant en modernisant leur commerce. Ils travaillent encore au Dépanneur 7 jours, parfois aidés de leur fils Pierre-Alain.
Les histoires ont changé, mais pas Marie-Claire et Ernest. À leur âge, ils apprécieraient certainement une retraite bien méritée, mais puisque la bâtisse n’est pas encore vendue, on continue à accueillir et à sourire, et à dépanner.
Si on demande à Ernest quand il va arrêter de travailler, il répondra : « Quand je serai vieux. » Marie-Claire prend plus souvent congé, bien qu’ils se départagent les heures de travail presqu’à parts égales sur une année, Ernest quittant le commerce dans le temps des Sucres. Elle va vaquer aux courses, avec ses enfants et petits-enfants, préparer les repas du couple. Mais quand elle est derrière le comptoir du Dépanneur 7 jours, ce n’est pas une femme fatiguée et impatiente qui fait sonner la caisse, depuis qu’elle a 16 ans et qu’elle y travaille, elle a toujours aimé ce qu’elle fait.
Dépanneur 7 jours, au coin de la 25e Rue et du Boulevard Dionne (6e Avenue), hum, combien de dépanneurs à Saint-Georges ont encore une enseigne stipulant qu’ils sont ouverts sept jours sur sept? Peu ou pas. Et, en ce sens, ainsi qu’en ancienneté, la petite épicerie de quartier du secteur ouest de la ville se distingue certainement par son originalité.
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