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Sarah Breton, première diplômée sourde du Cégep Beauce-Appalaches

durée 14h05
4 octobre 2017
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Par Stéphane Quintin, Journaliste

Le 18 novembre prochain, la cérémonie de remise de diplômes qui se tiendra au Cégep Beauce-Appalaches aura une intensité particulière pour l'étudiante Sarah Breton, originaire de Sainte-Marie. Âgée de 26 ans, elle viendra récupérer sur scène le précieux document confirmant l'obtention de son diplôme d'études collégiales en Techniques d'éducation à l'enfance et deviendra ainsi la première diplômée sourde de l'histoire du Cégep. 

La ténacité de la jeune femme lui aura permis de venir à bout de son DEC. Elle a pu compter notamment sur l'équipe des services adaptés du Cégep pour venir la seconder dans son parcours et l'aider à surmonter ses difficultés syntaxiques qui l'empêchaient jusque-là de réussir son épreuve uniforme de français, validée en décembre 2016. Maintenant éducatrice sur appel dans deux CPE de la région (Les Couches Tôt de Vallée-Jonction et Lacet de Bottine de Sainte-Marie), elle a dû surmonter plusieurs obstacles avant d'atteindre son but et a pu compter sur le soutien de ses deux accompagnateurs du Cégep, Nancy Morin et Vincent Dijoux, qui l'ont accompagnée dans tous ses cours.

« Les personnes sourdes ont de la difficulté à s'exprimer par écrit. Lorsqu'elles lisent sur les lèvres, elles ne voient pas certains mots ou particules comme les "que", les "gue", les "gn" ou les "r". Sarah avait tendance à en mettre un peu partout, ce qui rendait ses textes incompréhensibles », a expliqué Nancy Morin, une interprète l'ayant accompagnée durant sa scolarité au Cégep. « L'enseignante Christine Hamel a adapté la méthode de correction utilisée au Cégep du Vieux-Montréal en plus de travailler avec Sarah chaque semaine au centre d'aide en français. Ses notes sont passées de 45% à 75% », a-t-elle précisé. 

Un apprentissage pas toujours facile pour la jeune femme

« Mon Cégep a été une montage russe d'émotions. (...) Je n'ai jamais voulu jouer à la victime, ni demander de privilèges. Je voulais être comme les autres. »

« Mon Cégep a été une montagne russe d'émotions. Nancy a souvent dû me calmer et me consoler lorsque je pleurais parce que tout n'allait pas à mon goût. Nous avons découvert comment travailler ensemble. Je n'ai jamais voulu jouer à la victime, ni demander de privilèges. Je voulais être comme les autres. J'ai refusé l'offre de faire mes exposés oraux seule devant mes professeurs. Lors de mon premier exposé, les autres étudiants sont restés bouche bée devant ma performance. Je me suis sentie tellement fière », a mentionné Sarah Breton.  

La jeune femme n'a pas toujours été encouragée dans son désir de poursuivre ses études en raison de sa surdité et son apprentissage n'a pas toujours été facile, ayant notamment subi de l'intimidation au secondaire. « On me disait de faire une attestation d'études collégiales pour éviter d'avoir à faire les cours de base comme le français et la philosophie. Ça m'a choquée et j'ai décidé de faire un DEC. J'ai senti, au Cégep, que les autres étudiants m'acceptaient beaucoup plus telle que j'étais. Ça m'a donné une dose supplémentaire de confiance », a-t-elle rapporté. 
 

Un parcours méritoire pour cette Beauceronne de 26 ans

« J'espère que d'autres étudiants qui font face à certaines limitations verront dans mon cas une motivation à ne pas renoncer à leurs rêves et à transformer leur frustration en ténacité »

Accompagnée dans tous ses cours par Nancy Morin et son collègue Vincent Dijoux, qui utilisaient le langage des signes et répétaient chacun des mots prononcés en classe pour que l'étudiante les lisent sur leurs lèvres, Sarah considère son succès comme un travail d'équipe. « Lorsque j'ai réussi mon épreuve uniforme de français, Nancy, Vincent, Christine, mes autres enseignants et moi étions tellement émus. J'espère que d'autres étudiants qui font face à certaines limitations verront dans mon cas une motivation à ne pas renoncer à leurs rêves et à transformer leur frustration en ténacité », a déclaré la jeune diplômée. 

Pour la jeune femme, sa situation peut représenter un avantage dans son travail. « Les enfants comprennent mon handicap. Il développent des trucs comme lever la main pour signifier leur désir de me parler. Ils apprennent même un peu le langage des signes. Mes yeux compensent pour mon manque d'audition et je me place toujours pour voir tout le groupe. Les nouvelles technologies comme les messages texte m'aident beaucoup à communiquer avec mes collègues et employeurs ». 

À noter qu'environ 170 étudiants bénéficient des services adaptés offerts par le Cégep Beauce-Appalaches, qu'il s'agisse d'un déficit de l'attention, de problèmes de santé mentale ou de différents handicaps physiques. 

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1

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  • I
    Indy800
    temps Il y a 6 ans
    Bon Matin Sarah,
    Moi-même enseignant à la retraite je peux comprendre ta détermination à poursuivre ton project, tu es une fièreté pour ta génération. Vas la tête haute et bonne chance,Gilles

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