Une décision saluée par la SACA
Château Beauce : le ministère de la culture enclenche le déclassement
Le dossier du Château Beauce, au cœur d’un long conflit entre la Société Alzheimer Chaudière-Appalaches (SACA) et le ministère de la Culture, pourrait enfin prendre un tournant décisif.
Dans un avis publié le 12 septembre dernier, le ministre Mathieu Lacombe a exprimé son intention de retirer le statut patrimonial de ce bâtiment situé à Sainte-Marie, jugé aujourd’hui sans intérêt public suffisant pour maintenir sa protection.
La nouvelle a été reçue avec soulagement par la SACA, qui réclame depuis des mois une issue à ce qu’elle qualifie d’impasse. « On salue l’initiative du ministre d’avoir pris cette décision, qui n’a certainement pas été facile. Mais c’est un pas vers la fin d’un long cauchemar pour notre organisme », a réagi la directrice générale Sonia Nadeau, dans une entrevue accordée à EnBeauce.com.
L’avis de déclassement vise non seulement l’immeuble lui-même, mais aussi le site sur lequel il se trouve. Selon la procédure en vigueur, toute personne intéressée peut soumettre ses commentaires au Conseil du patrimoine culturel dans les 60 jours suivant la publication de l’avis, soit jusqu’au 12 novembre. Le ministre disposera ensuite d’un délai supplémentaire de 30 jours pour prendre sa décision finale. « On respecte le processus. Mais si l’avis est confirmé, ce sera une grande libération pour nous. On pourra enfin envisager les prochaines étapes avec nos partenaires du milieu : la Ville, la MRC, le député », a indiqué Mme Nadeau.
Une histoire qui dure depuis 2018
Pour rappel, depuis plusieurs années, la SACA tente de se défaire de la responsabilité de ce bâtiment, acquis en 2014 auprès des Sœurs oblates de Béthanie. D’abord envisagé comme un futur milieu de vie pour les personnes atteintes de troubles neurocognitifs, le Château Beauce est rapidement devenu un fardeau.
Le coup d’arrêt est survenu en 2018 lorsque le ministère de la Culture a classé le bâtiment comme bien patrimonial, bloquant ainsi un projet de vente à un promoteur privé. L’année suivante, les inondations de 2019 ont gravement endommagé les installations, notamment le sous-sol, la cuisine et le système de chauffage.
La SACA affirme ne plus avoir les ressources pour assurer l’entretien, la sécurité et le chauffage du site. En décembre 2024, elle avait tenu une conférence de presse pour dénoncer la pression exercée par le ministère, à la suite d’une mise en demeure exigeant la sécurisation complète du bâtiment.
Des soutiens et une réaction virulente
Face à cette situation, plusieurs acteurs locaux, dont la Ville de Sainte-Marie, la MRC de La Nouvelle-Beauce et des gens d’affaires, avaient exprimé leur appui à l’organisme communautaire. Une pétition en ligne avait aussi été lancée pour demander une solution durable.
La réaction du GIRAM, un groupe de défense du patrimoine, avait toutefois jeté de l’huile sur le feu. Dans un communiqué publié en décembre 2024, il accusait la SACA d’avoir abandonné le bâtiment et d’utiliser la pitié publique pour échapper à ses responsabilités. Le groupe plaidait alors pour une application rigoureuse de la Loi sur le patrimoine culturel.
Aujourd’hui, alors que l’avis de déclassement est sur la table, la SACA préfère regarder vers l’avenir. « Ce qu’on souhaite, c’est revenir à notre mission à 150 %. Le Château, en l’état actuel, ne peut plus être notre priorité. Il n’est même plus assuré. Il est temps que cette page se tourne », a conclu Sonia Nadeau.
Si le ministre confirme sa décision d’ici la mi-décembre, le bâtiment pourrait officiellement perdre son statut patrimonial. La Société Alzheimer espère alors que de nouvelles options s’ouvriront pour régler définitivement ce dossier qui dure depuis plus de cinq ans.
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