Entretien avec l'intervenante Mélanie Drouin de Lien Partage inc.
Briser l'isolement social chez les aînés
Mélanie Drouin est intervenante au sein de l’organisme Lien partage inc. et supervise le projet Ange gardien Nouvelle-Beauce. Sa mission? Rejoindre les aînés vulnérables et les mettre en contact avec les ressources appropriées.
Le projet est né d’une concertation de la table des aînés de la Nouvelle-Beauce pour mieux cibler les personnes de plus de 50 ans en situation de vulnérabilité. « Les personnes aînées qui sont fragilisées trop souvent ne connaissent pas les ressources disponibles. », constate Mme Drouin. Le réseau de contacts des personnes vieillissantes se rapetisse au fil des années : « on perd des contacts et on perd des amis », explique-t-elle.
Pour rejoindre cette clientèle, Mélanie Drouin croit qu’il faut aller les rejoindre directement sur le terrain, dans leur milieu. Pour faire du repérage, elle organise les « aînés matinaux », ce sont des cafés dans les différentes municipalités de la Beauce et elle participe aux activités destinées aux aînés. Elle présente son travail, mais laisse les personnes venir d’elles-mêmes. « S’il arrive quelque chose ou si ces personnes ont besoin de parler à quelqu’un, elles peuvent compter sur un visage connu. », dit-elle. Une fois que la personne est contact avec Mélanie Drouin, elle la met en contact avec les ressources déjà existantes et l’accompagne dans ce processus.
L’an dernier, elle donnait de petits anges de verre avec ses coordonnées à l’intérieur - un objet symbolique. Elle se basait sur le principe de donner au suivant : une personne inquiète pour l’un de ses proches pouvait le lui donner.
Cette année, elle donne des cartes de Noël personnalisées avec ses coordonnées au verso à ces personnes qui, trop souvent, se sentent seules : « Je fais un mot personnalisé à la personne pour qu’elle sache que ce n’est pas une photocopie. Je lui donne à elle, adressée à son nom à elle. »
Laisser les aînés être maître de leur vie
Quand elle repère un aîné vulnérable, Mélanie Drouin ne force pas les choses, mais elle reste aux aguets. Elle insiste sur le fait que ces personnes doivent préserver leur pouvoir d’agir et leur pouvoir décisionnel, « il ne fait pas les infantiliser », dit-elle. Pour les « aînés matinaux » par exemple, elle ne demandait pas de confirmer sa présence à l’avance pour laisser le plus de latitude possible aux participants. Dans le cadre de son travail, il est important de bâtir une relation de confiance avec l’aîné en difficulté.
Il est parfois difficile de rentrer en contact avec les personnes âgées plus vulnérables. Certaines sont méfiantes et ne veulent pas aller chercher de l’aide par peur d’être placées. C’est pourquoi il est important qu’elles sentent qu’elles ont le contrôle sur leur vue.
Changer les perceptions
La perception des personnes âgées doit changer affirme Mme Drouin. La population est vieillissante et dans peu de temps, une bonne proportion de la population aura plus de 65 ans. L’âgisme et l’infantilisation des aînés favorisent les cas de maltraitance, selon elle. « Les personnes âgées ont un rôle important à jouer dans la société. Tout ne s’arrête pas après la retraite. », dit-elle en donnant l’exemple d’organismes qui survivent grâce à l’implication bénévole des aînés. Dans les médias, Mme Drouin croit que lorsqu’on parle d’aînés on montre trop souvent des superhéros ou encore des personnes extrêmement vulnérables. « Il faut que la perception change et qu’on présente des aînés normaux. Il faut reconnaître tout ce qu’ils apportent à la société. »
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