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Rencontre avec Dominic Fleury

Portrait de thanatopracteur - Partie 2

durée 08h00
26 février 2024
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Léa Arnaud
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Par Léa Arnaud, Journaliste de l’Initiative de journalisme local

Après avoir raconté son histoire, le thanatopracteur Dominic Fleury a présenté à EnBeauce.com l’aspect plus technique de son métier.

Il a commencé par démystifier une légende. « On ne vide pas les gens, c’est faux. » En effet, seul un médecin légiste, en cas d’autopsie, peut prélever des organes dans le but de déterminer la cause du décès ou lors de dons d'organes évidemment.

Le rôle du thanatopracteur, quant à lui, c’est d'embaumer le corps du défunt, c'est-à-dire de lui prodiguer des soins de conservation.

À travers ses explications, Dominic a confié que plus il vieillit, plus son métier l’amène à réfléchir sur sa propre existence. « Quand tu vois un chiffre (un âge) qui avoisine le tien, ça fait réfléchir. Au début on ne pense pas à ça, mais plus ça va, plus on y pense. Cette année c’est la première fois que j’ai enterré trois de mes amis, des gens chez qui j’allais souper ou avec qui je jouais au hockey. On a juste une vie, il faut en profiter! »

En laboratoire

Quand un décès est constaté par un médecin, le salon funéraire obtient un permis pour s’occuper du corps. Pour s’assurer qu’aucune erreur d’identité ne soit commise, les familles sont amenées à identifier les personnes. « On dit toujours aux gens d’apporter des vêtements, même si la personne est incinérée. On met les vêtements à la personne, on ferme la bouche et les yeux et on vient les identifier. »

Par la suite, commence le processus d’embaumement avec un petit rituel pour Dominic. En effet, selon lui, la mort n’est pas une destination de repos, mais un endroit heureux où l’on s’amuse. « Alors quand une personne est au laboratoire, je lui mets la main sur le front et je lui dit “Bon voyage! Repose-toi pas, amuse-toi!” », a-t-il expliqué en souriant.

« Il y a trente ans, il n’y avait pas de solution, on maquillait les personnes décédées. Aujourd’hui il existe un produit d’embaumement qui permet de colorer la peau et c’est assez surprenant. Le produit est injecté dans l’artère carotide et pousse le sang, qui ressort par la veine jugulaire. Il faut vider le corps de son sang pour qu’il soit embaumé et se conserve correctement avec le temps. Il va sécher et se momifier en quelque sorte, mais il ne va pas se décomposer », a précisé le professionnel. Ce processus prend entre une heure et demie et deux heures. Ensuite vient l’étape de la restauration. « Par exemple, les gens maigrissent beaucoup donc on va rehausser le visage. Ça peut prendre une autre heure environ. » 

Le défunt peut enfin être exposé dans son cercueil lors d’une cérémonie, religieuse ou non, avant d’être enterré ou incinéré.

Le processus d’incinération

Souvent, lorsqu’un corps est destiné à l’incinération, l’embaumement n’est pas pratiqué puisque sa conservation dans le temps n’est pas nécessaire. Cependant il peut être exposé et doit être habillé avant d’être disposé dans un contenant de crémation. 
 « Par respect pour la personne, il faut qu’elle soit habillée. Si la famille n’apporte pas de vêtements, on a du linge, personne ne sera nu dans un contenant. J’ai même des bas! Parce que parfois les gens arrivent, ils amènent tout, les vêtements et les sous-vêtements, mais ils oublient les bas. Donc moi j’ai des bas. Je ne suis pas capable de voir quelqu’un sans bas », a confié Dominic en riant.

Au crématorium de la compagnie Roy et Giguère à Saint-Georges, où travaille notre hôte, il peut y avoir jusqu’à cinq crémations par jour, pour chaque four. Un corps est brûlé à une température d’environ 1 200 degrés Celsius pendant une heure et demie à deux heures. 

« Les gens se posent souvent la question, mais tout brûle même les dents. Ce qu’il reste, c’est les os. » De ce fait, lorsque le processus est terminé, il reste le squelette au complet au-dessus duquel on passe un aimant et un détecteur de titanium pour enlever les éléments métalliques, comme des vis par exemple dû à une opération, etc. Ce dernier est alors déposé dans un broyeur et la poudre est déposée dans l’urne funéraire.

Il faut savoir que chaque personne à un numéro enregistré qui est identifié dans l’urne. Donc si l’urne est retrouvée sans propriétaire, il suffit de regarder le jeton numéroté pour identifier la personne. Qui plus est, un registre de crémation permet de tout savoir sur l’heure de la crémation, le début et la fin, etc. « Tout doit être déclaré au gouvernement et si la famille récupère l’urne, c’est mentionné également. »

Les gens ramènent parfois les urnes chez eux, mais ne pensent pas à ce qu’ils vont en faire plus tard, quand eux-mêmes seront décédés par exemple. « Qu’est-ce qu'on peut faire avec des cendres ? Et bien on peut les enterrer au cimetière, les exposer dans un columbarium et il y en a qui peuvent les saupoudrer dans le bois, mais on n’a pas le droit d’enterrer l’urne dans le bois. » 

Légalement, on peut saupoudrer les cendres, tant que cela respecte la dignité de la personne décédée et ne nuit pas à la santé publique.

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Portrait de thanatopracteur - Partie 1
 

commentairesCommentaires

1

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  • YT
    Yvon Thibodeau
    temps Il y a 3 mois
    Portrait de thanatopracteur
    Félicitations Léa pour ce reportage très intéressant. Tu as réussi, en interrogeant Dominic Fleury, à faire en sorte qu’il réponde à plusieurs interrogations que je me posais concernant l’incinération d’un corps.

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